Le Carrefour électoral ivoirien, la paix par les élections. Que le meilleur gagne !

Dr SERGE-NICOLAS NZI -

I – les élections ivoiriennes, enjeux et perspectives

Les ivoiriens sont dans une phase de leur histoire, où ils veulent tous croire qu’il y aura la paix au bout du tunnel. Beaucoup de conflits dans l’histoire se sont achevés par des élections qui ont amplifié la guerre entre les protagonistes entraînant tout un peuple dans un bain de sang inutile.

L’élection angolaise des 29 et 30 septembre 1992, dont les résultats furent rejetées par le chef de la rébellion, le Dr Jonas Malheiro Savimbi, est encore dans nos mémoires pour dissuader les uns et les autres. Ils peuvent être les grands perdants d’une solution par la force des armes.

Nous regrettons profondément que la vie politique sous nos cieux en Afrique, ne nous donne pas souvent des occasions de rencontres fraternelles d’échanges entre des projets de sociétés différents pour que naisse aussi chez nous une démocratie participative dans laquelle chaque citoyen compte car son bonheur est au centre et même est la finalité de l’action politique.

Quelles leçons avons-nous tirées des violences post-électorales au Kenya et au Zimbabwe entre 2007 et 2008 ? avons nous tiré les leçons de la situations électorale et post-électorale dans la Guinée voisine ? L’Afrique a considérablement changée. Évidement tous ceux qui sont restés dans les lunettes de la préhistoire passeront à côté d’une mine d’or sans s’en rendre compte, des transformations et des mutations profondes que nécessitent notre raccordement à la (post)modernité.

Comment se comporteront les perdants au soir du second tour des élections ivoiriennes ? Les parties politiques ont-ils préparé leurs militants à cette dimension essentielle de la paix civile et de la vie nationale après les élections ? Comment le pays pourra-t-il se reconstruire après tant d’animosités, de haines de cruautés et de sang versé au nom des égos et des ambitions mesquines des uns et des autres ?

Telles sont les nombreuses questions qui se bousculent dans l’esprit de l’observateur attentif que nous sommes, quand on analyse attentivement le carrefour électoral que les ivoiriens vont négocier dans les jours à venir. Dans la réalité, les uns et les autres se rendent compte, qu’il n’y a que les élections pour les départager. Mais ce constat une fois fait, est-il suffisant pour le retour de la paix ? Seule l’acceptation loyale du verdict des urnes permettra à la Côte d’Ivoire de se relever pour se reconquérir et exister en tant que pays dans la grande famille des nations africaines.

Des exemples existent dans l’histoire, qui montrent qu’un pays peut se relever dignement d’une crise politico-militaire et se reconstruire pour retrouver la paix et la prospérité. Le Cambodge en Asie, l’Angola en Afrique et le Nicaragua en Amérique latine, sont des exemples qui peuvent illustrer notre pensé.

II – La Renaissance par les élections, le cas du Nicaragua en 1990

Revenons au Nicaragua, le 19 juillet 1979, le front sandiniste de libération nationale (FSLN), renversait la dictature criminelle et héréditaire des somozistes, au pouvoir depuis plus de 40 ans, et ouvrait ainsi une nouvelle page dans l’histoire de l’Amérique Latine.

Comme dans toutes les révolutions, les héros pensaient comprendre le peuple, mieux que lui-même. Après près de 10 ans de lutte contre la guérilla des contras et les sanctions économiques des USA, le Nicaragua organisa les élections historiques du 25 février 1990. Le pays était divisé, les sandinistes étaient confiant au nom de la légitimité de leur lutte contre les Somozistes.

Ils ne voyait pas venir le peuple fatigué, qui souffrait de cette révolution dans laquelle il n’arrivait pas à manger à sa faim. La coalition des 14 partis politiques qui luttaient contre les sandinistes, choisirent Violeta Barrios de Chamorro, comme candidate de la UNO, union de l’opposition. Là encore les sandinistes enfermés dans leurs certitudes, ne voyaient pas le coup venir.

