C’est un grand pas de franchi pour le processus de sortie de crise. Désormais, les nuages sombres qui s’amoncelaient sur le pays s’estompent peu à peu. Le Programme du service civique national vient de réaliser un grand coup. Des ex-miliciens ont décidé de troquer la kalachnikov, sous sa supervision pour s’investir dans le développement de leur région. Ce projet redonne le sourire et l’espérance à un lendemain meilleurs, loin des champs de guerre, à 50 ex- miliciens et 40 jeunes à risque de la région de Bangolo. Incursion dans cet univers dont les protagonistes, il y a seulement quelques mois maniaient avec dextérité les armes à feu.
Bangolo. Dimanche 12 Septembre. Par un curieux concours du hasard, alors que nous sommes invités à prendre part à une séance de vaccination contre la fièvre jaune, la méningite et la fièvre typhoïde, nous découvrons l’univers des ex-combattants du projet de réinsertion sociale. Cette découverte aiguise notre curiosité journalistique. Pourquoi ne pas faire d’une pierre deux coups ? Nous décidons de mener des investigations plus approfondies sur ces ex-combattants et leur nouvelle vie.
La nouvelle vie des soldats démobilisés
Etant issus pour la plus part du groupe d’auto-défense « AD-Wê », ces ex-miliciens, tout de bleu sont à la tâche. Fait curieux. Parmi eux, il y a une jeune femme. C’est d’ailleurs, la seule du groupe. En l’approchant, nous apprenons qu’elle se nomme : Oula Virginie. Cette dernière n’hésite pas à nous confier sa nouvelle vie. Elle nous confie que grâce à l’appui et à l’aide du Pscn, elle arrive à se prendre en charge. Après une période de formation de deux mois à la maçonnerie, elle a appris à fabriquer des briques en Géo béton pour la construction d’habitats. Mère d’une fillette d’environ 6 mois, elle s’est présentée devant l’équipe médicale du Pscn pour se faire vacciner contre la fièvre jeune, la méningite et la fièvre typhoïde. Comme Oula Virginie, 86 jeunes ont aussi été prémunis contre ces maladies. A cette occasion, ces jeunes nous ont confié qu’ils ont définitivement tourné la page de la belligérance pour se consacrer au développement de leur région. « J’ai appris beaucoup de choses. Je suis un homme de métier. Avant, j’étais un maçon. Aujourd’hui j’ai un diplôme qui reconnaît mon mérite. Nous remercions le Pscn pour cette formation et pour avoir fait démentir les préjugés sur le compte des ex-combattants de Bangolo », s’est confié, tout souriant, Doh Thierry, ex-combattants en tenue de formation. Avec sa blouse bleue et son casque de sécurité blanc, il nous a indiqué que désormais, la page de la crise est tournée et qu’il est résolument engagé dans le processus de sortie de paix. Un avis que ses camarades partagent puisqu’ils ont décidé de s’investir dans la promotion de leur région en détruisant les préjugés qui courent sur leur compte. Pour ces ex-miliciens, leur participation à un programme de réinsertion vise à démentir les nombreux préjugés que l’opinion a d’eux. « Nous voulons que les gens sachent que si nous avions été des soldats, il n’en demeure pas moins que nous sommes des hommes. Aujourd’hui, nous avons prouvé que les braquages opérés dans la région ne sont pas de notre fait. Si certains se sont négativement caractérisés, ce n’est pas notre cas. Nous nous connaissons tous ici », a relevé, pour sa part Koui Siehi Iréné. Entouré de ses camarade, il a ajouté avoir reçu une formation qui lui permettra de s’occuper de sa famille.
En ce qui concerne la formation proprement dite, ces ex-miliciens ont appris à manier une presse à géo béton. Ils ont également appris à former des briques géo béton et à construire une maison. D’ailleurs, l’occasion, nous a été donné de les voir à l’œuvre. Sous la direction de M. Tiecoura Daniel, ingénieur, formateur et président de l’Ong «Initiative Locale et Développement Durable», ces jeunes étaient en train de terminer le polissage d’une latrine. «C’est avec beaucoup de satisfaction nous avons encadré ces jeunes. Nous sommes d’autant plus satisfaits qu’en l’espace de deux semaines que nous avons réussi à amener ces jeunes gens à maîtriser la technique de construction avec des géo bétons », a-t-il déclaré. En plus de cette formation classique, ces jeunes ont pris des cours de comptabilité simplifiée pour leur permettre de gérer au mieux, les structures qu’ils auront à mettre sur pied. Mais aussi, en vue de permettre leur facile insertion sociale, ils ont eu droit à une formation au civisme. « Nous sommes vraiment contents du Pscn qui a fait de nous des entrepreneurs et des citoyens qui savent désormais leurs droits et devoirs. Nous avons aussi appris la maçonnerie et nous savons monter des murs », a soutenu Oulaï Sosthène Roméo. Mais au-delà de ces espérances planent encore des doutes. Car jusqu’à présent, ces ex-miliciens sont confrontés à un manque de moyens en vue du démarrage de leurs activités. En plus des pelles et des brouettes qu’ils ont reçues, ils souhaitent que le Pscn les aide à démarrer leurs activités. Pour certains d’entre eux, une formation sans suivie risque de ne pas produire les effets escomptés. «Je suis un homme de métier et ce qui me manquait, c’était un diplôme. Aujourd’hui, grâce au Pscn, je vais en avoir et je suis ravi. Ce que je souhaite, c’est d’avoir de quoi m’installer », a souhaité Baou Denis. Séhoué Monninda Richard, un ancien milicien de Bangolo lui a emboité le pas: « Je souhaiterais que le Pscn nous aide à pouvoir nous organiser en vue de mettre en place des entreprises pour absorber les jeunes bénéficiaires que nous sommes ».
Une préoccupation d’autant plus importante qu’elle permettra d’éloigner définitivement ces jeunes à risque de la tentation de reprendre les armes. Néanmoins, le Maire de Bangolo, Guyry Aimé quand à lui reste confiant quant à l’avenir de ces jeunes. «Nous demandons aux autres jeunes de ne pas se décourager parce que leur tour viendra. Pour le moment, c’est une question de financement et dès que les choses entreront dans l’ordre, ils seront également pris en compte », a-t-il promis.
Service de communication du PSCN
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