Double scrutin du 13 octobre: Le Fpi de Gbagb « ne reconnaîtra pas le résultat »
Point de presse en présence de Simone Gbagbo
Le 6 août 2018, dans son adresse à la Nation, à l’occasion de la fête de l’indépendance de notre pays, le Chef de l’Etat, M. Alassane Ouattara, déclarait ceci : « Comme le recommande notamment la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, j’ai instruit le Gouvernement à l’effet de réexaminer la composition de la Commission électorale indépendante (CEI). Je souhaite, en effet, que les prochaines élections soient inclusives et sans violence »
Mais, le 5 septembre 2018, soit un mois plus tard, de retour d’un voyage en Chine, il revenait sur cet engagement pris devant la Nation et devant la Communauté internationale en ces termes : « La réforme de la Commission électorale indépendante ne concerne que l’élection présidentielle de 2020. Il n’y aura donc pas de report des élections locales du 13 octobre prochain »
Sur ce reniement public de la parole donnée, qui n’honore nullement le Chef de l’Etat et son gouvernement et qui humilie la Côte d’Ivoire, le FPI s’est déjà abondamment prononcé, en dénonçant ce recul inacceptable, cette volte-face inadmissible qui conduit à nouveau la Côte d’Ivoire vers un horizon d’incertitudes et de crispation.
Le FPI qui s’est toujours réclamé un parti d’élection et qui affichait son ambition de participer à tous les scrutins, exprime à nouveau sa déception et son indignation, face à cette volonté du Chef de l’Etat. D’autant que M. Ouattara avait fini par reconnaitre avec l’opposition ivoirienne, la société civile, l’ONU et la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, le caractère illégal et illégitime de l’actuelle Commission électorale indépendante. Et pourtant, le chef de l’Etat persiste à maintenir en l’état cette CEI disqualifiée depuis le 17 novembre 2017, date d’échéance du délai de 12 mois imparti à l’Etat de Côte d’Ivoire pour s’exécuter.
Le FPI a appelé le Chef de l’Etat à se ressaisir en reportant les élections du 13 octobre 2018 et à ouvrir, sans attendre, des discussions avec l’ensemble de la classe politique sur la réforme de notre système électoral. En vain. Une fois de plus, notre appel est resté sans réponse, pire, une fin de non-recevoir lui a été opposée avec mépris et arrogance.
Ainsi, le choix de voler la victoire électorale, le choix de patauger dans la fange de l’illégalité, pourvu que cela rapporte des « sièges électifs », a été, malheureusement, opéré par le pouvoir depuis 2011 ; au détriment du choix de la raison, du choix de la légitimité démocratique, du choix de la Côte d’Ivoire qui doit renouer avec la dignité d’un Etat respectueux de ses engagements internationaux.
Or, le FPI en réclamant, depuis toujours, une CEI conforme aux normes démocratiques, a mis en avant les intérêts des Ivoiriens ainsi que leurs droits, ignorés depuis l’avènement au pouvoir du RDR, de voir enfin organisées, des élections transparentes, impartiales, inclusives et crédibles. Le FPI exigeait ainsi un système électoral qui garantisse l’égalité de chance à tous les candidats, quels que soient leurs bords politiques, au lieu d’organiser des compétitions électorales qui donnent la victoire sans mérite à des candidats, à des groupement et partis politiques.
Face à cette option d’exclusion prise par le pouvoir actuel, le FPI est triste pour la Côte d’Ivoire qui mérite mieux et prend à témoin l’ensemble des ivoiriens ainsi que la communauté internationale, de la volonté, clairement affichée, de M. Alassane Ouattara de confisquer le pouvoir au profit de son parti, le RDR, par tous les moyens, notamment, la violence, le mensonge et la duplicité. Ce faisant, il viole le droit des citoyens de choisir librement leurs dirigeants, comme l’indique l’arrêt de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Placé dans la situation où le Chef de l’Etat veut recruter des complices de son forfait qui consiste à refuser d’appliquer l’arrêt de la Cour africaine lui faisant injonction de réformer la Commission électorale indépendante en vue de la rendre impartiale et transparente, le FPI ne tombera pas dans ce piège grossier !