Violeta Barrios de Chamorro, est la veuve du Journaliste et directeur du journal anti-Somoza, < < la Prensa >>, Pedro Joachin Chamorro Cardenal, assassiné le 10 janvier 1978, par les sbires d’Anastasio Somoza Debayle. Elle était membre du gouvernement sandiniste de reconstruction, qui remplaça Somoza à la tête du Nicaragua avant de démissionner, avec colère, à cause des excès de la révolution sandiniste.

Le Candidat du pouvoir Sandiniste, Daniel José Ortega Saavedra, président de la junte de reconstruction nationale et ses compas, n’avait pas compris cette leçon de l’histoire électorale du monde, qui nous enseigne qu’organiser un vote en plein milieu des désastres de la guerre, ne peut que déboucher que sur un plébiscite pour ou contre cette guerre.

C’est une leçon que nos frères du FPI de Côte d’Ivoire doivent retenir, pour la suite des évènements dans les élections plusieurs fois reportées dans leur pays. les résultats des élections nicaraguayennes du 25 février 1990, nous enseignent qu’en politique comme dans d’autres domaines de la vie, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

L’élection historique nicaraguayenne du 25 février 1990, proclama Violeta Barrios de Chamorro, présidente du Nicaragua avec 55 % des suffrages exprimés. Daniel Ortega 41%, et les divers candidats et autres abstentions 4% d’une liste électorale estimée à 1 752 088 votants.

Comment les sandinistes, qui ont chassé Somoza, ont-ils pu perdre les élections qu’ils ont organisé eux-mêmes ? Sans entrer dans les détails, notre analyse est pourtant simple. Aucune révolution dans l’histoire du monde n’a entraîné avec elle la totalité de la population, de par sa nature même, la révolution s’oppose toujours à une partie de la population.

la révolution américaine et l’indépendance du 04 juillet 1776, la révolution française et la prise de la Bastille le 14 juillet 1789, la révolution chinoise du 1er octobre 1949, la révolution cubaine du 1er janvier 1959 et la révolution islamique iranienne du 1er février 1979, ne démentiront pas cette logique.

Il faut le dire et le redire que l’exemplarité qu’Ernesto Che Guevara et Thomas Sankara, considéraient comme essentiel chez les dirigeants révolutionnaires ne brillait pas chez de nombreux dirigeants sandinistes qui vivaient dans le luxe. Mais aussi bizarre que cela puisse paraître, personne à l’intérieur comme à l’extérieur du Nicaragua, n’avait observé qu’une dégradation d’une telle gravité puisse conduire à une défaite électorale.

Mais le plus beau est le comportement des sandinistes vaincus, comme dans une sorte d’immolation pour consolider la démocratie dans leur pays. C’est un Daniel Ortega en pleure qui se rend au Domicile de Violeta Chamorro, pour féliciter une dame, elle aussi en larme, pour son pays et pour la démocratie.

Quoi qu’il en soit, en perdant les élections, la révolution nicaraguayenne qui avait tiré sa légitimité de tant de morts pour chasser Somoza, avait gagné puisse qu’elle démontrait ainsi qu’elle était démocratique. La défaite électorale a été pour elle une victoire morale du Nicaragua sur lui-même car Daniel Ortega est redevenu aujourd’hui par les urnes le président du Nicaragua.

III – Observons les partis et les leaders des trois grands partis ivoiriens

Nous serions tous sensibles au taux de participation, nous seront sensibles à l’organisation pratique et matériel du scrutin présidentiel, nous serons tous plus que sensibles au climat dans lequel le scrutin se déroulera. Les ivoiriens veulent vivre dans un pays libre. Dans un pays indépendant, ils ne veulent plus que les problèmes de la Côte d’Ivoire soient transportés à Lomé, Paris, Accra, Bamako, Abuja, Libreville, Abuja, Pretoria, Ouagadougou ou Tombouctou.

Les ivoiriens dans leur grande majorité refusent l’aplatissement de leur pays devant une tiers puissance qui décidera à leur place de leurs choix, commerciaux, économiques, sociaux, industriels, politiques,institutionnels, monétaires et diplomatiques.

