Par Apollos Dan Thé in Soir Info 20.10.2010
Interview réalisée par Amos Béonaho
Les élections sont à vue, les candidats sont déjà sur le terrain, selon vous, quels seront les éléments décisifs de cette élection ?
Ces élections sont les élections les plus attendues de l’Afrique. Tous les yeux sont braqués sur cet événement d’une portée qui va bien au delà de nos frontières nationales. Pour nous ivoiriens, l’enjeu est encore plus important. Il s’agira de montrer notre maturité démocratique en organisant une élection transparente qui va rétablir l’ordre constitutionnel ordinaire et remettre le pays sur la voie du travail et du développement. Bien des projets individuels et collectifs ont été bloqués et attendent les élections. C’est un passage que nous devons réussir pour notre propre bien, mais aussi pour montrer à la face du monde que nous sommes capables de relever ce défi, et attirer le respect des autres nations. Les éléments décisifs seront le vote de la jeunesse et des indécis. Ce sont eux qui feront la différence entre les candidats. Chaque candidat devra chercher à comprendre les aspirations de la jeunesse et y apporter une réponse ; chercher à comprendre pourquoi des gens sont encore indécis et leur apporter les éléments nécessaires qui vont les aider à se décider pour lui.
Les jeunes ont des problèmes bien connus, dont le plus important est le manque d’emploi, le sentiment d’être face à un mur infranchissable sans soutien, sans espoir. Quant aux indécis, ce sont des personnes qui ne sont pas encore convaincues qu’un candidat répond au mieux à leurs aspirations qui tournent autour de la réduction du cout de la vie qui est très élevé, et d’un sentiment de déception de cette classe politique dans son ensemble et qui voudrait voir de nouvelles personnes.
Pourtant tous les candidats promettent la création d’emploi pour les jeunes et la réduction du cout de la vie.
C’est clair que les campagnes électorales sont des foires aux bonimenteurs, faiseurs de miracles et autres vendeurs d’illusions mais si on prend le temps de bien lire les programmes des uns et des autres, d’écouter attentivement leurs discours et d’y réfléchir, on peut dévoiler les imposteurs. Je veux aider les jeunes et les indécis à faire le bon choix ; et même ceux qui avaient déjà choisi un candidat sur des bases peu objectives, je les invite à pousser la réflexion un peu loin et refaire le meilleur choix.
C’est quoi le meilleur choix pour vous ?
Tout d’abord, il y a deux questions essentielles à se poser et les réponses à ces questions vont nous aider à voir qui a le meilleur profil qui nous conduira à nos aspirations. Ces questions sont :
Etant donné que l’avenir est très important pour les jeunes, lequel des candidats offre un avenir au tracé clair et à l’horizon dégagé, à même de relever le pays et offrir une chance réelle à chacun ?
Etant donné que notre classe politique actuelle est animée de ressentiments personnels les uns contre les autres au point de prendre tout le pays en otage comment mettre les trois leaders que sont Ouattara, Gbagbo et Bédié à la retraite politique ?
Ces deux questions résument les préoccupations majeures des ivoiriens. Si on les analyse profondément en s’élevant au delà des questions sentimentales ou des considérations ethniques desquels les jeunes ivoiriens s’éloignent de plus en plus fort heureusement, on se rend compte qu’il y a un candidat qui y répond très bien et qui est effectivement le meilleur choix objectif pour le bien de la Cote d’Ivoire. Un vote est un acte de très haute portée qui ne doit pas se poser sur la base de considérations subjectives et superficielles.
Alors dite-nous donc qui est ce candidat ?
C’est Laurent Gbagbo et je vous explique.
