Installé aux Usa depuis vingt ans, Georges Kouakou, ex-directeur artistique d’Alpha Blondy sort de sa réserve. Dans cet entretien, il parle de son aventure américaine, de la musique ivoirienne et des deux icônes de la musique reggae-ivoire Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly.
Combien de temps avez-vous passé hors du pays?
Bientôt 20 ans que je vis aux Etats-Unis
Pourquoi avez-vous opté pour l’aventure ?
Parce qu’il était temps pour moi d’aller voir ailleurs et me perfectionner davantage. Vous savez, on ne finit jamais d’apprendre.
Pourquoi les Etats-Unis?
Parce que j’ai tissé beaucoup de relations là-bas lorsque je tournais encore avec Alpha Blondy dans les années 85.Ce qui a plus ou moins facilité mon intégration dans ce pays.
Quels sont les artistes avec lesquels avez-vous travaillé ?
J’ai bossé sur le dernier album de Sonny Okuson, un artiste nigérian (décédé récemment), mais aussi, avec d’autres artistes américains. J’ai joué avec Burning Spear, le groupe Culture, les Wailers (le groupe de Bob Marley), Yellowman, Sister Carol, I Jah Man et biens d’autres. Mes collaborations avec ces derniers m’ont permis d’avoir un certain nombre d’expériences dans le domaine de la musique. Aujourd’hui, j’ai mon propre studio d’enregistrement à New York. Ce qui me facilite le travail.
Qu’est-ce que la musique vous a apporté ?
La musique constitue une passion pour moi et je l’exerce avec beaucoup de joie. Grâce à Dieu qui est ma source d’inspiration, elle m’a presque permis de faire le tour du monde et de communier avec des personnes d’horizons divers et je pense que cela est très important.
Que pensez-vous de la nouvelle génération d’artistes ivoiriens ?
J’écoute souvent certaines musiques qui sont bonnes. Mais, je pense que d’autres par contre doivent rétrograder leurs arrangements même si, aujourd’hui, l’ordinateur et les nouvelles technologies peuvent tout faire. Il faut qu’ils arrivent à jouer en live une production programmée en studio à partir d’un ordinateur.
Que pensez-vous du coupé-décalé ?
C’est une musique qui a énormément contribué à la promotion de la musique ivoirienne partout dans le monde, même dans des contrées où elle était méconnue. C’est l’essentiel. Il appartient à cette génération de mieux s’organiser afin de ne pas voir disparaître leur concept qui vend beaucoup la Côte d’Ivoire.
Que comptez-vous apporter à la musique en Côte d’Ivoire avec votre expérience ?
Je compte ouvrir un centre de répétition et d’encadrement, si je dispose de moyens et d’une bonne opportunité. Nous avons besoin de bonnes structures musicales au niveau de la distribution, des droits d’auteur et des éditions musicales qui n’existent pas chez nous. Aussi, faut-il de bons managements d’artistes de bons matériels et équipements. Dieu merci, aujourd’hui, nous avons le Centre culturel Bernard B. Dadié. Mais cela ne suffit pas.
Comment voyez-vous la musique ivoirienne dans les 20 prochaines années ?
S’il y a le minimum de structures et tout ce dont j’ai parlé, cette musique a un bel avenir. Car, il y a des talents. Que les artistes arrêtent de se pencher sur les autorités. Qu’ils songent à construire, eux-mêmes, leur propre Ong et se prendre en charge. Mais, il faut s’entendre d’abord. Car en Afrique, il est difficile de s’unir. Dans ce 21e siècle, nous n’allons pas continuer à évoluer naïvement.
Parlant d’entente, que pensez-vous de la rivalité entre Tiken Jah et Alpha Blondy?
Sur la question, je crois que tout le monde évolue sauf nous. Car, nos comportements ne nous permettent pas d’être d’accord. Ce sont deux grands artistes qui représentent un grand pays, au plan musical, qu’est la Côte d’Ivoire. Je me demande comment sont-ils arrivés à ce niveau. Le moment viendra où je pense qu’ils vont se comprendre. Je joue avec de grands artistes jamaïcains et je sais comment ils se comportent. Ce sont de grands patriotes et c’est très rare de voir ce genre de comportement. Au point où Burning Spear peut chanter sur la musique de Jimmy Cliff avec d’autres paroles et cela devient une source d’inspiration pour leur nation. Pourquoi il y a tant de jalousies en Afrique? Pourquoi on est tout le temps divisé ? Même les moutons marchent ensemble. Et savoir que nos icônes se battent me fait très mal au cœur.
Que pensez-vous de la musique de Tiken jah ?
J’ai déjà travaillé avec Alpha et je le connais mieux. Tiken Jah, non. Mais c’est un jeune qui me respecte énormément. Bien qu’on n’échange pas souvent, je sens en lui quelqu’un de respectueux.
Comment trouvez-vous son style musical ?
C’est parfait. Il chante bien et il est très engagé. J’aime bien cela.
C’est pour quand votre retour au pays ?
Fin décembre, début janvier probablement.
Définitivement?
Non, pas maintenant. Je serais là juste pour deux semaines. Je viens chercher mon premier fils qui vit au pays. Il se nomme Franck Kouao et il a 19 ans.
Pratique-t-il la musique ?
Il le veut bien. Mais, je ne souhaite pas qu’il le fasse. C’est un métier difficile. Sinon, j’ai mon fils de 13 ans, Isaac Kouao, qui est pleinement dans la musique. Il joue à la batterie et au piano. Il vit avec moi à New-York.
Etes-vous Américain?
Oui, j’ai obtenu la nationalité américaine.
Entretien réalisé par M.H.S
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