Un chef d’Etat au service des ivoiriens pour leur permettre de bâtir une politique économique, sociale et culturelle à leur service. Tel est le défi électoral face auquel les ivoiriens se retrouvent confrontés. Nous sommes persuadés que les trois principaux candidats, sont avec nous dans cette logique. C’est justement ce qui nous autorise à leur dire ici ce que nous pensons d’eux avant le scrutin.

IV – Dr Henri  Konan Bédié

Nous admirons le courage politique du président Bédié, vouloir revenir au pouvoir par les urnes est un choix qui l’honore. Redevenir modeste quand on a vécu dans une certaine aisance, apprendre à danser la fanfare, le zouglou, le coupé-décalé, parler le Nouchi et se rapprocher du peuple qu’on veut diriger, sont des efforts louables d’humilité que nous saluons chez l’ancien président. Et nous sommes sincère en l’exprimant publiquement.

Mais ils sont nombreux, ceux qui lui reprochent d’avoir introduit l’ivoirité en politique. Le successeur d’ Houphouët-Boigny était-il l’homme de la situation ? N’a-t-il pas porté des habits plus grands que lui ? C’est l’homme qui a créé l’ivoirité en politique, ce concept débile qui a fait tant de mal au corps social de la Côte d’ivoire en détruisant le vivre ensemble et tout ce qui va avec.

C’est malheureusement sa gestion qui a conduit les ivoiriens au coup d’état de décembre 1999. Est-ce- que lui et son parti le PDCI-RDA, ont vraiment tiré les leçons du putsch de noël 1999, qui plongea le pays dans l’instabilité chronique ?

Pourquoi est-il aller manger et fêter dans son village de Daoukro sans régler un problème anodin comme le versement des primes des soldats ivoiriens de la MINURCA? Pourquoi est-il allé se réfugier à la résidence de l’ambassadeur de France à Cocody ? Pourquoi à l’annonce de sa destitution par le général Robert Guei, son parti le PDCI-RDA et ses clubs de soutien n’ont-ils pas bougé ? Pourquoi son appel à la résistance face au coup d’état, est-il resté sans suite ?

Nous pensons que l’ancien président doit chercher en urgence à trouver des réponses sincères à toutes ces questions et il comprendra que les ivoiriens lui reprochent de s’être planqué dans une chancellerie étrangère, pour leur demander de s’offrir en holocauste pour lui.

Sa propension à aller fêter ses milliards et son accession au pouvoir comme une coupe ou une médaille olympique, ne furent pas du goût des ivoiriens. Beaucoup de ses compatriotes ne lui pardonneront pas d’avoir inoculer le virus de l’ivoirité dans la vie politique de la Côte d’Ivoire. Piètre orateur et dépourvu de tout charisme. M. Bédié n’a jamais compris les causes profondes du coup d’état qui avait mis fin à son régime.

Les nombreux scandales financiers, qui tournent autour de lui et de ses proches. La surfacturation des complexes sucriers. Des membres de sa famille avaient le monopole de l’importation de riz en Côte d’Ivoire sous sa présidence, alors que le pays pouvait développer aisément la production de cette denrée sur place. Bref il est affairiste de nature et loin des ivoiriens. Il ne connaît pas le prix d’un litre d’huile, d’un Kg d’igname, de viande ou d’un régime de banane. Il n’a jamais payé de loyer, car il vivait soit dans sa propre maison ou dans des logements de fonction.

Depuis l’âge de vingt six ans jusqu’à ce jour M. Henri Konan Bédié, est un homme qui d’Ambassadeur, à la Fonction de Ministre en passant par la présidence de l’assemblée nationale jusqu’au sommet de l’Etat ivoirien, n’a fait que vivre dans les ors et les lambris de l’Etat.

Il faut qu’il retrouve un peu la réalité des quartiers pauvres et des campagnes ivoiriennes. Il doit apprendre aujourd’hui à payer de sa poche l’eau, l’électricité, le gardien, le cuisinier, le maître d’hôtel, le jardinier, les études des enfants, le loyer, la popote, l’essence pour la voiture etc. pour devenir simplement un ivoirien comme les autres, c’est à ce prix qu’il pourra gagner les cœurs de ses compatriotes.

