« Nous devons reconstruire la digue sur des bases solides ». Ces propos du chef de l’État ivoirien, Laurent Gbagbo, parlant des relations entre la Côte d’Ivoire et la France, ne semblent pas être des paroles de charme lancées à l’endroit des autorités françaises. Elles sont accompagnées d’actes concrets. En effet, après la réhabilitation complète, aux frais de l’Etat de Côte d’Ivoire , de l’école française Jacques Prévert, qui avait été détruite à la suite des événements anti-français de novembre 2004, et dont les clés ont été remises à l’ambassadeur de France en Côte d’Ivoire, Jean Marc Simon, le 31 août dernier, Laurent Gbagbo va encore consentir des efforts. Cette fois, il s’agit, selon « La Lettre du Continent » (LC) dans son édition du 16 septembre 2010, de l’indemnisation des expatriés français vivant sur le sol ivoirien, qui ont subi des préjudices durant les manifestations patriotiques de novembre 2004. La Lettre du Continent précise dans une dépêche dont nous avons reçu copie, que « l’ambassadeur de Côte d’Ivoire en France, Pierre Kipré, a suggéré de sortir les dossiers. L’un d’eux est celui des Francais spoliés au cours de ces événements, qui attendent toujours un début d’indemnisation ».
Si, comme le souligne le journal d’Antoine Glaser, l’ambassadeur Pierre Kipré veut sortir du tiroir et dépoussiérer les dossiers de novembre 2004, on imagine que cette décision est partagée par le président de la République ivoirienne, Laurent Gbagbo, qui l’a nommé à ce poste en France. Dans ce climat de dégel en effet, le chef de l’Etat ivoirien affiche de bonnes intentions. L’indemnisation des victimes françaises de novembre 2004, apparaîtrait comme un autre signal fort que le locataire du Palais d’Abidjan envoie à son homologue de l’Elysée. En tout cas, à en croire La Lettre du Continent, l’affaire est sérieuse, et se trouve même au menu de la visite annoncée de Claude Guéant, le bras droit du président Sarkozy, dans la capitale économique ivoirienne.
Laurent Gbagbo et son hôte devraient discuter des modalités de cette indemnisation. Mais avant ce tête-à- tête, il faut rappeler que des pas ont été posés, qui augurent de la bonne collaboration entre les deux Etats dans cette affaire. Après plusieurs tentatives infructueuses, notamment auprès des autorités françaises et ivoiriennes, l’association de défense des entreprises sinistrées de Côte d’Ivoire (Adesci), dirigée par Alain Balzer, peut enfin se réjouir. Revendiquant 40 entreprises, et réclamant 12 millions d’euros, soit environ 7.860.000.000 fcfa, le groupe de Balzer avait dépêché, par le passé, des émissaires dont Thierry Mariani, député Ump, et Philippe Evanno, pour discuter de leur indemnisation avec l’Elysée. Ils n’ont pas eu gain de cause. Dans une seconde tentative, cette fois par le biais de Guy Labertit, un ami fidèle au président ivoirien Laurent Gbagbo, une audience a été obtenue au Palais d’Abidjan. Au cours de celle-ci le 28 mai 2008, Balzer a eu, selon la Lettre du Continent, la confirmation d’un accord de principe d’Abidjan pour indemniser les victimes françaises. Cet accord se serait soldé par la mobilisation d’une somme de 6 milliards de fcfa, et bloquée au Trésor ivoirien, au titre de la quote-part de la contribution pour la reconstruction affectée au secteur privé. Les modalités d’utilisation de cette somme attendent les discussions entre les autorités françaises et ivoiriennes. Dans cette perspective, Balzer qui affirme, selon la Lettre du Continent, que les portes de l’Elysée lui sont fermées, rencontrera l’ambassadeur ivoirien Pierre Kipré le 21 septembre prochain.
L’indemnisation des victimes françaises de novembre 2004 est donc en cours. Le rapprochement des présidents Laurent Gbagbo et Nicolas Sarkozy, qui se déroule apparemment sous de bons auspices, pourrait faciliter les choses. En tout cas, le chef de l’Etat ivoirien paraît dans de bonnes dispositions pour » construire des relations sur des bases solides avec la France ». Reste à savoir ce qu’il gagne en retour.
Hamadou ZIAO
L’Inter
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