L’Intelligent d’Abidjan-
Après le rendez-vous manqué d’octobre 2000, c’est le 31 octobre 2010 que les trois grands leaders sur l’échiquier politique en Côte d’Ivoire vont s’affronter
dans une élection véritablement ouverte. Parmi ces ténors, figure pour la première fois le docteur Alassane Ouattara qui défendra les couleurs du Rassemblement
des Républicains (Rdr). Quelles sont ses chances de réussite après tant d’années de controverses sur sa candidature ? Pour en savoir davantage, l’IA qui
se veut le canal du choc des idées dans un environnement de chocs des ambitions, a invité Hamed Bakayoko, Hambak pour les intimes ou encore le « golden
boy ». Le choix n’est pas fortuit. Le ministre Hamed Bakayoko est le directeur central de campagne chargé de la jeunesse, du monde artistique et des Ntic
pour le compte du candidat Alassane Ouattara. L’ex-ministre des Nouvelles technologies de l’information et de la communication (2003-2010) et ancien PDG
de Radio Nostalgie Afrique Hamed Bakayoko occupe une place de choix au sein de l’appareil politique du Rdr en tant que secrétaire national aux finances.
De l’actualité politique, de la campagne électorale, des ambitions de son candidat, de son activisme dans le milieu artistique, Hamed Bakayoko en parle.
ACCEPTATION DES RÉSULTATS
EN CAS DE DÉFAITE Je voudrais le dire clairement et simplement.
Oui. Je crois que c’est la marque première de la démocratie. On va à une
élection en espérant la gagner. Mais il faut avoir aussi le respect de celui qui l’a gagnée
si ce n’est le cas pour notre candidat. Mais je n’imagine pas que la majorité
des ivoiriens ne veuille changer et se plaise dans le contexte actuel. Ce que
je veux dire c’est que les gens s’imaginent qu’ils peuvent se proclamer vainqueurs
par des tripatouillages. On n’acceptera pas que le vrai vainqueur ne soit
pas le vrai vainqueur. On ne va pas accepter qu’on tente de nous voler notre
victoire. Je dois vous le dire, ce n’est pas de l’optimisme débordant mais j’ai du
mal à imaginer que, dans le contexte de pauvreté, de souffrance extrême et de
dégradation dans tous les secteurs d’activité, les iIvoiriens n’aient pas envie de
changer. Le résultat des urnes sera proclamé selon les normes établies par la Cei
et non par une tierce personne. Dans ces conditions, même si le résultat ne nous
est pas favorable, nous allons l’accepter au nom de la démocratie et de l’intérêt
supérieur de la nation.
L’AFFAIRE SILS-CEI
Le vrai problème, c’est qu’il y a une suspicion forte sur cette société qui est sous
la tutelle du Bnetd, lui-même dirigé par un responsable de campagne du candidat
Laurent Gbagbo (Ndlr : Ahoua Don Mello, DG du Bnetd). L’informatique,
chacun le sait, on peut s’en servir pour manipuler à sa guise, les paramètres, les
calculs et les algorithmes. Ce marché, de l’avis des commissaires de la Cei, n’a pas
été passé en toute transparence et au su de tout le monde. C’est une question qui
est essentielle. C’est dire que nous faisons
campagne pour avoir le maximum d’électeurs et si quelqu’un à travers une
machine peut intervertir les résultats, c’est qu’on se serait battu pour rien. si on triche
avec la Côte d’Ivoire, les réalités de la Côte d’Ivoire nous rattraperont. Donc fondamentalement
je trouve que c’est cela la vraie problématique. Ce qui semble
une solution aujourd’hui, c’est que le comptage manuel est retenu par la Cei.