On vous écoute
Tout d’abord, si on veut mettre les Bédié, Ouattara et Gbagbo à la retraite politique, seule la réélection de Gbagbo aux élections présentes peut nous garantir cela. Si c’est Bédié ou Ouattara qui est élu, Gbagbo peut encore se présenter aux élections de 2015 car il n’aura pas fait 2 mandats et sera toujours dans la limite d’âge constitutionnelle. Ouattara devra changer la Constitution pour pouvoir se présenter en 2015, c’est inévitable pour qu’il puisse se présenter aux élections futures sans avoir recours à l’article 48. Rappelons-nous que Ouattara est candidat à titre exceptionnel pour cette élection, mais son problème avec la Constitution demeure après ces élections. S’il gagne, la première des choses qu’il fera c’est de refaire une constitution qui lui sera favorable et cela va ouvrir encore le chemin des troubles dans le pays. Si c’est Gbagbo qui gagne, il sera à son dernier mandat et donc il ne pourra plus se présenter. En 2015 Bédié sera frappé par la limite d’âge et Ouattara sera face au blocage constitutionnel. Ainsi, on aura mis ces trois leaders à la touche et permettre à de nouvelles personnes d’émerger. C’est ce que beaucoup d’ivoiriens veulent.
Au delà de ce premier aspect purement tactique, Laurent Gbagbo présente un bien meilleur pari sur l’avenir comparé à Bédié et à Ouattara. Le programme économique et politique de Gbagbo est beaucoup plus fiable et garanti un avenir bien tracé. Gbagbo prône un programme économique d’auto-suffisante alors que Ouattara propose un programme économique de dépendance vis-à-vis de l’extérieur. Quant à Bédié, je n’ai pas connaissance de son programme économique.
Là où Gbagbo parle de vivre avec nos propres ressources, Ouattara parle de s’endetter pour vivre au dessus de nos moyens. Cette proposition de Ouattara est très dangereuse pour l’avenir des jeunes car ce sont eux qui devront payer ces dettes-là dans 15 ou 20 ans, quand Ouattara ne sera plus là pour répondre de ses actes ni voir les conséquences désastreuses de ce qu’il propose maintenant. Les jeunes devront bien comprendre le piège que Ouattara leur tend. Pour faire bonne impression et laisser « un bon nom », il va endetter le pays, faire des réalisations tape-à-l’œil et laisser la facture très amère aux générations futures. Ceux qui ont comparé Ouattara à un « faroteur » « boucantier » ne croyaient pas si bien dire. Quand les jeunes de maintenant seront des adultes, ce seront eux qui vont crouler sous le poids du remboursement de cette dette et cela s’accompagne de mesures économiques draconiennes à savoir, compressions massives, diminution drastique des dépenses publiques et menaces sur la valeur de la monnaie nationale, exactement ce que Ouattara nous a servi de 1990 à 1993 lorsque le pays croulait sous le poids des dettes massives qu’Houphouët avait contractées dans les années 70. Le miracle ivoirien qui était basé sur cet endettement massif a disparu, c’était un mirage. Les dettes quant à elles, sont bien là, elles ont été multipliées et on continue de les payer jusqu’aujourd’hui. Que chaque jeune réfléchisse à cela.
Le Dr Ouattara est un économiste qui sait de quoi il parle
Je veux aider les électeurs à se libérer de la mystification. On n’a pas besoin de PhD pour comprendre qu’il ne faut pas s’endetter et vivre au dessus de ses moyens. Que Ouattara sache de quoi il parle ou non, là n’est pas le problème. J’espère qu’il sait de quoi il parle, mais ce qui m’intéresse, ce sont les électeurs qui ne savent pas où il veut en venir, quel est son plan, voilà pourquoi je le leur explique. Quand Ouattara prétend financer son programme de 10 milles milliards, environ quatre fois le budget national, par l’endettement alors que sur les places financières mondiales le crédit est devenu quasiment impossible présentement pour raison de crise financière et récession économique, c’est absurde. On a le cas de la Grèce, pays européen qui s’est lancé dans l’endettement tout azimuts pour financer ses grands projets et qui se retrouve au bord de la banqueroute parce que ne pouvant plus supporter le cout et le poids de sa dette. Il a fallu que ses pairs européens lui viennent en aide d’urgence