Le miracle est entier. Un couple Nigérian, donc noir, a mis au monde un bébé blanc au sens propre du terme dans un hôpital londonien. Un poupon blanc achevé, n’ ayant aucune trace d’albinisme, et de surcroit blond aux yeux bleu vient agrandir le cercle d’une famille Yoruba, sous le regard médusé de la horde de médecins et de sages-femmes. Inutile de revenir sur l’intégrale bouche-bée des parents eux-mêmes, face à cet événement à tout point de vue ‘sui generis’. Toute théorie d’adultère est à écarter car l’enfant aurait pu, au bas mot, avoir un peu du sang de sa mère. On le sait, bon sang utérin ne saurait mentir.
Les medias du monde s’en sont fait furtivement l’écho et le fait, pourtant insolite, est vite rangé dans les armoires des banalités de l’histoire. Trop important pour être ainsi abandonné, nous procédons ici, à une exhumation de la controverse pour en réaliser une archéologie en règle. De ce fait à la lisière du mystique et du merveilleux, nous pouvons tirer au moins trois leçons utiles :
La première leçon à tirer est une leçon de civisme et d’humilité a l’endroit des bras-exécutants et théoriciens d’une race supérieure. Dans tous les pays du monde la race est souvent vécue comme un facteur « hyper-humanisant » ou « deshumanisant » selon que l’on soit blanc ou noir. Ainsi, les questions liées à sa « pureté » ou à son « impureté », ont causé les guerres les plus atroces que l’humanité ait connues. La doctrine de la race « arienne » d’Adolphe Hitler n’aurait certainement pas pu faire bon ménage avec un tel miracle. On aurait parlé de bébé volé, pour honorer la cause raciste, même s’il est évident que l’enfant a bel et bien jailli des entrailles d’africaine !
Excellente colle pour nazis, si cet enfant naissait du vivant d’un Adolphe Hitler ou de Terre blanche le sud africain, pour attester de l’idiotie qui consiste à mettre sur les plateaux d’une même balance, deux races pour comparaison, pour témoigner de la myopie qui consiste à concevoir des systèmes abjects au nom desquels on fait couler le sang. Volontairement !
Et comme si dieu voulait se mettre en mode de « dialogue directe » avec l’humanité, c’est la race dite inférieure qui engendre celle dite supérieure…
La deuxième leçon est d’ordre religieux. En attendant que Bill Gates engage Microsoft sur un projet de conception d’un logiciel de gestion intelligente des miracles humains, on peut déjà se demander, la trajectoire qu’aurait suivie l’humanité si cette naissance intervenait au temps de Moise, si notre monde n’était pas devenu une civilisation de l’absurde, un monde dubitatif et sans repère qui relativise tout ?
Et si nous étions en face d’un événement religieusement majeur qui place, désormais l’homme noir au centre de l’odyssée humaine, une petite tape divine de consolation sur les épaules noires qui n’ont connu que servitude et colonisation? Sommes-nous, selon toute vraisemblance en face d’une version black de l’histoire de Joseph et Marie ? Un évangile bien précaire a l’heure d’internet et de Facebook !
Et pourtant, c’est notre conviction, cette histoire, au lieu d’être précipitée dans les fosses abyssales de l’oubli, pouvait se lire, conjointement avec d’autres signes-des-temps comme l’ascension d’un noir a la tête des États-Unis d’Amérique, comme la fin de l’apartheid ?… Sait t- on jamais ?
La troisième et dernière leçon est d’ordre social et culturel.
L’enfant blanc issu d’une famille noirs grandira assurément selon la bonne vieille tradition nigériane. Il se nourrira de « tapioca », de « gari » ou de « okra-soup ». Il parlera Yoruba et l’anglais avec un accent très africain. Un tel bambin médusera son entourage et toute sa vie, il symbolisera à jamais la honte vivante des exaltés du racisme pour qui, être noir est une maladie honteuse.
Dans quelques années, l’enfant-phénomène se fera inscrire à l’école primaire. Hormis toute la curiosité qu’il cristallisera sur sa modeste personne, il s’agira surtout de lui trouver une ethnicité dans les documents administratifs, comme c’est bien souvent le cas au Royaume-Uni. Dira t-on qu’il est « black-african », « white-european », « dark-european » ou simplement « other » c’est-à-dire « autre », faute de désignation équitable ?
Véritable cas d’école !
Bakus vous salut !
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