«Les modalités d’application des principes d’équité et d’égalité dans la presse pendant la campagne électorale ». Tel est le thème qui a réuni du 07 au 08 octobre 2010 à l’Hôtel Sekedess d’Adzopé, les responsables des rédactions de presse et les responsables en charge de la communication des partis politiques. Pendant deux jours, le CNP (Conseil national de presse) a instruit sur la conduite à tenir au cours de la période électorale.
Articulant son argumentaire autour du thème central, M. Kébé Yacouba, expert consultant audit séminaire, a défini la profession de journaliste comme le fait de « savoir entendre pour être entendu (…), savoir informer au sens plein du terme : ‘’mettre au courant’’ ; donner une forme, une structure à l’épisode qu’on relate. Ecrivez court et vous serez lu ». Le panéliste a, par ailleurs, rappelé à l’assistance les règles et devoirs élémentaires codifiés dans le document retraçant l’éthique et de la déontologie. Convaincu que la presse ne peut être indépendante, le président du Fsdp (Fonds d’aide et de soutien au développement de la presse), Kébé Yacouba a préconisé pour une campagne électorale « civilisée » : les concepts de principe de la précaution et l’élégance éditoriale. « Un journal militant et partisan peut garder une distance équitable, s’interdire toute incitation à la violence et rapporter fidèlement les faits. A condition qu’il vérifie, recoupe les informations (même scoop) avant de les publier. Un journal militant peut critiquer de bonne foi les partis politiques adverses », a-t-il argué. Avant d’interpeller les politiciens qui inféodent des journalistes pour accomplir leurs besognes. « Les journalistes ont les outils pour exercer leur métier, mais il faut qu’ils y ajoutent de la volonté. Il faut que les hommes politiques laissent les journalistes exercer leur métier », a recommandé M. Kébé Yacouba. Sur le sujet « Les modalités d’application du principe d’égalité : les propositions de Fraternité Matin », Alfred Dan Moussa a fait savoir que face aux enjeux que regorge le scrutin présidentiel à venir, les responsables du plus vieux quotidien de la place ont envisagé une refonte de la rédaction pour mieux suivre les périodes préélectorales et de campagne. Malgré les difficultés qui sont inhérentes à ce choix, le directeur de développement des rédactions a souligné la volonté dudit quotidien de traiter de façon équitable tous les 14 candidats en lice pour les présidentielles ivoiriennes. Aux journalistes, le président de l’Upf (Union internationale de la presse francophone) a conseillé : « Souvent nous sommes loin de notre métier. Restons collés à notre métier. Il faut que nous soyons confraternels. Nous n’avons pas à nous liguer les uns contre les autres ». Quant à Me René Bourgoin, il a tiré motif de la matière « De l’application du principe d’équité dans la presse privée pendant la campagne électorale » pour instruire les directeurs de publication, les secrétaires généraux de rédaction ainsi que les représentants des partis politiques. D’entrée de jeu, le secrétaire général du CNP a reconnu qu’au contraire de la presse de service public, la presse privée n’est pas astreinte à une obligation d’égalité des candidats aux élections présidentielles. Néanmoins, le juriste a exhorté la presse privée au respect de trois exigences à savoir : une information ouverte (pas de discrimination dans la couverture médiatique des activités des différents candidats), le pluralisme de l’information (diversité des supports médiatiques) et l’éviction des titres sensationnels. Invité à se prononcer sur l’inaction du CNP suite à la publication des sondages par les journaux internationaux, Me René Bourgoin a été clair. A travers un débat franc, il a déclaré : « Le CNP n’a pas compétence pour interdire la publication des médias étrangers. Techniquement, le CNP ne dispose pas de moyens pour suspendre l’accès au marché national comme peut le faire le CNCA. C’est lui qui délivre les fréquences aux différents requérants. Seul le procureur de la république en a la compétence ». A l’aide du thème « Des procédures administratives pendant la campagne électorale », le journaliste Domo Francis a expliqué que les procédures relatives à l’insertion des messages des candidats dans le quotidien d’état Fraternité Matin répondent d’une part au mode d’acheminement (dépôt 72 heures au moins avant le jour de l’insertion du message sur copie typographiée au CNP et dépôt à Fraternité Matin 24 heures au moins avant le bouclage). D’autre part, le contrôle du contenu rédactionnel et de la forme découle du CNP, qui procède au contrôle du fond et de la forme du message. « Le quotidien Fraternité Matin ne publiera que les messages pour lesquels le CNP aura donné l’ordre de publier par un ‘’Bon à publier’’ », a commenté Domo Francis du CNP. Le séminaire-Atelier a pris fin par la lecture du rapport général et des motions de remerciements aux autorités du CNP et administratives de la commune d’Adzopé.
Krou Patrick, envoyé spécial
L’Intelligent d’Abidjan
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