pour mettre fin aux émeutes qui avaient commencées. Pour un pays PPTE comme la Cote d’Ivoire qui sort d’une crise armée avec des fuites énormes dans le tissu fiscal et un indice de corruption très élevé, obtenir des financements auprès des bailleurs de fonds privés sera très couteux car ils vont nous prêter à des taux d’intérêt exorbitants et a des conditions très contraignantes parce qu’ils prennent trop de risques en nous prêtant de l’argent. Quand aux bailleurs de fonds bilatéraux, chaque pays étant préoccupé à sa propre relance économique, il va s’en dire que les fonds à investir dans les pays en voie de développement seront fortement diminués et soumis à des contraintes plus strictes. Sur le plan multilatéral, la Cote d’Ivoire est déjà engagée dans le processus d’allégement de sa dette sous l’initiative PPTE et donc ce n’est plus possible de s’endetter auprès des organismes multilatéraux. Quand Ouattara dit qu’il a ses entrées sur les places financières, c’est encore de la mystification pure et simple. Les contrats ou engagement entre un pays et des institutions financières privées ou publiques ne dépendent pas d’un individu. Ils suivent des procédés transparents, officiels. Les seuls éléments qui comptent sont le profil économique et financier du pays emprunteur et les garanties qu’il donne. Les transactions dans lesquelles les liens personnels jouent un rôle sont des transactions officieuses et illégales de marché noir qui s’accompagnent de pots de vins. Si un pays obtient un financement illégal parce qu’un individu connait le directeur d’une banque, c’est qu’en retour cet individu a cédé quelque chose à un réseau mafieux auquel ce directeur de banque appartient. Si c’est sur cette voie que Ouattara veut nous emmener, nous lui disons non !
Le ministre Diby reçoit des prix sur la scène internationale pour sa bonne gestion économique et financière du pays, il n’a pas eu besoin de connaitre personnellement un directeur du FMI ou de la banque mondiale, comme quoi, ce ne sont pas les contacts personnels qui comptent, ne vous laissez pas abuser.
En gros, Ouattara est ce père de famille qui a un salaire de 100 000 Francs et qui prend crédit de 400 000 francs auprès des usuriers « margouillats » chaque mois pour faire vivre sa famille au dessus de ses moyens. Il compte sur ses enfants pour repayer la dette ainsi accumulée quand ils vont grandir. C’est un père irresponsable, car avant même que ses enfants ne trouvent du travail, ils sont déjà endettés. Ils ne pourront pas s’en sortir, ils iront eux aussi s’endetter davantage pour repayer la dette que leur père avait contractée et ainsi de suite, toute la famille sera à la merci du margouillat qui va venir leur dicter sa loi, puisqu’ils lui doivent beaucoup d’argent.
Bédié, lui c’est le père de famille qui n’a aucun plan. Il dépense sans tenir compte de ce qu’il gagne, il n’épargne pas. Quand on lui vient en aide pour nourrir ses enfants, il détourne l’aide à d’autres fins. Ses enfants ne savent pas de quoi demain sera fait.
Gbagbo, lui c’est le père de famille qui gagne 100 000 francs, dépense 80 000 francs et garde 20 000 francs de coté chaque mois. Avec l’argent économisé, il réussi à mettre ses enfants à l’école et à les soigner quand ils tombent malades. Ses enfants travaillent après avoir terminé leurs études. Ils copient le bon exemple de leur père et sont eux aussi des pères de familles exemplaires.
Lequel de ces pères de familles pense mieux à l’avenir de ses enfants ? C’est à cette image que chaque jeune, chaque femme et chaque parent doit réfléchir le jour du vote et voter pour Gbagbo.
Pouvez-vous faire une comparaison entre la gestion économique de Ouattara et celle de Gbagbo ?
Ouattara, de 1989 à 1993, a appliqué son programme de relance économique qui passait par la diminution sauvage des dépenses publiques afin de libérer des capitaux et cela s’est traduit par des compressions massives, coupes profondes dans les secteurs publics tels que l’éducation, l’enseignement supérieur et la santé. Au finish, son plan a échoué et le CFA a dû être dévalué pour rendre nos exportations compétitives et relancer l’économie par cette méthode.