Les ivoiriens n’oublieront pas son penchant pour les gros cigares, l’alcool. Les vins du bordelais et le champagne rosé en particulier. Sa manie de jouer au pourrissement en faisant traîner les problèmes avant de les résoudre, son manque de vision pour l’avenir commun et son incapacité à gérer la Côte d’Ivoire au bénéfice de tous les ivoiriens, sont à la base de l’immense clameur de joie, de délivrance et des fêtes populaires à travers le pays qui ont salué le Coup d’Etat du général Guéi à la veille de Noël 1999.

C’est ce qui explique aussi le ralliement de nombreux cadres membres du PDCI-RDA au putsch de noël 1999. Son penchant affairiste et le fait que lui et ses proches figuraient dans plusieurs conseils d’administration d’entreprises, a provoqué un profond dégoût chez les ivoiriens qui veulent avoir à la tête de leur pays un homme au dessus de tous soupçons. Le scandale de la surfacturation des complexes sucriers, est encore présent dans la mémoire collective des ivoiriens.

C’est pourquoi , Mr Bédié et ses amis français doivent tirer en toute humilité les leçons de l’Histoire récente de la Côte d’Ivoire dont-ils furent tous des acteurs. Car dans l’isoloir électoral, les ivoiriens se souviendront très bien de ce passé récent. Nous sommes extrêmement exigeant avec lui car son parcours dans la vie politique nationale lui permettait de faire mieux que cela.

Comment peut-on aujourd’hui expliquer le ralliement à Laurent Gbagbo, des hommes ayant eu le PDCI comme lait maternel en politique, nous pensons à Laurent Dona Fologo, Simplice Zinsou, Koné Dossongui, Timothé Ahoua Nguetta, Lamine Fadika, Maurice Sery Gnoléba, Bernard Dadié, Daniel Boni Claverie, NZI Paul David, Dibonan Koné, Mamadou Ben Soumahoro etc.. ? Le président Bedié peut-il solliciter les suffrages des ivoiriens, sans un début de réponse à toutes ces questions ? Il n’est peut-être pas encore trop tard pour le faire.

V – Pr Laurent Koudou Gbagbo

On dit de lui qu’il est populiste, qu’il prétend, mieux connaître le peuple, que son entourage est affairiste, qu’il est nationaliste. Mais le nationalisme est-il suffisant ou peut-il à lui tout seul constituer un projet de société ? vaste question sur laquelle l’historien qu’est le Pr Laurent Gbagbo doit revenir pour rassurer et aider tous les voisins de la Côte d’Ivoire à bien comprendre les enjeux de son combat politique.

La politique, est un domaine de la vie qui ne pardonne pas la négligence, les rêves d’unité à tout prix et la naïveté de croire en la bonne foi des autres. Vouloir temporiser en politique, c’est souvent permettre aux forces centrifuges de s’organiser pour vous surprendre et vous faire payer votre attentisme.

Comme historien et politicien, c’est un homme d’une grande naïveté. Il a pensé que ses adversaires allaient attendre la fin de son mandat pour exprimer leur prétentions à la direction de la Côte d’Ivoire. Il a pensé aussi qu’il pouvait se débarrasser de la France sans coup férir.

Ce fut une erreur lamentable, impardonnable et une incohérence que les ivoiriens ont payé au prix fort. La constitution ivoirienne fait du président de la République le chef des armées. Or l’armée ivoirienne manquait de tout jusqu’aux munitions quand le pays fut attaqué nuitamment par les rebelles. Quel est ce pays bizarre qui croit qu’en cas de guerre la France volera à son secours ? Quel est ce pays bizarre qui pense qu’il peut se défendre avec des armes en rebus, périmées et déclassifiées chez les autres ?