Le FPI est parfaitement conscient que le pouvoir est dans l’attente de sa participation à ces élections locales, pour s’en saisir et mettre en avant l’argument du double langage, de l’incohérence de notre parti qui voudrait une chose, la transparence électorale, et son contraire à savoir tirer avantage d’une CEI contestée. En d’autres termes, si le FPI participe à ces élections locales c’est que la CEI n’est pas si impartiale qu’il veut le faire croire et qu’elle n’a pas besoin d’être profondément réformée !
Non ! le FPI répète haut et fort que cette Commission électorale est définitivement disqualifiée et le Chef de l’Etat, dans son adresse du 6 août 2018, l’a bien reconnu.
Au vu de ce qui précède, le FPI, soucieux de voir la Côte d’Ivoire renouer avec des élections véritablement transparentes et démocratiques, n’a pas d’autre choix que de se tenir éloigné des élections locales du 13 octobre 2018, élections dont il a été délibérément exclu par le Chef de l’Etat, et qu’il considère d’ores et déjà comme illégales et illégitimes.
En conséquence, le FPI demande à tous ses militants et sympathisants partout sur l’ensemble du territoire, à tous les démocrates et à l’ensemble des ivoiriens, de sabstenir de prendre part à ces élections-piège du 13 octobre 2018. Le FPI ne cautionne ni candidat ni parti ou groupement politique pour ces élections locales, cette énième forfaiture de M. Alassane Ouattara.
Une quelconque participation du FPI à ce scrutin du 13 octobre 2018, conforterait M. Ouattara dont l’objectif est de faire croire à l’opinion internationale et particulièrement à la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples que les Ivoiriens n’ont rien à reprocher à la CEI actuelle et qu’ils peuvent s’en accommoder. Sur la question de la réforme de la CEI et de l’exigence d’élections transparentes, démocratiques et inclusives, le FPI observe un devoir et une démarche de cohérence dans le combat qu’il mène depuis 2011.
A la vérité, M. Alassane Ouattara cherche la caution des Ivoiriens pour ne rien céder par la suite sur la réforme de la CEI.
Le FPI reste convaincu que la volte-face qu’il a opérée sur la question de la réforme de la CEI, le 5 septembre 2018 constitue un test. Si cette manœuvre est réussie avec la complicité des Ivoiriens, rien ne s’opposera alors à ce qu’elle soit répétée après ces élections locales. Le FPI appelle donc les Ivoiriens à la vigilance, car le pouvoir Ouattara est dans un jeu solitaire consistant à endormir les populations par de vagues promesses, afin de parvenir aux échéances de 2020 en évitant de réformer le système actuel d’organisation des élections, un système taillé à sa mesure. Le FPI n’acceptera jamais une démarche solitaire du pouvoir RDR qui consisterait à imposer un schéma non consensuel d’une réforme de la CEI.
Le FPI ne reconnaitra pas les résultats des élections locales du 13 octobre et invite les Ivoiriens à ne pas reconnaitre ces résultats.
Le FPI réaffirme sa ferme détermination à mener maintenant et demain, le combat de la transparence électorale qui passe par une CEI réformée de façon consensuelle, un découpage électoral équitable et consensuel, un fichier électoral assaini dans un cadre consensuel et un environnement électoral sécurisé.
A cet effet, le Front Populaire Ivoirien réitère l’appel solennel au rassemblement qu’il a lancé le 28 août 2018 en direction du peuple de Côte d’Ivoire dans toute sa diversité, à l’ensemble des forces sociales et politiques, aux fins d’obtenir l’ouverture, sans délai, des discussions pour la mise en place d’une nouvelle CEI consensuelle, préalablement à l’organisation de tout nouveau scrutin.
Le FPI invite tous ses militants, les démocrates, les organisations de la société civile, tous les partis politiques et tous les Ivoiriens, soucieux de voir enfin, la CEI organiser dans notre pays des élections véritablement transparentes, démocratiques et inclusives, à le rejoindre dans ce combat pour la libération des élections confisquées depuis 2011, par le pouvoir RDR ; ce qui permettra, à terme, d’obtenir des réformes véritablement consensuelles, la restauration de la démocratie et la normalisation de la vie publique à l’issue d’un véritable processus de réconciliation nationale.
Plus que jamais, l’heure du rassemblement autour de la Côte d’Ivoire a sonné.
Notre pays nous y appelle instamment !
Fait à Abidjan, le 10 octobre 2018.
Pour le Front Populaire Ivoirien,
Le Président par intérim
Abou Drahamane Sangaré
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