A la Une: J-5 pour la présidentielle en Côte d’Ivoire…


Par Frédéric Couteau RFI

Et la polémique se poursuit à propos du comptage des voix. Pour L’Intelligent, on assiste à une véritable « guerre ouverte » entre la primature et la CEI, la Commission électorale indépendante.

« Si rien n’est fait pour que ces deux institutions accordent leurs violons, le président de la République pourrait venir mettre de l’ordre », s’exclame le journal. « Surtout que les contradictions sont visibles et les positions tranchées. »

D’un côté, la CEI, pour qui « les procès verbaux de dépouillement doivent être transmis physiquement à son siège pour traitement et exploitation ». Et la primature qui affirme que le comptage manuel des voix est « la porte ouverte à la fraude » et qui se prononce en faveur d’un comptage électronique.

Fraternité Matin précise la position du Premier ministre, Guillaume Soro : « d’une part, il s’est prononcé en faveur du décompte électronique des suffrages. » Pour ce faire, « la société Sils Technology est maintenue. (…) D’autre part, rappelle le journal, une société suisse composée d’experts a été cooptée pour valider la centralisation électronique des résultats à l’effet de rassurer les commissaires de la CEI et l’opposition qui avaient engagé une fronde contre Sils Technology. Avec en ligne de mire, Ahoua Don Mello », le patron de cette société, accusé d’être très proche du candidat Gbagbo…

Le bon vieux comptage manuel…

Cette solution préconisée par le Premier ministre ne semble donc pas rassurer l’opposition… Et dans une tribune publiée par le quotidien d’opposition, Le Nouveau Réveil, le journaliste-écrivain Venance Konan prend position : « Nous avons donc attendu cinq longues années pour cette élection. Et nous nous trouvons dans la dernière ligne droite. (…) Il est vital pour nous Ivoiriens, que ces résultats ne souffrent d’aucune suspicion. Dans ce cas, il convient que tout ce qui peut faire douter de ces résultats soit exclu d’office, estime Venance Konan. Le comptage électronique ne rassure pas une partie ? Eliminons-le, si nous ne voulons pas que les résultats soient contestés. Il n’est pas le seul moyen fiable dont nous disposons, affirme-t-il. Le bon vieux comptage manuel a fait ses preuves ici. C’est le système que nous avons toujours utilisé. (…) Alors, adoptons, conclut-il, le système qui, sans être forcément du dernier cri en matière de technologie, nous donne cependant des résultats incontestables. »

Incontestable ? Pas si sûr, affirme de son côté le quotidien burkinabé Le Pays, qui s’invite dans le débat : « en toute objectivité, le comptage manuel ouvrirait la porte à tous les dangers et débordements dans une Côte d’Ivoire déjà en quête de rédemption, affirme Le Pays. Aussi, il est une lapalissade de dire, poursuit-il, qu’avec un comptage manuel, les résultats provisoires pourraient prendre au moins une semaine alors que la loi n’exige seulement qu’une durée maximale de trois jours pour les proclamer. Il pourrait ainsi en découler une effervescence inouïe caractérisée par des accrochages entre militants des deux camps. »

Pourquoi si tard ?

Par ailleurs, Le Pays s’interroge sur ce pavé dans la mare lancé un peu tardivement par l’opposition… Rappelons que le scrutin a lieu dimanche prochain : « l’opposition ivoirienne, s’il est vrai que sa crainte d’une hypothétique manipulation des résultats électoraux est légitime, aura, à tout le moins, péché par son mutisme. Pourquoi avoir tant attendu avant de lever le voile sur ce qu’elle considère comme une véritable machination ? », s’interroge le quotidien burkinabé qui s’inquiète : « en tout état de cause, ce nouvel incident, par-dessus tout, révèle clairement l’extrême méfiance qui existe toujours entre les acteurs politiques ivoiriens. Jusqu’où pourra mener cette méfiance exagérée ? Pourvu qu’elle ne conduise pas, conclut Le Pays, comme il est de coutume en Afrique, à une éventuelle remise en cause des résultats des urnes et ce, avec le déferlement de violence qui pourrait en résulter. »

Nous revenons à Fraternité Matin qui expose dans ses colonnes cette recommandation de la mission d’observation de l’Union européenne. Les observateurs qui soulignent « l’importance, pour le respect des électeurs et en vue de préserver leur confiance, d’afficher les résultats par bureau de vote dans chacun d’entre eux ainsi que sur internet. » Ainsi, soulignent les observateurs européens, cette mesure permet « la transparence du processus et la traçabilité des résultats. Ainsi, chaque électeur sera en mesure de vérifier que les résultats obtenus dans son bureau de vote ont été pris en compte fidèlement au niveau central. »

Soro dans cinq ans ?

Enfin, en marge de ce dossier, cette interrogation de L’Observateur au Burkina : « quel avenir pour Guillaume Soro ? » Le journal avance plusieurs hypothèses : encore Premier ministre si Gbagbo est réélu ? « Il peut aussi créer son propre parti (…) ou écrire la suite de son livre ‘Pourquoi je suis devenu un rebelle’ qui pourrait bien s’intituler : ‘Pourquoi je suis devenu un Premier ministre’. La question reste posée. Celui qui a survécu à un attentat à la roquette en 2007 survivra-t-il, politiquement cela s’entend, à cette présidentielle ? », s’interroge encore L’Observateur. « Ou bien va-t-il se convertir aux affaires, comme son ancien compagnon d’armes le commandant Wattao ? ».

Ou encore, plus simplement : trop jeune cette année pour se présenter, pourquoi pas candidat dans cinq ans ?

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