Cela prouve que Laurent Gbagbo et son Front Populaire Ivoirien (FPI), n’étaient visiblement pas prêts à gouverner la Côte d’Ivoire. Gouverner, c’est prévoir. Dormir sur ses deux oreilles en croyant que tout le monde sera dans les rangs en ordre de marche, c’est se leurrer. À ce niveau de responsabilité, on ne peut pas dire qu’on ne savait pas ou qu’on était pas au courant.

Le président Blaise Compaoré, du Burkina Faso, nous a dit qu’il a informé le président Gbagbo, de la présence sur le sol de son pays de militaires déserteurs de l’armée ivoirienne. Pourquoi rien n’à été fait pour les réintégrer, au point qu’il sont aujourd’hui les rebelles qui ont ensanglanté le pays ?

Laurent Gbagbo et son FPI doivent comprendre que gouverner, c’est d’abord et avant tout défendre l’intégrité de la nation, défendre son indépendance nationale. Nous constatons qu’il ne s’est pas préoccupé de cet aspect important de sa mission. Il va falloir avec cette refondation revenir sur le scandale des concours administratifs, sur celui de la filière cacao café et celui très sensible des déchets toxiques, qui sont trois vers nocifs dans le fruit de Laurent Gbagbo, et des refondateurs du FPI

Être président, il faut le répéter encore ici, c’est animer la vie politique, économique et sociale de la nation et fédérer les énergies pour soutenir le progrès et la dignité des ivoiriens. L’image minable et pitoyable des ivoiriens incapables de s’entendre chez eux et obligés d’aller chez les autres pour régler leurs problèmes quotidiens, fut une image visiblement triste de l’affaiblissement d’un pays et d’un peuple incapables et honteux, quémandant goulûment l’arbitrage des autres pour ses querelles internes de clocher et de survie dans un décor de médiocrité et de refondation introuvable. Le tout est encore dans nos mémoires.

Dans cette crise ivoirienne, Laurent Gbagbo, a été considéré comme une victime, tous les coups portés par la France et ses pantins locaux contre lui ont été ressentis comme des coups portés contre la nation ivoirienne, de Marcoussis aux affrontements devant l’esplanade de l’hôtel ivoire. Cela lui donne plus de responsabilités que les autres au plan moral, mais cela ne lui donne pas plus de légitimité que les autres prétendants à la magistrature suprême de ce pays malade qu’est la Côte d’ivoire.

S’il veut gouverner la Côte d’Ivoire, il doit apprendre à voir loin, en commençant par voir ce qui est devant lui, c’est à dire apprendre à régler les problèmes en amont en s’appuyant sur les ivoiriens pour sortir le pays du tribalisme, du régionalisme, des clivages ethno politiques, ethno sociologiques et ethno religieux. Gouverner, c’est prendre soin du bon état et de la bonne marche du fonctionnement de l’Etat.

Ce n’est pas le populisme, les changements de chemises en basin, de chemises en pagne, de chemises en jeans mélangée Kita, ou de chemises Kita mélangée au flanelle ou à la gabardine, le président de la République n’est pas un présentateur de mode ni un prédicateur encore très moins un pasteur évangélique.

Les déclarations à l’emporte pièce, de Laurent Gbagbo, habituant les ivoiriens à des reculades inacceptables, des compromis qui conduisent aux compromissions douloureuses qui finalement participent à la déliquescence de l’Etat, plongeant les ivoiriens dans l’amertume et la résignation, doivent finir.

Finalement, Laurent Gbagbo, et son FPI doivent sortir de la surface et du superficiel pour privilégier le fond, du contenant pour sauver le contenu, de la forme pour se concentrer sur le fond et des improvisations habituelles pour affronter les vrais problèmes des ivoiriens. C’est à ce prix qu’ils auront par les urnes la confiance de la nation ivoirienne.

VI – Dr Allassane Dramane Ouattara

L’une des questions que se pose beaucoup d’ivoiriens, c’est pourquoi le Dr Ouattara a-t-il appelé ses compatriotes à voter oui au référendum sur la nouvelle constitution du 23 juillet 2000 ? Ne savait-il pas à l’avance que cette position lui serait fatale politiquement et juridiquement ?

