Par jesusparis – Source / auteur: Greenpeace Afrique
Cette semaine, deux des chauffeurs ivoiriens ayant transporté des déchets toxiques provenant du géant Trafigura en 2006 ont essayé, à plusieurs reprises, de contacter la direction de l’entreprise à son siège social à Amsterdam. Les deux hommes ont voulu demander des excuses du géant pétrolier pour avoir caché la nature nocive des déchets qu’ils étaient chargés de transporter, provenant du navire Proba Koala. Par la suite, ces déchets ont été transportés à différents endroits à Abidjan, et aux alentours d’Abidjan. Selon les autorités ivoiriennes, 16 personnes sont décédées suite aux conséquences du contact avec les déchets, et des dizaines de milliers de personnes sont tombées malades. Les chauffeurs affirment également avoir subi personnellement de mauvaises conséquences suite au transport des substances transportés. Trafigura prétend que les déchets n’ont causé aucun sérieux dommage.
A deux reprises, la visite de Doumbia Siaka et de Amadou Bakayoko au siège social de Trafigura à Amsterdam n’a eu aucun résultat. Bakayoko : « Nous sommes déçus, parce que Trafigura n’a pas voulu nous parler. Nous aurions aimé poser quelques questions au directeur de l’entreprise, et lui demander de présenter ses excuses au peuple ivoirien. Nous aurions également voulu lui demander de nous faire des excuses, à nous les chauffeurs, pour avoir apporté lesdits déchets à Abidjan ».
Finalement, un employé de l’entreprise pétrolière a accepté une lettre des ivoiriens. Cette lettre était adressée au directeur, Claude Dauphin. Dans un courriel, une agence de relations publiques, établie à La Haye, et représentant Trafigura, a fait savoir que « la direction de Trafigura n’est pas disponible pour un entretien téléphonique avec les chauffeurs de camions citerne ivoiriens ». Récemment, la société Trafigura a été condamnée pour exportation illégale de déchets toxiques.
Par contre, Siaka et Bakayoko ont pu s’entretenir avec le Ministère Public aujourd’hui. Marietta Harjono, chef de campagne en matière substances toxiques de Greenpeace : « Pour la plus grande partie, le Ministère Public n’a pas pris en considération, jusqu’à aujourd’hui, les conséquences des événements en Côte d’Ivoire. Ce qui est étonnant, vu le fait que les réels dommages, et les vrais problèmes physiques et mentaux, ont été causés à Abidjan. Il est très important que le Ministère Public fasse tout pour poursuivre Trafigura au sujet des événements en Côte d’Ivoire. Il n’est pas acceptable que des crimes environnementaux commis par des entreprises néerlandaises, même si ceux-ci sont commis loin de nos frontières, restent impunis.
Lors de leur visite aux Pays-Bas, Siaka et Bakayoko ont aussi été reçus par le directeur du « Service Environnement et Contrôle du Bâtiment » de la ville d’Amsterdam. Un accueil leur a également été réservé par la centrale de traitement de déchets « Main » (anciennement APS). La ville d’Amsterdam, ainsi que APS, ont joué, en 2006, un grand rôle lorsqu’il s’agissait de savoir si le navire Proba Koala devait être autorisé à quitter le port d’Amsterdam. La municipalité d’Amsterdam et APS ont été poursuivies en justice pour avoir rechargé les déchets toxiques dans les cales du navire Proba Koala, mais récemment, la municipalité, ainsi que APS, ont été acquittées.
Au début de cette année, les ivoiriens se sont adressés à Greenpeace pour relater ce qui s’est passé, à leurs avis, il y a quatre ans, et sur ce qui s’est passé après. Ils prétendent, tout comme les autres chauffeurs qui ont transporté les déchets, qu’on ne les a jamais mis au courant de la nature nocive du produit. Les avocats de Trafigura auraient également cherché à les contacter pour les faire signer de fausses dépositions en échange d’argent. Dans ces dépositions, ils devraient, entre autres, prétendre qu’ils n’étaient pas tombés malades suite aux contacts avec les produits. Par conséquent, au mois de mai de cette année, Greenpeace a porté plainte auprès du Ministère Public. Trafigura dénie ces accusations également.
Greenpeace a également porté plainte, l’année passée déjà, auprès de la Cour d’Appel de La Haye, en reprochant au Ministère Public de ne pas avoir poursuivi des faits délictueux. L’objectif de Greenpeace était de poursuivre en justice Trafigura également pour les évènements en Côte d’Ivoire. [1]
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