(REPORTAGE Xinhua)
Il n’y a pas que la course aux études dans le milieu des élèves dans des quartiers défavorisés d’Abidjan.
Situation oblige, la course aux poissons s’est aussi instaurée, et des élèves d’Abidjan s’y donnent à coeur joie. Norbert Oussou, 12 ans, est de ceux-là.
Chaque matin, cet élève en classe de cinquième dans un collège de la ville arpente chaque jour les ruelles du village de Blockhauss pour se retrouver au bord de la lagune, à quelques encablures d’un bidonville.
C’est là, à côté d’une vieille pirogue abandonnée, que se trouve son matériel de travail : deux cannes à pêche, une boite contenant des vers de terre utilisés comme appat, et des sacs de jute réservés au transport du poisson.
Son frère cadet, Hervé Oussou, 9 ans, est au Cours moyen deuxième année (CM2) à l’école primaire de Blockhauss.
Il veille sur le matériel avec une grande vigilance, car les concurrents sont nombreux, et les cas de vol ne sont pas rares.
Une complicité perceptible s’est établie entre les deux frères, déterminés à faire de la pêche un moyen de se prendre en charge, pour permettre à leurs parents de « souffler ».
Ce matin là, la joie est au rendez-vous sur le rivage de Blockhauss. Parmi une horde d’enfants, les frères Oussou se distinguent par leur sourire ostensible.
A peine 11 heures sur l’horloge local et déjà 20 poissons dans la corbeille.
« La vente du poisson nous rapporte par jour entre 1000 et 2000 FCFA (entre 1,5 et 3 euros). Cela nous suffit. On veut juste de quoi satisfaire nos besoins », énonce Norbert Oussou avec un large sourire.
« Notre père est cuisinier et notre maman ne travaille pas. Nous sommes nombreux à la maison et nous faisons cette activité pour nous débrouiller », explique-t-il.
La vente des poissons se fait généralement sur place avec des acheteurs habitant dans les quartiers environnants.
Ces enfants issus d’une famille de 10 enfants sont conscients que la rentrée scolaire en Côte d’Ivoire a débuté depuis le lundi 13 septembre.
Mais ils savent aussi que cette rentrée se déroule de manière timide, compte tenu des difficultés des parents d’élèves.
En attendant que les cours soient effectifs, Norbert et Hervé continuent l’activité de pêche à laquelle ils s’adonnent depuis la période des vacances.
Un ver de terre accroché à un hameçon plongé dans l’eau à l’aide d’une canne, et le tour est joué pour attirer un ou plusieurs poissons.
Cette activité demande de la patience car autant on peut attraper un poisson après avoir à peine plongé la canne dans l’eau, autant il est aussi possible d’attendre plusieurs heures avant d’avoir ce précieux animal.
« Il y a même des fois où on n’a rien mais on ne se décourage pas. Il y a aussi des moments où on pêche de gros poissons et d’autres moments où nous n’attrapons que des alevins (tout petits poissons) », renchérit Norbert Oussou.
Toujours est-il qu’au-delà des peines, cette activité procure la joie chez ces élèves et dans leurs familles.
« Nous avons déjà acheté une partie de nos fournitures. Nous allons encore chercher de l’argent pour acheter l’autre partie et nous faire aussi un peu d’argent de poche quand les cours vont véritablement commencer », affirment les jeunes garçons Norbert et Hervé.
Cette activité délibérément choisie par ces élèves est loin de s’arrêter après le début effectif des cours. Même pendant l’année scolaire, ils promettent de continuer la pêche aux poissons, notamment les samedi, dimanche et les jours fériés.
« Souvent, à des moments difficiles, l’argent de la vente de nos poissons nous permet d’aider notre mère à assurer le repas », confient les gamins.
A Abidjan, la pêche occasionnelle pratiquée par des jeunes élèves vient ainsi côtoyer la pêche professionnelle pratiquée par hommes de métier rompues à la tache.
De l’avis de ces garçons, tous les moyens sont bons pour assurer ses cours, car seul le résultat scolaire compte : la réussite.
Ils ont la ferme conviction d’y arriver, en utilisant la ferme détermination qui leur permet de concilier étude et pêche. (Xinhua)
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