< < le moment venu, nous frapperons ce gouvernement Moribond pour le faire tomber …Nous n’attendrons pas 2005 pour arriver au pouvoir >> des propos regrettables qui font que le Dr. Ouattara, est aujourd’hui perçu comme le père de la rébellion qui ensanglante la Côte d’Ivoire. La méfiance qu’il suscite, les haines et les passions qui se déchaînent contre sa personne proviennent de ce genre de propos.

Nous ne sommes pas de ceux qui remettent en cause la nationalité Ivoirienne de l’ancien Premier Ministre de la Côte d’Ivoire, car le Pakistan ne nommera jamais un Mongole comme son Premier Ministre, le Maroc ne nommera jamais un Mauritanien comme son Premier ministre de même que l’Ethiopie ne nommera jamais un Kenyan à la tête de son gouvernement.

Soyons sérieux, les ivoiriens dans ce sens doivent apprendre que dans la vie il y a des simples principes de cohérence, sur lesquels on ne revient pas. Le Dr. Ouattara, est ivoirien au même titre que nous tous, avec les mêmes droits.
Nous regrettons et nous avons eu plusieurs fois l’occasion de l’exprimer en public que la cabale qui a été montée contre lui par les tenants de l’ivoirité, était à la fois indigne et honteuse pour la Côte d’Ivoire.

L’arrestation de sa mère une femme âgée, et son interrogatoire sans ménagement, pendant des heures, par une police au service d’une cause aussi hideuse que partisane, sans parler de la fabrication par une assemblée nationale, à majorité aveuglée par l’ivoirité, d’une loi sur mesure pour l’empêcher d’être candidat, ce sont autant de faits qui ont terni l’image de la Côte d’Ivoire et discrédité les institutions du pays. Comment est-on arrivé à de telles aberrations ? Un pays, peut-il renier une parti de lui même sans s’affaiblir et se renier lui-même ?

En réalité les reproches qui convergent vers sa personne, proviennent en grande partie des erreurs tactiques et stratégiques du Dr. Ouattara, lui même dans sa conquête du pouvoir. En annonçant à la Nation ivoirienne le 7 Décembre 1993, que le président Félix Houphouët-Boigny, est décédé, et que la Côte d’Ivoire est orpheline, mais que le gouvernement qu’il dirige, reste en place en attendant que la Cour suprême constate la vacance du pouvoir.

Il est apparut aux yeux de ses adversaires de vouloir faire obstruction à l’application des dispositions constitutionnelles concernant la succession. Car si la Cour suprême n’a pas constaté la vacance du pouvoir, pourquoi annonce t-il le décès du président. Cette manoeuvre dilatoire visant à créer le vide au sommet de l’Etat à un moment aussi dramatique était inappropriée et contre-productive, par rapport à la suite des évènements.

Nous sommes persuadés que s’il avait respecté la légitimité constitutionnelle, ce 7 décembre 1993, il aurait forcé l’estime des ivoiriens et l’incompétence de M. Bédié aurait fait de lui une voie de recours, avec un PDCI-RDA, acquis à sa cause et le RDR ne serait même pas né.

La seconde, est l’attitude cavalière du Dr Ouattara et surtout l’opacité totale qui a entouré les privatisations de l’eau et de l’électricité. Les ivoiriens ont eu le sentiment d’avoir été floués dans ces transactions sans appel d’offre, alors que le pays aurait gagné plus dans la plus grande transparence, après un débat national sur des questions aussi sensibles.
Aujourd’hui on sait que selon ces contrats, la Côte d’Ivoire doit faire les prospections pour trouver les nappes phréatiques, capter l’eau, la SODECI ne doit faire que la distribution, et verser une redevance à l’Etat. Il en va de même pour l’électricité produite par nos barrages.

Dans les faits nous savons aujourd’hui que le groupe Bouygues, tout en empochant de juteux bénéfices traîne les pieds pour payer la redevance à l’Etat ivoirien et ne cache pas ses amitiés pour le Dr. Ouattara, il faut en finir avec ces genres de relations qui donnent l’impression aux ivoiriens d’être devant des accointances mafieuses ou des vases communiquant , pouvant conduire à un conflit d’intérêts.

