Jeune-Afrique
Nouveau rebondissement dans l’organisation de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, à moins d’une semaine du scrutin. La CEI abandonne le comptage manuel des voix pour revenir au mode de compilation informatique, avec de nouvelles garanties négociées sous l’égide du Premier ministre Guillaume Soro.
À peine la Commission électorale indépendante (CEI) avait-elle choisi le comptage manuel pour l’élection présidentielle du 31 octobre, par peur des fraudes, que les négociations pour revenir à une informatisation du système était engagées. Elles ont abouti dimanche soir, sous l’égide du Premier ministre Guillaume Soro. Conclusion : les résultats du scrutin seront bien proclamés sur la base d’un système informatique « transparent ».
Et pour cause : en choisissant jeudi un mode de comptage manuel, le CEI avait relancé les spéculations sur un éventuel report du scrutin. Elle devait en effet rapidement revoir toute son organisation si elle voulait avoir une (mince) chance de respecter le délai constitutionnel de 3 jours qui lui est imparti pour promulguer les résultats – et qui était presque impossible à tenir sans l’assistance de l’informatique. Un retard aurait ouvert la voie à de multiples recours et mis en cause l’acceptation du scrutin par les états-majors des partis politiques.
Le problème Ahoua Don Mello
La CEI avait opté pour le comptage manuel, car ses membres issus de l’opposition récusaient la société informatique initialement retenue, Sils Technology, filiale détenue à 75 % par le Bureau national d’études techniques et de développement (BNETD), une société d’État héritière de la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTX), dirigée par Ahoua Don Mello.
Or cet ingénieur émérite et militant de la première heure au Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel), était chargé du système informatique durant la campagne de Gbagbo lors de la présidentielle de 2000. Don Mello dirigeait notamment les opérations de compilation des résultats électoraux en parallèle du comptage officiel.
Comité d’experts indépendants
Pour résoudre ce problème, Guillaume Soro « a fortement recommandé la mise en place d’un comité d’experts indépendants », après de « multiples consultations » avec la CEI et le représentant de l’ONU dans le pays, Youn-jin Choi. Ce comité sera composé entre autres de techniciens de la CEI, de la médiation burkinabè et de la société informatique suisse Crypto AG. Il travaillera « en collaboration avec Sils Technology, procédera en toute transparence à la transmission sécurisée des résultats du scrutin présidentiel et en garantira ainsi l’inviolabilité », assure le communiqué du Premier ministre.
Mais la tenue de la présidentielle à la date prévue reste encore suspendue la résolution des problèmes logistiques : formation du personnel, acheminement du matériel de vote et, surtout, distribution en cours de quelque 5,7 millions de cartes d’identité et d’électeur. Ce qui n’est toujours pas achevé, à moins d’une semaine du scrutin.
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