Par Thomas Hofnung – africa.blogs.liberation.fr
Viendra, viendra pas? L’avocat Robert Bourgi, le conseiller officieux de Nicolas Sarkozy pour les affaires africaines, a déjà réussi un tour de force: devenir l’un des principaux enjeux de la visite du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, à Yamoussoukro et à Abidjan ce week-end. Il y a quelques jours, le missi dominici s’est empressé de démentir une information de l’hebdomadaire Jeune Afrique annonçant sa présence au sein de la délégation française. Avec une certaine jubilation, sans doute.
Car cela faisait quelque temps que ce disciple de Jacques Foccart (le Monsieur Afrique de De Gaulle et Chirac) n’avait pas fait parler de lui. En septembre 2009, il avait suscité l’embarras de l’Elysée en affirmant au journal Le Monde qu’il soutenait Ali Bongo, et en insistant lourdement sur sa proximité avec Nicolas Sarkozy. Claude Guéant avait dû monter au créneau, expliquant que l’ami Robert n’était pas ni un porte-parole de l’Elysée, ni un « agent ». Une précision qui n’avait pas convaincu les partisans de l’opposition gabonaise: après la proclamation de la victoire du fils Bongo à la présidentielle, des émeutes anti-françaises avaient éclaté à Port-Gentil.
Robert Bourgi, qui a connu Laurent Gbagbo alors que ce dernier était prof d’histoire à Abidjan, il y a bien longtemps, oeuvre depuis l’élection de Sarkozy à l’Elysée à la réconciliation entre les deux pays. Il a ainsi favorisé une courte rencontre entre les deux hommes, en 2008, en marge d’un sommet Afrique-Union européenne. Mais ce timide réchauffement a fait long feu, Paris liant la normalisation de ses rapports avec Abidjan à la tenue des élections attendues depuis… cinq ans. En janvier dernier, Claude Guéant avait d’ailleurs annulé sa visite à Abidjan en raison de l’enlisement du processus électoral.
Cette fois, on y est presque. La liste électorale vient d’être certifiée par les Nations unies, et les principaux candidats ont donné leur accord. Il ne faudrait pas que l’éminence grise fasse une sortie intempestive, du type: « Je suis l’ami de Laurent Gbagbo, et comme vous le savez, Sarkozy et moi… »
L’Elysée a d’ailleurs fait savoir que Claude Guéant serait reçu par le président Gbagbo, et qu’il profiterait de sa visite sur les bords de la lagune pour rencontrer Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. « La France n’a pas de candidat »: tel est le mot d’ordre, déjà entendu à Libreville après la mort d’Omar Bongo.
La France n’a pas de candidat, mais elle a Robert Bourgi, qui pourrait bien être de la partie à Abidjan, ce week-end. A titre personnel, bien sûr.
© Photo Reuters: le président du Gabon, Ali Bongo, reçu à l’Elysée en juillet dernier.
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