Le Pays
La campagne électorale bat son plein en Côte d’Ivoire, et l’on prie pour que les choses se passent au mieux jusqu’au jour du vote, le 31 octobre 2010. Forts de leurs expériences d’hommes de terrain, les Houphouëtistes ont choisi d’anticiper. En effet, en prévision du second tour, ils se sont engagés à faire cause commune face à l’adversaire. Il est également prévu la composition d’un gouvernement de large rassemblement.
Jamais une élection présidentielle ne s’était autant fait remarquer dans l’histoire de ce pays. Quatorze candidats s’affronteront en fin octobre au premier tour de cette élection présidentielle à nulle autre pareille. Toutefois, contrairement au passé et à ce qui se passe dans d’autres pays, il apparaît difficile de dégager un candidat qui puisse être considéré comme hyper favori. Certes, de précédents sondages avaient donné pour gagnant l’actuel chef de l’Etat, Laurent Koudou Gbagbo (FPI), candidat à sa propre succession. Mais en cette phase de début de campagne, il semble plutôt se dégager une sorte d’équilibre des forces. La Côte d’Ivoire de cette campagne présidentielle de l’an 2010, ressemble, à s’y méprendre, à un puzzle divisé en deux camps : la majorité présidentielle qui regroupe le président Gbagbo et ses partisans, et les Houphouëtistes avec principalement Henri Konan Bédié (PDCI) et Alassane Dramane Ouattara (RDR). Pour certains analystes, les Houphouëtistes auraient dû aller au premier tour en rangs serrés. Un seul candidat représentant les fidèles du défunt père de la nation ivoirienne aurait été plus judicieux. Mais l’essentiel se passe sur le terrain et l’heure n’est plus à ce genre de spéculations. L’électeur saura à qui accorder ses faveurs. La clarification de la situation politique actuelle met en lumière des problèmes récurrents. Ils sont propres à la plupart des pays du continent. Ce sont, entre autres, les abus dans l’utilisation des biens de l’Etat, le déséquilibre au plan de la couverture médiatique. Pourra-t-on aussi faire face aux contestations qui iront crescendo ? Assurément, le travail est ardu au niveau des différents organes de régulation et d’arbitrage si tant est qu’ils fonctionnent.
La campagne évolue dans des conditions acceptables si l’on prend en compte les efforts mis pour parvenir à cette étape. Jusque-là, les différents candidats et leurs partisans ont su faire preuve de retenue. Il faut s’en féliciter et souhaiter que les choses évoluent dans ce sens. Néanmoins, il faudra parer à toute éventualité et ne pas hésiter à sévir devant les cas de menace et les tentatives ou intimidations de toutes sortes. Car la problématique de la sécurité, très cruciale en ce moment, se situe à un triple niveau : durant la campagne, le jour du scrutin et le lendemain de la proclamation des résultats. On a toujours souhaité voir les conditions réunies afin que le peuple ivoirien puisse s’exprimer directement et clairement. Aujourd’hui, l’espoir tend à se concrétiser et il faut y travailler davantage. La quiétude est nécessaire pour que les candidats se fassent entendre, comprendre et retenir par l’électeur. Il ne sert à rien de chercher à barrer la route à qui que ce soit, encore moins de travestir les faits, de mal interpréter les actes et les paroles. Le vin de palme ou de rônier est déjà tiré. Il faut à présent le boire et dans la meilleure ambiance possible. Ce n’est pas Adama Dahico qui dira le contraire. Lui, le candidat qui draine d’immenses foules avides de son humour qui est loin d’irriter l’adversaire. Il fait partie de ces candidats que l’histoire de la Côte d’Ivoire retiendra pour leur singularité comme Jacqueline Lohoues Oble, seule femme du groupe à porter les espoirs de l’autre moitié du ciel. Il y a également Alassane Dramane Ouattara du RDR qui, voué aux gémonies par un système savamment mis au point pour rejeter sa candidature, pourra enfin tenter sa chance devant les électeurs. L’électeur lui, a besoin d’un environnement de paix et de tolérance pour voter. Les conditions doivent être réunies afin qu’il puisse suivre les candidats, assimiler et analyser le contenu de leurs programmes, afin de pouvoir faire un choix éclairé.
Un climat délétère n’a jamais favorisé le dialogue ; il est encore loin d’aider à responsabiliser le citoyen et à le conduire vers un libre choix. Chacun doit composer dans le sens de l’idéal, en s’efforçant de cultiver la cordialité et la convivialité autour de soi et non la haine de l’autre qui, elle, détruit. Ce n’est pas pour rien que dans ce pays qui a trop souvent été au bord du précipice sans y sombrer heureusement, les problèmes de sécurité ont de tout temps pris place dans les rencontres. Des espoirs existent de voir les choses se passer comme on les aurait souhaitées et ce, après de longues années de patience et de négociation. Un énorme travail a été fait pour vaincre la crise de confiance qui a longtemps existé entre les acteurs politiques. Une crise de confiance qui avait considérablement miné leurs rapports, autant que ceux de leurs communautés d’appartenance. La volonté de s’en sortir ayant fini par triompher, il s’agit à présent d’aller au bout des engagements pris devant la postérité.
Après de nombreuses années d’incertitudes, le peuple ivoirien se prépare donc à écrire une autre page de son histoire. Jamais, les citoyens de ce pays si attachant ne se seront autant rapprochés des portes de l’espoir. Toutefois, le contexte de paix dans lequel se déroule le processus démocratique est encore précaire. Nul ne doit l’ignorer. L’ensemble de la classe politique en particulier doit avoir à l’esprit la grande traversée du désert que le pays a connue. Vu la fragilité de la situation, gouvernants et opposants, citoyens et communautés étrangères doivent savoir agir de concert afin de relever progressivement les nombreux défis qui se profilent à l’horizon. Les Houphouëtistes, en tout cas, semblent s’être résolument inscrits dans la posture d’une élection pacifique qui aboutira à un second tour.
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