Le Conseil national de la presse (CNP) a fait parvenir un courrier à la rédaction de Notre Voie dans lequel il dit condamner le journal à payer une amende de 5 millions FCFA. Nous ne sommes pas dupes. Nous savons que le Conseil national de la presse (CNP) ne nous porte pas particulièrement dans son cœur. Le sachant, nous nous savions constamment attendus au tournant. C’est la raison pour laquelle nous avons toujours été vigilants. Et, contrairement à ce que croient Eugène Dié Kacou et ses collaborateurs, nous ne sommes pas riches. Bien au contraire, nous nous cherchons comme bien des Ivoiriens. Nous ne pouvons donc pas commanditer un sondage sur les élections en Côte d’Ivoire à un institut français comme Tns-Sofres. Et nous ne l’avons pas fait. Nous n’avons pas non plus publié ou diffusé les résultats d’un quelconque sondage. Ce que nous avons fait dans notre édition du mardi 21 septembre 2010 est ce qui se fait partout dans le monde de la presse. Nous avons commenté l’information mise sur le marché ivoirien depuis le dimanche 19 septembre dernier par l’hebdomadaire parisien Jeune Afrique. Comme le CNP tient coûte que coûte à nous condamner parce qu’il croit que nous sommes tombés enfin dans son piège, il omet volontairement de souligner, dans sa décision, qu’il nous a fait parvenir que les «résultats du dernier sondage Tns-Sofres relatifs aux intentions de vote en faveur des candidats à l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire» ont été publiés par Jeune Afrique. Non, messieurs du CNP, nous n’avons pas analysé les résultats du dernier sondage Tns-Sofres. Nous avons plutôt commenté l’information donnée par Jeune Afrique qui concerne les intentions de vote en Côte d’Ivoire. Nous serions tombés sous le coup de la loi si nous avions été, comme Jeune Afrique, les premiers à publier ces informations que nous aurions reçues auparavant de première main. D’ailleurs, c’est parce que Eugène Kacou et son cabinet le savent bien qu’ils ont pris soin, dans leur constat, de biffer le nom du confrère qui a publié le scoop. Exactement comme le ferait un avocat qui passe par perte et profit les dégâts causés par son client. Or, quand on fait un mauvais constat, on ne peut aboutir qu’à un mauvais résultat. Lisons l’article 39 nouveau, alinéa 5 de l’ordonnance portant ajustements au Code électoral pour les élections de sortie de crise que cite le CNP pour mieux comprendre le faux diagnostic de l’organe de régulation de la presse. Il dit ceci : “Il est interdit de publier ou de diffuser des estimations de vote ou de procéder à l’établissement de sondages sous quelque forme que ce soit, à partir de quelque lieu que ce soit à compter de la publication de la liste électorale provisoire. Le dimanche 19 septembre 2010, de nombreux Ivoiriens vivant à Abidjan dont nous-mêmes ont reçu le numéro de Jeune Afrique qui publiait les informations relatives audit sondage”. Le lendemain lundi 20 septembre, l’information était sue dans tous les bureaux, domiciles, arrêts de bus, petits marchés et grandes surfaces. Bref, partout en Côte d’Ivoire. Elle a été prise dans Jeune Afrique qui se vend dans les kiosques à journaux en Côte d’Ivoire depuis des décennies. Jamais, de mémoire d’Ivoiriens, nous n’avons vu le CNP et son président lever le petit doigt pour interpeller la presse étrangère qui foule pourtant aux pieds les lois de notre République. Quand trois jours après la divulgation du fruit interdit par Jeune Afrique, un journal ivoirien utilise ces informations pour étayer ses analyses, on ne peut valablement pas lui en vouloir de faire son travail. Autrement, où est la liberté de la presse que se doit de défendre le CNP si, en plus, il doit mener une politique de deux poids deux mesures ?
Abdoulaye Villard Sanogo
Notre Voie
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