Après avoir arraché une date tenable pour le scrutin présidentiel, le Premier ministre, Guillaume Soro, maître d’œuvre du processus électoral, s’engage à offrir aux Ivoiriens des lendemains d’élection apaisés.
La méthode Guillaume Soro est en marche. Car, au-delà des élections, c’est surtout la paix que le Premier ministre s’est engagé à donner aux Ivoiriens. Aussi, en sa qualité de chef d’orchestre du processus de sortie de crise, se donne-t-il la peine de capitaliser les acquis du processus de sortie de crise, pour organiser des élections qui ne termineront pas dans la violence, comme ce fut notamment le cas en 2000. C’est cela qui justifie, en partie, les consultations qu’il a eues du lundi au mercredi dernier. Ce sont les candidats à la présidentielle non-membres du Cadre permanent de concertation (Cpc) qui ont été les premiers à être reçus par le locataire de la primature. De source proche de l’équipe de campagne d’un de ces prétendants au fauteuil présidentiel, les candidats non-membres du Cpc ont égréné un chapelet de préoccupations au chef du gouvernement. Outre la question de l’égal accès des 14 candidats aux joutes électorale du 31 octobre prochain, aux médias d’Etat, les hôtes de Guillaume Soro ont mis sur la table, trois autres sujets d’intérêt particulier pour eux. Il s’agit notamment des garanties sur le respect de la date du 31 octobre, les conditions sécuritaires liées à la présidentielle et le remboursement des frais engagés dans la campagne pour le scrutin qui n’a pas eu lieu le 29 novembre dernier. En ce qui concerne l’accès aux médias de service public, Guillaume Soro s’est voulu sans détour : il n’y aura aucune discrimination. Pour lui, en effet, sans distinction, « tous les candidats ont droit » aux médias d’Etat. C’est dans la même posture que s’est trouvé le Premier ministre en donnant une réponse à la question sécuritaire posée par les candidats non-membres du Cpc. Il a promis mettre à la disposition desdits candidats, les forces de sécurité nécessaires.
Objectif : des élections apaisées
« C’est une bonne nouvelle que le Premier ministre ait pris l’engagement de mettre à notre disposition, des personnels de sécurité », s’est réjoui un candidat non-membre du Cpc qui a pris part à la réunion de lundi dernier. Quant à la préoccupation touchant au ‘’dédommagement’’, Guillaume Soro n’aurait pas vu d’inconvénient à ce que l’Etat alloue un fonds de compensation aux 11 autres candidats qui se sentent bien souvent exclus des différents cadres de concertation qui réunissent généralement les trois poids lourds de la scène politique. L’un dans l’autre, ce sont ces éléments que le chef du gouvernement a présentés à ses hôtes comme garantie de la tenue effective du scrutin du 31 octobre. Tout comme devant ces acteurs directs du processus électoral, c’est encore en véritable arbitre des batailles électorales à venir que Guillaume Soro a discuté avec ses autres invités. Avec ceux-ci, c’est surtout le climat qui doit entourer les élections qui a fait l’objet des discussions. Le locataire de la primature qui attache un grand prix à la préservation de la paix avant, pendant et après les élections, a d’abord fait le point du processus de sortie de crise à ses hôtes. « Depuis 2007, nous avons promis l’élection à la Côte d’Ivoire. Nous avons assuré les uns et les autres que nous étions en train d’y travailler et de faire en sorte que nous ayons une élection qui réconcilie, une élection qui conforte la paix. Cela n’a pas été une tâche aisée. La preuve est le temps que nous avons consacré à cette question.
Soro bientôt dans les zones Cno
Mais en même temps, je pense que ç’a été un travail nécessaire qui a permis d’apaiser le climat politique et social », a-t-il soutenu, exhortant ses interlocuteurs à se mettre au service d’élections apaisées qu’il appelle de ses vœux. « Nous voulons une élection apaisée, et j’insiste bien sur le mot apaisé. Je crois que nous Ivoiriens avons déjà suffisamment souffert de cette crise pour souhaiter que l’élection soit triste. Nous allons faire en sorte que les conditions d’organisation de l’élection soient transparentes. La liste est validée par tous les acteurs. Elle est bonne. Il s’agira maintenant pour les Ivoiriens de montrer leur capacité à aller à une élection transparente et en assumer les résultats. C’est ce à quoi je vous invite et je souhaite que chacun joue son rôle et les différentes contributions nous aident à aller à cette élection, dans la sérénité et surtout qu’au lendemain de cette élection, les Ivoiriens puissent se retrouver autour d’un président de façon à travailler pour le développement du pays. Ce que nous attendons du vainqueur, c’est l’humilité de la victoire et des vaincus, l’honneur de la défaite », a ajouté le Premier ministre. Celui-ci a reçu les encouragements de ses hôtes. Car, à l’évidence, certains ont sérieusement douté de sa bonne foi ou de sa capacité à conduire le processus à son terme tel que prescrit par l’Accord politique de Ouagadougou (Apo). En plus des félicitations adressées au chef du gouvernement qui a parfaitement joué sa partition, les religieux, les acteurs de la société civile, les chefs traditionnels, etc., se sont engagés à accompagner Guillaume Soro dans la réussite de sa mission.
Pour sa part, le Premier ministre devrait poursuivre ses consultations après la réunion du Cpc prévue, mardi prochain, dans la capitale burkinabé. Il devrait notamment aller à la rencontre des populations des zones Centre, Nord et Ouest (Cno). A celles-ci, le maître d’œuvre du processus de sortie de crise va présenter aussi les acquis obtenus grâce à l’Apo. Il devra insister sur la liste électorale définitive, consensuelle, la première que les Ivoiriens ont depuis l’indépendance. L’importance de cette tournée vient du fait que ce sont les questions qui sont à la base des revendications des Forces nouvelles. La tournée qu’il fera dans quelques semaines avant l’ouverture de la campagne électorale, contribuera également, à coup sûr, à décrisper davantage le climat pour des élections apaisées.
Marc Dossa
Nord-Sud
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