Et on a demandé que des experts et une société suisse mettent en place des paramètres
en regardant les architectures de base de Sils pour voir comment accompagner
le comptage manuel par un comptage électronique. Nous disons que
le comptage manuel a été retenu mais la primature, pour faire plaisir au camp
présidentiel et au candidat Gbagbo a décidé de trouver une solution équilibrée
que nous savons. Pour ma part, j’ai été très impressionné par cette phrase de
Young-Jin Choï : ‘’le vainqueur sera le vainqueur’’. Personne ne devrait s’y
méprendre. Un état-major comme le notre a mis en place des dispositifs pointus
et précis pour avoir les résultats au plus tard quatre heures après la fermeture
des bureaux de vote. Pour avoir les tendances et les copies des procès verbaux.
L’Onuci elle-même s’est dotée d’outils pour avoir les résultats. Je crois
aussi que le premier ministre Soro luimême
a mis en place des dispositifs pour avoir les résultats. Donc ces résultats euxmêmes
se recouperont contrairement à un résultat qui sera extraordinairement
différent des autres. Donc je voudrais demander
à ceux qui espèrent encore passer par des tours de passe-passe pour gagner
que ce n’est pas la peine. Parce
qu’on fera face à la tricherie, à toute tentative de spoliation des Ivoiriens de leur
droit légitime de choisir démocratiquement
leur président.
CANDIDATS DE L’ÉTRANGER
ET PSEUDO-IVOIRIENS
Je trouve que c’est grave et dangereux. On retrouve là encore le langage guerrier
de Laurent Gbagbo. Un Président à notre avis doit tenir un langage de paix
pour bâtir une nation autour des valeurs de paix. Ce n’est pas pour rien que Houphouët
répétait à l’envi le mot paix. C’était pour lui une façon d’éduquer la
population sur les idéaux de paix. Qu’a fait l’étranger pour qu’il soit toujours stigmatisé.
C’est à croire qu’il y a un pays qu’on doit nommer ‘’étranger’’. Laurent
Gbagbo développe des concepts qui deviennent
dans l’esprit des populations des contradictions. On développe ce concept
comme si l’étranger était le diable alors que c’est un homme comme tout
autre. Il prépare les esprits à avoir des problèmes
avec les étrangers. Et pourtant lui-même qui est Président, laisse les
étrangers se présenter aux élections. Il
devrait être traduit devant la haute cour de justice pour trahison. On a l’impression
que c’est lui seul l’ivoirien et les autres sont des pseudo-ivoiriens. C’est
insultant et méprisant pour ses adversaires.
Tous ces comportements sontsymptomatiques des manquements
dans la gestion du pouvoir d’Etat et qui
nous ont entraîné dans cette crise. Parce
que cette crise a été l’échec de la politique de cohésion nationale d’un système,
la ‘’refondation’’ et d’un Président, Laurent Gbagbo. Dans tous les pays il n’y
a pas la guerre. La guerre est la conséquence
d’une politique : la non prise en compte d’un certain nombre de paramètres
d’équilibre. Gbagbo utilise fréquemment
des termes qui appartiennent au champ lexical de la violence : ‘’mille
morts à gauche, mille morts à droite, moi j’avance’’ ou encore ‘’matez’’. Ce que je
condamne c’est que Laurent Gbagbo et le Fpi ont introduit la violence dans la politique
en Côte d’Ivoire depuis leur entrée sur la scène politique. Et nous en vivons
les conséquences aujourd’hui.
Quand on vous dit qu’il y a des militaires
en exil au Burkina, allez-y négocier et que
vous leur opposer une fin de non recevoir
en leur lançant un défi, il n’est pas
étonnant de voir ce qui est arrivé. Ce n’est
pas par hasard que Houphouët avait un
langage de paix. Des pays comme le
Ghana et le Sénégal ont eu des problèmes
mais les dirigeants se sont élevés.
On est en pleine campagne et il faut
faire attention aux mots. Là où il faut avoir
le respect pour vos adversaires, vous les
traitez de pseudo-Ivoiriens. Ce sont des
concepts creux. C’est comme cela
qu’ont régné les grands dictateurs. Hitler
a engagé son peuple dans une
guerre contre les Juifs en faisant croire
que les Juifs sont les diables qui vont envahir
les Allemands et les tuer. Du coup
les gens oublient leurs conditions de vie
et le suivent. J’ai vu des gens au chômage
à qui la situation actuelle n’apporte
rien, et qui vivent mal. Mais ils se disent
que Gbagbo va les sauver des étrangers.
