La France souhaite entretenir avec ses anciennes colonies d’Afrique francophone, et avec la Côte d’Ivoire notamment, des relations décomplexées, selon le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant.
« Le président Sarkozy l’a dit à maintes reprises, il souhaite que les relations entre la France et les pays de l’Afrique francophone se débarrassent des complexes nourris de notre passé commun », a déclaré dimanche M. Guéant à l’issue d’un séjour de 48 heures en Côte d’Ivoire.
« La France est un Etat souverain, la Côte d’Ivoire est un Etat souverain, et elle n’est pas un Etat moins souverain que la France. C’est d’égal à égal que nous devons travailler ensemble entre partenaires », a-t-il ajouté.
Le collaborateur du président Sarkozy a salué l’amitié entre la Côte d’Ivoire et la France fondée sur une « familiarité très particulière », tout en soulignant « solennellement » que si le gouvernement ivoirien souhaite renouer avec la France ce » partenariat d’exception », « la France y est prête, résolue et en sera très heureuse ».
Les relations entre la France et la Côte d’Ivoire se sont assombries au lendemain de la tentative de renversement du régime de Laurent Gbagbo en septembre 2002 par l’ex-rébellion des Forces qu’Abidjan soupçonnait la France de soutenir.
La situation s’est envenimée en octobre 2004 avec la destruction de la flotte aérienne ivoirienne par l’armée française après la mort de huit soldats français dans le bombardement de la ville de Bouaké (centre, fief des Forces nouvelles) par l’armée ivoirienne.
Il s’en est suivi des manifestations anti-françaises et le rapatriement de plusieurs milliers de Français. L’armée française avait tiré, lors de ces événements, sur une foule de manifestants faisant plus de 50 morts et des centaines de blessés, selon le gouvernement ivoirien.
Malgré ces « circonstances difficiles », la France, selon M. Guéant, « se réjouit de pouvoir reprendre, après l’échéance ( électorale), dans leur plénitude, les relations d’amitié et de coopération qui, fondamentalement, unissent » les deux pays.
Plusieurs fois annoncées, la visite du secrétaire général de l’Elysée en Côte d’Ivoire avait été reportée en raison des retards accumulés dans le processus électoral.
M. Guéant explique sa visite, « à la demande du président Sarkozy », par le fait qu’ »une page de l’histoire de la Côte d’Ivoire est en train de se tourner » avec l’adoption de la liste électorale définitive et la réception des cartes d’électeurs et d’identité nationale qui présagent que l’élection, maintes fois reportée depuis 2005, se tiendra effectivement le 31 octobre.
« La France se réjouit profondément que l’élection présidentielle puisse bientôt se tenir et fait le voeu qu’elle se passe bien, dans une totale transparence », a-t-il poursuivi non sans insister que son pays n’a pas de candidat.
« La France n’a pas de candidat, ni de favori, son devoir est de ne pas en avoir », a-t-il soutenu.
« Le président de la Côte d’Ivoire sera choisi par les Ivoiriens. Qui qu’il soit, il sera le représentant de son peuple et par conséquent, il sera l’interlocuteur de la France », souligne M. Guéant.
Au cours de son séjour, Claude Guéant a eu une rencontre à huis clos avec le président Laurent Gbagbo à Yamoussoukro (centre, 230 km d’Abidjan).
Les deux hommes, selon des sources bien introduites, ont discuté de la question de la levée de l’embargo sur les armes en Côte d’Ivoire et des sujets relatifs aux événements de 2004.
La France est favorable à une levée partielle de l’embargo et va soutenir, selon Claude Guéant une levée « partielle » de l’embargo pour permettre à la Côte d’Ivoire de se doter de matériel de sécurité, à l’exception d’armes létales afin de satisfaire la volonté des autorités ivoiriennes d’améliorer l’environnement sécuritaire des élections en Côte d’Ivoire.
Sur toutes les questions relatives aux évènements de novembre 2004, Claude Guéant a affirmé qu’elles seront discutées avec le nouveau président ivoirien.
Le secrétaire général de l’Elysée s’est également entretenu avec les opposants Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.
« Notre coopération avec la France est importante, nous avons des liens historiques. Avec M. Guéant nous avons évoqué l’après élection, pour que cette coopération puisse être renforcée et que la France continue d’être un partenaire privilégié de la Côte d’Ivoire », a indiqué Alassane Ouattara.
Henri Konan Bédié, pour sa part, a mis un accent sur les problèmes sécuritaires et souhaité que des « mesures efficaces » soient prises pour que le scrutin se déroule dans la paix, sans empêchements de vote. « Le Centre de commandement intégré (CCI, état-major mixte ex loyalistes et rebelles) qui doit assurer la sécurité des élections compte en principe 8.000 hommes alors qu’on a plus de 10.000 lieux de vote. Il y a donc un sous-effectif », a-t- il fait savoir demandant « que des dispositions soient prises à temps ».
Le secrétaire général de l’Elysée a également rencontré le Premier ministre ivoirien Guillaume Soro, le chef de la mission onusienne en Côte d’Ivoire, Choi Young-jin , et le représentant du facilitateur dans la crise ivoirienne, Boureima Badini. (Xinhua)
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