Que doivent penser les ivoiriens des amitié affichées du Dr Ouattara avec Sarkozy, Bouygues, Bolloré et consort ? ces amitiés servent-elles les intérêts de la Côte d’Ivoire ou les intérêts personnels du Dr Ouattara ? Il est plus qu’urgent d’éclaircir toutes ces zones d’ombres à la veille d’un scrutin aussi important pour notre pays.

Ils sont nombreux ceux des ivoiriens qui ont fait la prison gratuitement à cause des lois anti-casseurs du gouvernement du Dr Ouattara quand il était premier Ministre de Côte d’Ivoire. Le refus du Dr Ouattara et de son parti de participer aux élections Législatives de 2000, a été aussi une erreur monumentale, car elle aurait pu éviter la guerre à la Côte d’Ivoire, finalement ce sont les parlementaires de l’an 2000 qui siègent encore aujourd’hui à l’assemblée nationale.

Pourquoi n’a-t-il pas condamné la rébellion en rejetant fermement et complètement tous ces aventuriers qui se réclamaient de lui et disaient qu’ils avaient pris les armes pour qu’il soit le président de la Côte d’Ivoire? Car la question que se posent tous nos compatriotes aujourd’hui en cette veille d’élection, est de savoir : si le Dr. Ouattara, est sincère envers la Côte d’Ivoire et ses intérêts ?

Beaucoup d’ivoiriens le trouvent Narcissique et imbu de lui même, il dit sans gêne qu’il est le plus compétant et le plus qualifié des ivoiriens pour occuper le poste de président de la République ; d’autres ivoiriens trouvent cela prétentieux. Dans cette dernière ligne droite, il doit éviter les pièges de la parole et mettre l’humilité dans son destin pour rassurer le peuple qu’il veut diriger.
A cela s’ajoutent ses déclarations tonitruantes, pleines de menaces du genre < < si je ne suis pas candidat, ce pays sera ingouvernable >> qui font croire que les ivoiriens sont les figurants d’un vrais western dont-il est le réalisateur. Un vrai homme d’Etat ne tient pas de tels propos sur le pays qu’il veut gouverner. S’il remporte les élections, les autres ne sont-ils pas en droit de rendre eux aussi le pays ingouvernable ?

VII – Deux mots sur la dette de la Côte d’Ivoire

Le Président Laurent Gbagbo, nous a dit qu’à son arrivée au pouvoir, la dette de l’Etat ivoirien avoisinait la somme astronomique de 6 000 milliards de francs CFA. Quelque soit celui qui sera élu à la tête de la Côte d’Ivoire, nous souhaitons un audit comptable sur les sources, l’affectation et l’utilisation de cet argent.

Il y a une coutume ivoirienne dans laquelle nous avons tous été élevés qui nous oblige à honorer nos dettes avant de quitter ce bas monde. La dette qui a servi à construire des routes, des écoles, des hôpitaux, des centres de formation, des dispensaires et des maternités, dans nos villages reculés de la forêt et de la savane ivoirienne, sont des dettes à honorer, parce que digne d’intérêt.
Mais le gouvernement qui sortira des urnes de cette élection n’a pas à payer les dettes concernant un terrain de golf, la télévision éducative, les barrages hydroélectriques qui ont échoué, tous ces projets grandioses et improductifs, dont la réalisation avait permis à certains d’empocher des commissions astronomiques.

Bref, ces dettes de régimes qui ont servi à acheter du matériel anti-émeutes, des dettes pour construire des villas, des hôtels et des châteaux dans le village du président. Ce genre de dette sont des dettes odieuses, qui ne doivent pas concerner le commun et le quotidien des ivoiriens.

