Source: afrobarometer.org/Mo Ibrahim Foundation publié par Le Nouveau Courrier
Des Ivoiriens dans leur grande majorité sont épris de justice, de paix et veulent aller à la réconciliation. Mais les actions du régime Ouattara ne les y encouragent pas. Un sondage réalisé en Côte d’Ivoire donne une idée claire des aspirations des populations.
En continuant de mener une politique violente d’ostracisme contre ce qu’il considère comme son opposition, le pouvoir Ouattara s’aliène un très grand nombre d’Ivoiriens. Un sondage réalisé en mars dernier, dans le cadre de l’initiative Afrobaromètre, notamment financée par la Fondation Mo Ibrahim, et réalisé localement par le Centre de Recherche et de Formation sur le Développement Intégré (CREFDI), et dont les résultats sont disponibles depuis fin octobre sans avoir été vraiment diffusés, le démonte clairement. 1200 Ivoiriens adultes, représentatifs de la population (la marge d’erreur est de 3%) ont été interrogés, et une majorité d’idées se forge autour d’une conception de la réconciliation qui n’a rien à voir avec les pratiques actuelles du pouvoir. C’est ainsi que 89% des Ivoiriens sont d’accord/tout à fait d’accord sur le fait que la réconciliation passe par une justice équitable « pour toutes les parties prenantes ». Rien à voir avec la justice des vainqueurs qui se déroule sous nos yeux.
65% des Ivoiriens pensent que la réconciliation passe par «la libération de tous les prisonniers politiques». 51% des Ivoiriens sont favorables à la loi d’amnistie que l’opposition, FPI en tête, réclame de tous ses vœux. Même si 72% des personnes pensent que des procès doivent tout de même avoir lieu et que des coupables doivent être désignés avant d’être amnistiés. Par ailleurs, interrogés sur quel parti ils voteraient dans le cadre d’une future élection présidentielle, les sondés n’ont été que 21% à désigner le RDR (15% de ruraux et 26% d’urbains). En dépit de la chape de plomb qui pesait alors sur ce parti dont l’ensemble de la direction demeurait en prison ou en exil (on était en mars 2013), 18% de courageux osaient dire qu’ils se prononceraient pour le FPI (24% de ruraux et 13% d’urbains). 12% de sondés disaient qu’ils ne voteraient pas, et 17% affirmaient qu’ils ne savaient pas. 10% refusaient de répondre. Bien entendu, il est raisonnable de penser qu’une grande partie de l’électorat du principal parti d’opposition se cachait derrière ces réponses évasives, alors que le fait d’être « pro-Gbagbo » peut conduire droit en prison. Seuls 12% des sondés disaient qu’ils voteraient pour le PDCI. 10% évoquaient d’autres partis. Les réponses aux questions sur la réconciliation montraient en tout cas aisément de quel côté penche la « majorité sociologique ». Le pouvoir Ouattara n’a qu’à bien se tenir.
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