Un grand moment d’amitié, de confiance et de mémoire partagées, hier, en la Résidence de France. SEM. Jean-Marc Simon, dans le cadre de la célébration du 50e anniversaire de l’accession à la souveraineté nationale des pays francophones, et surtout aussi celui de la Convention de mise à disposition de l’Institut national d’audiovisuel (Ina, France) des archives audiovisuelles et radiophoniques à la Côte d’Ivoire, a remis certains de ces documents précieux pour la mémoire, au ministre de la Communication, Ibrahim Sy Savané. Ce sont, entre autres, 85 documents radios, des cassettes de standards professionnels d’une période d’histoire partagée entre les deux pays. Avant l’indépendance, jusqu’à l’accession à la souveraineté: le périple africain du Général De Gaulle, à Abidjan, Conakry (Guinée), Dakar… célébrant les vertus de la Communauté franco-africaine ; l’inauguration du nouveau port d’Abidjan, où le reporter parle des «indigènes» dansant pour saluer cette ouverture à la modernité (c’était le discours d’une autre époque !) ; le ministre d’Etat de France, un certain Félix Houphouët-Boigny, grande figure de l’histoire africaine parlant, lui aussi «d’autochtones et de métropolitains», aux noms des populations africaines et métropolitaines, et chantant les vertus de la Communauté, qui n’était pas un refus de l’indépendance. On écoutera, avec un brin de nostalgie, son éloquence, la finesse de ses discours, ses prises de position, son attachement à cette France, etc.; on regardera avec fierté le saut qualitatif réalisé par la Côte d’Ivoire en voyant les images de ce qu’elle était, avant l’indépendance, etc.
«En témoignage de l’amitié entre les deux pays, je vous remets ces documents. Je sais que les Ivoiriens en feront un bon usage», dira l’ambassadeur Jean Marc Simon.
Pour le ministre, Ibrahim Sy Savané, cela prouve bien que les liens d’amitié qui unissent les deux pays, «résistent aux grands désaccords et aux petites incompréhensions».
Et ce rassemblement qui va dans le continuum de cette si longue amitié, se dédouble d’une toute particulière qu’exprime en ces termes le ministre: l’importance que la Côte d’Ivoire attache aux archives audiovisuelles et particulièrement à celles d’avant son indépendance. « Cet attachement, précisera-t-il, tient du rôle important que jouent les archives audiovisuelles pour la restitution de notre histoire. En cela, elles font partie de notre patrimoine, et singulièrement de la richesse qui est à préserver et à léguer aux générations futures».
Pour rassurer l’ambassadeur de France, quant à la conservation de ces documents, et à leur bon usage, le ministre de la Communication indiquera que cela est une préoccupation du gouvernement. Qui a inscrit, comme un pan important des politiques de développement du secteur, la sauvegarde de ces précieuses mémoires. Comme en témoignera d’ailleurs la loi de 2004 sur la communication audiovisuelle. Laquelle a posé les fondements d’une vraie politique de gestion des archives visuelles et sonores en créant un Etablissement public de conservation des archives. Mieux, «Nous avons engagé, ajoutera-t-il, depuis le 26 juillet 2010, conjointement avec le ministre de l’Economie et des Finances, un projet de décret qui fixe les mécanismes de fonctionnement et d’organisation de cet Etablissement public». Il va le rassurer davantage, en avançant que, «malgré les difficultés de trésorerie de l’Etat, cet Etablissent sera fonctionnel au cours des prochains mois».
C’est pourquoi, non sans rompre avec l’expertise de l’Ina (le modèle français de conservation des archives a fortement inspiré le projet de conservation ivoirien), il remerciera l’ambassadeur et ses collaborateurs pour leur implication dans ce projet, en prenant en compte les préoccupations ivoiriennes. Surtout «quand il y a eu besoin de faire quelques adaptations du cadre institutionnel de restitution de ces archives, et ce, pour prendre en compte les réalités administratives de notre pays».
La préoccupation et la bonne volonté se sont rencontrées. Et comme le dira le ministre, «Beaucoup de choses sont en effet solubles dans la bonne volonté».
Michel Koffi
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