Changer à partir de cette élection de méthode de gouvernance, la Côte d’Ivoire n’est pas à vendre et n’est la chasse gardée de personne, encore très moins d’un pays tiers. Notre pays à aussi des intérêts. Les marchés publics doivent être soumis à la concurrence dans le cadre de la mondialisation et attribués à celui qui offre le meilleur service au meilleur prix.
Le président qui n’est pas capable de garantir ce minimum aux ivoiriens n’est pas à la hauteur des ambitions de notre pays et de l’expression de son indépendance nationale qui ne doit plus être sous hypothèque devant un pays tiers. La Côte d’Ivoire d’aujourd’hui n’a donc rien à avoir avec le temps des surfacturations et de l’argent facile. Nous touchons ici les germes de ce qui sera le prochain conflit inter ivoiriens : la gestion des ressources du pays au profit de tous les ivoiriens.
Que tous les candidats se rappellent qu’on a poussé nos pays africains à l’endettement au temps de la guerre froide pour les maintenir dans le jurons du monde occidental pour faire d’eux des économies captives et des pions d’un jeu qui de jeux en jeux nous a conduit à la ruine et à la banqueroute, économique et sociale.
Sortir de la dette par le haut doit être une exigence de gouvernance dans la reconstruction de notre pays. Celui qui par traîtrise, pense être à la tête de la Côte d’Ivoire, pour aller endetter les ivoiriens dans le but d’empocher des commissions juteuses et vivre grassement dans le luxe alors que le peuple souffre de faim et de soif, sait à l’avance le sort qui lui sera réservé par la colère des ivoiriens.

VIII – Postulat de Conclusion général

Ivoiriens et Ivoiriennes, chers compatriotes, nous venons de vous livrer sans complaisance et sans parti pris, nos observations, nos réserves et notre analyse du futur proche de notre pays et des enjeux de cette élection, qui place notre pays devant une exigence de reconquête de soit.

Allez aux urnes est un devoirs citoyen, allez aux urnes en toute sérénité et en toute connaissance de cause pour que la défaite soit cuisante pour les perdants de manière à mettre fin à leurs ambitions illégitimes sur le destin de notre pays. Les combats que les ivoiriens ont mené dans cette crise nous enseignent : qu’il n’y a pas d’exemple dans l’histoire de pays dominés qui ont réussi leur développement, ou dont le plein épanouissement national à été l’œuvre d’un autre pays.

C’est grâce au pouvoir d’autodétermination conféré par l’indépendance qu’un peuple retrouve la libre disposition de lui même et peut alors s’organiser de manière à bâtir une économie, une culture, une nation à son service.

Dans cette voie, la nature des hommes nous rend plus exigent que les autres pays de la sous région ouest africaine. Car des gros moyens de morts ont été utilisés contre notre pays et son peuple. Cela nous a ouvert les yeux c’est pourquoi l’ethnie, la religion, la région de provenance, les amitiés avec tel homme d’affaire ou tel président de la république ainsi que la descendance royale de telle ou telle personne ne nous intéresse plus encore moins les amitiés extérieures qui ne permettent pas de prendre les bonnes décisions quand on est aux commandes des affaires d’Etat. Nous voulons à la tête de notre pays un homme capable de mettre l’intelligence, l’éthique et l’intégrité au centre de notre vie nationale.

Un homme capable de rassembler tous les ivoiriens, pour reconstruire la Côte d’ivoire au profit des ivoiriens, sans être un agent au service des intérêts d’un pays tiers. Un homme capable de porter et de partager avec nous tous une vision commune d’un projet commun de société dans lequel chaque ivoirien se reconnaîtra parce que c’est de son bonheur qu’il s’agit.

Il faut donc sortir de nos perpétuelles querelles de clocher pour fonder la confiance entre ivoiriens afin de sortir notre pays de cette longue nuit de honte et d’amertume que fut cette crise ivoirienne qui a beaucoup plus profité aux hyènes et aux charognards et non aux ivoiriens et à leur pays, la Côte d’Ivoire.

Merci de votre attention

Dr SERGE-NICOLAS NZI
Chercheur en Communication
Lugano
SUISSE
Tel.004179.246.53.53
E.Mail : nzinicolas@yahoo.fr

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