Le président de la Commission Dialogue, vérité et réconciliation (CDVR), Charles Konan Banny a préconisé jeudi des audiences publiques couvrant la période de 1990 à 2011, estimant que ce sont ces audiences qui montreront le vrai visage de ce qui ne sera pas beau à regarder.
«La recherche de la vérité de 1990 à 2011 est le vœu de la majorité des ivoiriens consultées. La CDVR prévoit faire un appel public aux victimes de 1990 à 2011», a déclaré M. Banny en remettant le rapport de sa Commission au Chef de l’Etat, Alassane Ouattara, au cours d’une cérémonie au palais présidentiel du Plateau.
«La CDVR est née dans un environnement non encore débarrassé de ces conflits», a poursuivi l’ancien Premier ministre ivoirien, soulignant que la consultation n’a pas été faite avant la mise en place de son institution.
«Le financement de la CDVR a connu des difficultés. Un accord préalable entre les partis avant la mise en place de la CDVR n’a pas été fait», a-t-il ajouté en soutenant que «bâtir une armée aux valeurs d’intégrité accélère le désarmement et la réinsertion des ex-combattants».
Au titre du renforcement de l’unité nationale, Charles Konan Banny pense qu’il faut rendre effective l’application de la loi sur le foncier et gérer la pression foncière liée au phénomène migratoire.
Il propose également la reprise du recensement général de la population. «Il faut relever que les attaques armées ont entrainé conséquemment des arrestations. Tous ceux-ci a compliqué la réconciliation », a fait remarquer M. Banny selon qui « on a l’impression que la justice est sélective».
Quand au président, Alassane Ouattara, il a promis de faire en sorte que la Côte d’Ivoire ait une justice équitable. Il s’est également engagé à mettre en œuvre les recommandations de ce rapport. Créé en 2011 la CDVR a achevé son mandat en septembre dernier.
Avec APA
Le président de la commission vérité et réconciliation tance la presse ivoirienne
AFP
ABIDJAN – Le président de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR) ivoirienne a critiqué jeudi les médias de son pays, dont la responsabilité est engagée dans la crise postélectorale de 2010-2011, mais qui n’ont pas su en « tirer la leçon ».
« Deux ans après la grande crise que nous avons traversée, nous n’avons pas tiré la leçon », a déploré Charles Konan Banny, ancien Premier ministre ivoirien et cadre du PDCI (l’ancien parti unique), nommé en 2011 président de la CDVR.
« Je ne vois pas la différence quand je lis la presse ivoirienne », a lancé M. Konan Banny en remettant un rapport de sa commission au président Alassane Ouattara.
« On n’a pas dit qu’il fallait s’embrasser sur la bouche tous les matins, mais vous avez un pays à sauver ! », s’est-il exclamé, appelant les médias ivoiriens à « faire un effort ».
Les médias ivoiriens, dont une partie est très politisée, ont parfois envenimé la crise, qui a fait plus de 3.000 morts à la suite de l’élection de M. Ouattara, contestée par le chef de l’Etat alors en exercice Laurent Gbagbo.
Les invectives d’un camp à l’autre par unes de journaux interposées restent encore relativement fréquentes aujourd’hui.
Un journaliste connu pour ses sympathies pro-Gbagbo a été tué, une première depuis mai 2011, et un autre, travaillant pour un quotidien pro-régime, enlevé puis relâché cette semaine en Côte d’Ivoire.
Reporters sans frontières a qualifié jeudi l’environnement ivoirien de « menaçant pour les professionnels des médias ».
L’enquête de la police ivoirienne, qui montre que le journaliste abattu est la victime malheureuse d’un braquage, selon un porte-parole du gouvernement, est contestée par la presse d’opposition, qui y voit la main de « miliciens pro-Ouattara ».
Active depuis septembre 2011, la CDVR est vertement critiquée par la société civile pour son manque de résultats.
« Elle n’a absolument pas rempli son rôle », notamment en raison de manque de volonté politique et des moyens financiers insuffisants, avait dénoncé en octobre Me Patrick Baudouin, le président de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH), interrogé par l’AFP.
Jeudi, M. Konan Banny, dans un très long discours, n’a fourni qu’une liste de recommandations basiques aux autorités : « accélérer le désarmement et la réinsertion des ex-combattants » ou encore « renforcer l’éducation à la culture de la paix ».
Le président Ouattara a qualifié le travail du président de la CDVR d‘ »impressionnant » réalisé en « si peu de temps ».
jf/ck/aub
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »144902495576630″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Les commentaires sont fermés.