Agriculture: En Côte d’Ivoire le cacao supplanté par l’hévéa

Les vergers gagnent du terrain, les planteurs sont optimistes : la Cote d’Ivoire met de grands espoirs dans l’hévéa, tablant sur les revenus réguliers offerts aux paysans. Le cacao en fait les frais.

L’hévéa, ou arbre à caoutchouc, est une bénédiction. Il produit dix mois sur douze. Chaque mois, le producteur qui a livré son latex aux industriels se présente à la banque : « Je suis payé à la fin du mois, comme un fonctionnaire », se réjouit Adama Berté, un des 36 000 planteurs d’hévéa que comptait le pays en 2009. Ils étaient 10 000 en 2000.

Le latex se conserve mieux que les fèves

Berté s’occupe de 25 hectares à Djidjikro, dans la région de Grand-Lahou (littoral sud-ouest), qui lui rapportent environ 3 000 euros par mois. Il ne regrette plus d’avoir abandonné l’école et vient de se faire bâtir une maison.
Trésor de la Côte d’Ivoire, dont elle reste le premier producteur mondial, le cacao fait les frais de ce succès : jusque dans les régions où il régnait en maître, ouest et est, des agriculteurs détruisent de vieux plants de cacao et se mettent à l’hévéa.
Le latex a l’avantage de se conserver bien plus longtemps que les fèves de cacao (secteur avec seulement deux récoltes par an) et est réputé plus rentable.

D’une superficie de 109 000 hectares en 2007, les vergers atteignaient environ 160 000 hectares en 2009. La production a bondi de 180 000 à 250 000 tonnes durant la même période, selon les chiffres de la filière.

Des usines qui oublient de planter

Cependant, certains producteurs redoutent une industrialisation excessive. « Alors que la production est de 250 000 tonnes, la Côte d’Ivoire a des usines d’une capacité de 350 000 tonnes », s’insurge Jean-Pierre Blondeau, directeur général de la Société africaine de plantations d’hévéas (SAPH). Il montre du doigt les usines « qui ne vivent que de l’achat » sans créer de plantations, au risque de surexploiter la ressource.

« Le planteur perçoit 61% du cours du caoutchouc », le reste revient aux industriels, précise Jean-Pierre Blondeau.
Selon les données officielles, la moyenne annuelle du prix du kilogramme de latex payé au producteur ivoirien a pratiquement doublé entre 2004 et 2008 (au printemps dernier, il était à 0,6 euro). Ces prix d’achat sont fixés par l’association des professionnels et manufacturiers du caoutchouc naturel (Apromac), qui chapeaute les organisations du secteur.

Depuis que le Liberia lui a cédé la place vers la fin de sa guerre civile (1989-2003), la Côte d’Ivoire est le premier producteur d’Afrique et le huitième mondial. L’hévéaculture est en plein développement dans le sud forestier, sur le littoral, dans l’ouest et l’est.

dna.fr

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