Gbagbo, quand il arrivait au pouvoir, a trouvé un pays en cessation de paiement vis-à-vis des bailleurs de fonds qui avaient coupé toute collaboration avec le pays suite au détournement des 18 milliards de l’Union Européenne par l’équipe de Bédié en 1998. Gbagbo a remboursé cet argent pour permettre au pays de renouer avec les institutions internationales. Ce sont des choses que les gens tendent à oublier mais il faut rappeler cela, c’est important.
En 2001 Gbagbo a initié le budget sécurisé de 1 289 milliards qui ne prenait en compte que les ressources propres à nous, sans endettement. En 2009, le budget de la cote d’ivoire est à 2 529 milliards sans endettement. En 9 ans, Gbagbo a donc engendré 1 240 milliards supplémentaires de ressources propres. Il a doublé nos revenus ! Cela veut dire qu’il y a l’argent dans ce pays. On n’a pas besoin de s’endetter. Cette richesse que Gbagbo a créée est partie dans le financement de la sortie de crise; cette guerre que les gens ont envoyée dans notre pays. Il faut rapidement sortir effectivement de cette crise et arrêter ces dépenses inutiles et couteuses dites de sortie de crise et réorienter les ressources vers la création d’emploi pour les jeunes et les femmes, c’est le programme de Gbagbo.
Un mot sur les autres candidats ?
L’autre candidat sérieux c’est Bédié. C’est dommage que le PDCI ait choisi Bédié comme candidat. Il représente le passé, il est déconnecté de la jeunesse. C’est à 70 ans qu’il veut apprendre à parler le nouchi et à écouter le zouglou, ca veut tout dire. Comme l’autre qui se prend en photo entrain de manger foutou banane sauce graine à Yopougon. Ca prouve qu’ils sont en déphasage avec le peuple et ils forcent pour se donner des allures populaires. Gbagbo est en phase avec le peuple, que ce soit la classe moyenne ou la masse il se retrouve et n’a pas besoin de forcer, c’est naturel, il est un enfant du peuple. Bédié n’est pas non plus un exemple de bon gestionnaire. Les détournements sous son régime ont jetés la honte sur le pays. Les dépenses hors budget étaient la pratique courante. Quant aux autres, je ne crois pas que quelqu’un ait une réelle chance de gagner. Gnamien Konan pense qu’avoir été directeur de la Douane fait de lui l’homme providentiel. Il n’a pas d’équipe, pas de machine derrière lui. La gestion d’un pays est beaucoup plus complexe que la gestion de la Douane et il faut une équipe rodée avec un programme politique et économique connu et fiable. L’heure n’est pas à un quelconque one-man-show. A ceux qui voulaient voter Gnamien Konan ou tout autre candidat singleton par dépit ou lassitude des trois candidats sérieux, je leur dit ceci : ce n’est pas la peine de gaspiller des voix en votant des indépendants ou des gens qui n’ont aucune chance de gagner ces élections. Il faut s’élever au dessus des considérations d’amour-propre, de sentiments et de ressentiments pour faire un choix objectif. Ca se joue entre trois personnes, Gbagbo, Bédié et Ouattara.
Gbagbo a une meilleure vision économique, mais aussi il a une vision politique de l’Africain nouveau, ce qui le place au dessus de la mêlée, en pole position et c’est cela que les jeunes aiment. On ne veut plus de président qui va aller faire la courbette devant les blancs, mais un president qui sera traité avec égards et respect.
Un dernier mot ?
Que chaque électeur fasse une utilisation judicieuse de son bulletin de vote le jour des élections, seul dans l’isoloir, que chacun fasse le bon choix pour son pays. Gbagbo a envoyé l’école gratuite et obligatoire. Il a son projet d’AMU pour que chaque ivoirien ait accès aux soins de santé. Il a électrifié plus de villages qu’Houphouët, Ouattara et Bédié réunis. Il électrifie en moyenne 100 villages par an. Il a fait la décentralisation pour développer chaque région du pays équitablement, il a son projet de création de la banque de l’emploi pour les jeunes et les femmes. Il faut faire un vote utile, même si on n’aime pas la tête de Gbagbo, mais c’est lui qui arrange notre pays. Pensons à l’avenir de notre pays.
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