Quand on n’a pas d’arguments et
qu’on n’a pas de bilan, c’est ainsi qu’on
essaie de s’accaparer la conscience du
peuple. Nous allons mettre fin à cela. Je
trouve cela inacceptable surtout de la part
d’un candidat et en raison du code de
bonne conduite.
LES ENTRAVES
À LA CAMPAGNE D’ADO
Il y a eu des entraves à la liberté d’opinion
sur le campus alors que nous avions pris des dispositions avec le secrétaire
général de la Fesci. On aurait pu y faire face mais encore il y aurait eu des
difficultés. Je suis allé apaiser les esprits. Il y a aussi le cas de l’hôtel Ivoire où on
nous a dit qu’il n’y a que Gbagbo qui peut y aller tout comme le stade Houphouët
Boigny. Ce n’est pas normal. On est arrivé à un stade où on ne peut plus
se cacher. Les gens voient et jugent. Nous nous sommes dit qu’il ne faut pas prêter
le flanc aux provocations. Comme nous avons toujours fait la preuve de
notre génie créateur, pendant qu’il sera au stade le vendredi, nous allons engager
la plus grande parade pour la paix que la Côte d’Ivoire n’a jamais connue.
Le président Ouattara, le futur président
de la côte d’Ivoire sera porté par un commande-
car dans une grande parade qui va partir de Port-Bouët à Yopougon en
passant par Abobo pour se terminer à Cocody. Que Gbagbo prenne le stade Félix
Houphouët Boigny et qu’il en fasse ce qu’il veut. Nous, nous allons rassembler
nos militants dans la rue qui est l’espace ayant la plus grande capacité d’accueil.
Ils verront que l’événement ne sera pas au stade Félix Houphouët Boigny
mais dans les rues d’Abidjan. Ces gens là, nous avons décidé de les sortir doucement,
par la voie démocratique. On aurait pu dire aussi que le même jour on
se retrouve au stade Houphouët Boigny. Et les Ivoiriens le savent. Mais je trouve
qu’on avance et le plus important, c’est de ne pas tomber dans les pièges de l’adversaire
qui caporalise tout. Même pour les affiches, lorsque vous voulez louer un
panneau, on vous rétorque que c’est confisqué quand bien même que vous
avez un contrat. S’ils le veulent, ils peuvent
inonder Abidjan de leurs affiches. Gbagbo n’a pas eu le pouvoir par l’argent
encore moins par les affiches. Aujourd’hui,
en ce qui concerne la télévision, « Africa 24 » est en train de nous
humilier en nous montrant ce qu’on peut offrir en période de campagne électorale
comme les débats contradictoires. Où sont donc passés nos journalistes formés
dans les mêmes écoles ? Pourquoi on doit attendre la leçon des autres. C’est
comme ça que les régimes dictatoriaux meurent. Ils tenteront tout avec les
moyens de l’Etat. Ce n’est pas grave. Nous, nous allons avancer avec nos
moyens.
LA CENSURE
DU SPOT TÉLÉVISÉ DE BÉDIÉ
C’est une grande déception que nous
voudrions exprimer face au comportementdu Cnca que dirige Franck Anderson
Kouassi que j’ai connu comme journalisteau quotidien ‘’le Jour’’ et qui militait
pour la liberté. J’attendais de lui qu’il donne une certaine image de la Côte
d’Ivoire. Gbagbo passe sur les antennes de la télévision avec un projet de pont dont les études ont été financées par la Côte d’Ivoire. Il l’utilise pour faire campagne.
Et d’autres candidats veulent aussi utiliser des ouvrages publics comme
spot pour faire campagne, on leur dit qu’ils ont utilisé un patrimoine de la Côte
La rédaction
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