Parce que la Commission électorale nationale indépendante a signé une convention avec une société informatique, filiale d’un autre groupe dont le patron est proche de Laurent Gbagbo, on remet en cause tout un système conçu et exécuté depuis longtemps à la veille de l’élection présidentielle.
Ça, c’est en Côte d’Ivoire et c’est seulement à quelques dix jours du scrutin qu’on s’en est rendu compte. Le président Bagayoko et ses camarades de l’opposition ne parlant plus le même langage, la Ceni se trouve bloquée. Hypothéquant ainsi la date du 31 octobre pour la tenue de l’élection présidentielle.
En Guinée, Cellou Dalein Diallo et sa coalition ont usé de tous les moyens pour avoir la tête de l’ancien président de la Commission électorale nationale indépendante, qu’ils ont suspecté de connivence avec le camp d’Alpha Condé. Là-bas aussi, c’est à ce seul niveau que l’élection est bloquée. On attend que le nouveau président désigné le Général Siaka Toumani Sangaré rencontre tous les protagonistes avant de décider si oui ou non il faut maintenir la date du 24 octobre.
A vrai dire, ces deux pays-là, où Blaise Compaoré est médiateur et facilitateur, le font souffrir de même que toute la communauté internationale. On a tout de suite l’impression que chacun des candidats fait tout pour retarder le processus. Tant qu’il n’est pas certain de l’emporter. Alors qu’une élection, ça se gagne ou ça se perd. Et comme personne ne veut perdre les élections en Côte d’Ivoire et en Guinée, on craint fort ce qu’il adviendra après les résultats. Aussi, il est de plus en plus urgent de prendre les mesures pour éviter à l’un comme à l’autre pays tout débordement à l’issue des résultats.
A ce sujet, tous les intervenants dans les deux crises doivent pouvoir être fermes avec les hommes politiques tant en Côte d’Ivoire qu’en Guinée. Quand on considère Cellou Dalein Diallo, pour un i ou pour un a, il fait sortir des innocents dans la rue au risque de leurs vies. Et pour la stabilité dans le pays, on ferme les yeux là-dessus et on lui donne raison. Ce qui n’est pas normal quand on sait qu’autant que lui, les autres ont des participants qu’ils peuvent bien faire descendre dans les rues et faire plus de casses. C’est ce jeu que Laurent Gabgbo a pratiqué pendant très longtemps pour se maintenir au pouvoir. Et malheureusement, il n’est pas prêt de l’abandonner. Pire, il a des adeptes comme Cellou Dalein Diallo. Ce qui à tout point de vue est malheureux pour lui et son pays.
La Guinée et la Côte d’Ivoire ne méritent pas du tout ce que leurs propres fils sont en train de faire. Ces deux pays voisins ont longtemps souffert le martyre parce que justement leurs fils ont passé le temps à se bagarrer, à s’entredéchirer. Il a fallu l’intervention de la communauté internationale pour les ramener à la raison afin qu’ils comprennent l’importance de la paix. Non seulement pour eux, mais également pour leurs compatriotes et la sous-région. On ne peut pas passer tout le temps à organiser une élection, à la reprendre en fonction des desideratas d’un tel ou tel autre candidat qui n’est pas certain de l’emporter. Et c’est cette irresponsabilité de nos hommes politiques, ce manque de fair-play qui fait dire à certains observateurs que la démocratie n’est pas faite pour les Africains. A juste titre quand on considère que personne ne veut perdre. Alors que c’est ainsi est fait le jeu démocratique.
Que ce soit en Côte d’Ivoire ou en Guinée, si les politiciens ne veulent pas le pouvoir, que les militaires le prennent ou le gardent. On ne parlera pas du tout de coup d’Etat mais d’un manque de responsabilité des hommes politiques qui auront abandonné le pouvoir. Et le facilitateur et médiateur pourra se consacrer à d’autres taches.
Dabaoué Audrianne KANI
L’Express du Faso
Commentaires Facebook