Bilan de la gestion publique en 50 ans d`indépendance en Afrique et particulièrement en Afrique de l`ouest« . C`est autour de cette question brûlante d`actualité et une vingtaine de sous-thèmes que réfléchissent, depuis samedi à Abuja (Nigeria) parlementaires, anciens chefs d`Etat, anciens présidents d`institution et d`organisation sous-régionale, experts et universitaires de renom des pays membres de la CEDEAO. La Côte d`Ivoire y est représentée par une délégation de haut niveau conduite par le président de l`Assemblée nationale. La cérémonie d`ouverture de ce colloque, qui a été rehaussée par la présence du président Goodluck Jonathan et Jerry Rawlings, a enregistré des interventions fortes dont celle du Pr. Mamadou Koulibaly. Le chef du Parlement ivoirien a plaidé pour la mise en place d`un Parlement de la CEDEAO avec des pouvoirs législatifs réels afin de promouvoir une véritable politique d`intégration des peuples. Koulibaly a aussi répondu à des questions que tout le monde se posait à Abuja sur l`absence de la Côte d`Ivoire au sein du Parlement de l`organisation sous-régionale. A ce colloque international d`Abuja, le président de l`Assemblée nationale, qui était accompagné des députés, Woi Messé, Williams Attéby, Brissi Jean Claude et Séry Djéhoua, était comme dans son jardin. Un débat de haut niveau sur les 50 années d`indépendance des Etats Africains, un débat abordé avec objectivité, sans faux-fuyant. Des hommes qui ont eu à gérer l`Etat ont parfois été amenés à croiser le fer avec des enseignants et chercheurs, champions de la critique. Tous cherchaient à comprendre pourquoi, en dépit de ses richesses naturelles et de ses ressources humaines de qualité, l`Afrique était toujours à la traîne. Pourquoi l`Afrique de l`ouest est le terreau fertile des coups d`Etat ? Pourquoi l`intégration régionale et sous-régionale marque le pas, alors que les grandes puissances se consolident à travers le rapprochement de leurs Etats ? A cette dernière préoccupation, le Pr. Mamadou Koulibaly a essayé de répondre à travers des propositions très claires. Le député de Koumassi estime, en effet, qu`une véritable intégration des Etats passe par une intégration des peuples de la sous-région. Pour y arriver, il préconise un Parlement de la CEDEAO investi des pouvoirs législatifs réels. Ainsi, au lieu d`être un simple organe consultatif, ce Parlement sera l`émanation des peuples. Chaque Etat sera pris comme une circonscription électorale qui enverra au Parlement de la CEDEAO un nombre de députés proportionnels à la densité de sa population. Mais, ces députés ne seront pas les représentants des Etats dont ils sont issus. Ils se feront élire, au contraire, sous la bannière idéologique. C`est pourquoi, a-t-il expliqué, « il est nécessaire que des partis de gauche, de droite ou d`extrême gauche des Etats de la CEDEAO se rapprochent pour former des coalitions transnationales de manière à prendre en compte les intérêts de leurs militants, à les défendre et à faire adopter des textes au Parlement communautaire« . Pour le Pr. Mamadou Koulibaly, les chefs d`Etat de la CEDEAO ne devraient pas avoir peur de l`avènement d`un tel Parlement qui ne contrarie pas leur pouvoir, mais renforce la bonne gouvernance, la démocratie et les met à l`abri des coups d`Etat et des rébellions. La libre circulation des peuples sera ainsi garantie. Les droits des personnes et des biens seront mieux protégés et on pourra parler de monnaie commune et l`Afrique de l`ouest sera une entité politique et économique forte dans un monde globalisé. Enfin, Koulibaly a rassuré que la Côte d`Ivoire ne siégeait pas au Parlement de la CEDEAO pour des raisons internes liées à la crise et que notre pays, qui ira aux élections dans quelques jours, est en attente de recevoir le siège du Parlement de la CEDEAO qui doit être délocalisé d`Abuja à Yamoussoukro. Le président du Parlement de la CEDEAO, le Nigérien, Mahamane Ousmane, est allé, lui aussi, dans le sens d`une intégration plus affirmée des peuples de la sous-région et d`une reconnaissance des pouvoirs législatifs au Parlement ouest-africain. Quant à l`ancien président Jerry Rawlings du Ghana, il a essayé de rappeler comment des dirigeants africains, qui ont combattu l`oppression coloniale, sont devenus des présidents autocrates et des bourreaux pour leurs peuples. Enfin, le président Goodluck s`est réjoui de l`organisation d`un tel colloque au lendemain du cinquantenaire de son pays, tout en espérant qu`il débouchera sur des solutions bien articulées et pratiques pour aider l`Afrique à sortir des griffes de la pauvreté, des crises armées, de la mal gouvernance et du sous-développement au cours des 50 prochaines années.
10 heures de calvaire de la délégation ivoirienne
attentat a fait 8 morts et plusieurs blessés en plein cœur d`Abuja vendredi dernier, le jour même des festivités marquant le 50ème anniversaire de l`indépendance de ce géant de l`Afrique de l`ouest. Une voiture piégées un jour d`affluence, car plusieurs chefs d`Etat et leurs délégations étaient arrivés dans la capitale de la République fédérale. Dès que l`attentat est survenu, les mesures de sécurité ont été radicalement renforcées. Les forces de police se sont déployées dans toute la ville. Des check-points ont été érigés. L`alerte était au maximum. Du coup, tous les vols, qui devraient rallier Abuja ont été soit retardés, soit suspendus. C`est ainsi que le président de l`Assemblée nationale et sa délégation, qui ont décollé d`Abidjan vendredi matin à 7h15 mn et qui sont arrivés à Lagos via Cotonou à 9h30, ont dû patienter pendant plus de 10h d`horloge avant de rallier Abuja après 21h. En effet, le président de l`Assemblée nationale et sa suite devraient, en principe, faire une escale de 2h tout au plus à Lagos et prendre un vol commercial pour Abuja. Mais, l`attente fut très longue pour ne pas dire harassante. Elle était d`autant plus pénible que la compagnie aérienne ne tenait pas un discours précis et rassurant sur les raisons de ce retard incroyable. Tantôt, on parlait de panne d`avion tantôt de fatigue ou de caprice des pilotes. Et aussi curieux que cela puisse paraître, c`est le président de l`Assemblée nationale qui est venu, lui-même, nous annoncer qu`un attentat venait de se produire à Abuja et que celui-ci avait fait 8 morts. Stupeur générale au sein de la délégation. On comprend les vrais motifs du retard. Va-t-on retourner à Abidjan ? Le chef de la délégation n`entend pas les choses de cette oreille. Il tient à se rendre à Abuja. Avec toute sa suite. Vers 18h30, les responsables de la compagnie aérienne nous servent enfin un rafraichissement et nous informent que le départ est pour 20h30. A l`heure indiquée, c`est presque au pas de course et en usant des épaules que les passagers en colère embarquent à bord du Boeing 737. Après 1H20mn de vol, nous voilà à l`aéroport d`Abuja où nous attendaient l`ambassadeur SE Amidou Diarra et son service d`accueil. Goodluck Jonathan a promis de s`attaquer avec détermination à cette question des terroristes et faire tout pour que pareil accident ne se répète. Il n`est même pas convaincu que ce soit les gens du Delta du Niger qui ont perpétré cet attentat.
Akwaba Saint Clair
Envoyé spécial à Abuja
Le Nouveau Réveil
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