Par Connectionivoirienne.net la Rédaction | 05-10.2012
La dernière actualité entre la Côte-d’Ivoire et le Togo fut celle exhibant l’ex patron de Total-Elf, Loïk Le Floch-Prigent arrêté manu-militari à l’aéroport d’Abidjan et mis dans un avion sans autre forme de procès en direction du Togo. Plusieurs mois plus tôt, le tout premier ministre de la défense de l’ère Gbagbo en Côte-d’Ivoire, Lida Kouassi Moise, exilé politique, s’était vu extrader par les autorités togolaises vers Abidjan. C’était l’air complètement effaré que « Lida le Juda » effectuait son retour forcé d’exil. Aux dires de certains diplomates africains, ces deux extraditions n’auraient pas été faites selon les normes de procédure équitable. Il s’agissait ni plus ni moins « d’enlèvements d’État qui traduisent les relations étroites entre la Côte-d’Ivoire d’Alassane Ouattara et le Togo de Faure Eyadéma dans le domaine militaire. »
Hamed Bakayoko et le Togo
Mi-août, début septembre 2012, l’opinion publique ivoirienne avait pu lire dans une poignée de journaux, l’acquisition par la Côte-d’Ivoire de quatre aéronefs hélicoptères de type Puma. Selon certains de ces quotidiens parmi lesquels le très pro-Soro « Nord-Sud », le ministre ivoirien de l’Intérieur Hamed Bakayoko, suite à l’attaque du camp militaire d’Akouédo, avait révélé ces achats d’hélicoptères militaires par l’administration Ouattara, dans un pays sous embargo militaire de l’Onu. L’information n’a curieusement pas fait long feu.
Violation de la résolution 2045 de l’Onu
Pour autant selon nos informations, la Côte-d’Ivoire tentait depuis l’accession d’Alassane Ouattara au pouvoir, à se reconstruire une défense aérienne. La première tentative auprès des autorités guinéennes pour la restitution des aéronefs achetés du temps de Laurent Gbagbo et gardés en Guinée voisine s’était soldée par un échec. Le pouvoir Ouattara devait trouver d’autres moyens d’acquisition.
En complicité avec le Togo et selon toute vraisemblance au vu et au su des autorités françaises, un mécanisme sera vite trouvé, avec pour but de contourner la résolution 2045 du Conseil de sécurité de l’Onu et le règlement n° 428//2009 du 5 mai 2009 du Conseil de l’union européenne traitant de la réexportation et de l’utilisateur final d’un bien exporté. Une note des renseignements militaires togolais et un certificat d’utilisation finale dont Connectionivoirienne.net a pu obtenir copies, confirment désormais ce scénario. En effet, entre le 15 et le 17 août 2012, 4 hélicoptère français « de combat et de transport civil » PUMA S.A. 330 ont été « officiellement » vendus au Togo. Coût total de l’opération, plusieurs milliards tirés de la « petite » vingtaine de milliards de FCFA réservés aux affaires militaires dans le programme d’urgence présidentiel de sortie de crise en Côte-d’Ivoire. Le colonel Alou Cilabalo de la D.G.M.S.M. du Togo est présenté comme le cerveau de cette transaction illégale. Quelques de jours plus tôt, c’est un Hamed Bakayoko euphorique mais visiblement sonné par l’attaque d’Akouédo, qui annonçait l’acquisition des hélicoptères, avant de se rétracter et de demander à la presse de faire le black-out sur l’affaire. Le ministre s’était entre temps selon des diplomates, fait tirer les oreilles par ses complices et ses supérieurs. Car ces hélicoptères étaient officiellement destinés au Togo et non à la Côte-d’Ivoire comme utilisateur final. De bonnes sources, la transaction à forte odeur de retro-commissions, aurait aussi été facilitée par des intermédiaires ayant servi dans l’achat du Boeing présidentiel racheté à la famille Hariri du Liban par l’actuel président ivoirien, après sa prise de fonction. Le sulfureux Nizar Dalloul de Comium et Alain Donwahi (Conseil national de Sécurité) feraient parties de ces go-between « facilitateurs » de cette transaction, selon nos sources. L’achat du Boeing ayant appartenu à Raffik Hariri, l’ex premier ministre du Liban mort assassiné, avait été ébruité par la Lettre du Continent et La Lettre A. Une information abondamment reprise par d’autres médias.
Complicités
Les complicités de l’Onu, de l’Union européenne, de la France et du Togo dans l’acquisition des hélicoptères PUMA ne font aucun doute. L’ancien parton de l’Onu en Côte-d’Ivoire, le Sud Coréen Choi avait à ce sujet dans l’une de ses dernières interviews, reconnu avoir laissé la rébellion ivoirienne et les FDS de Laurent Gbagbo, violer l’embargo onusien. L’essentiel selon le prédécesseur du Néerlandais Bert Koenders, consistait pour l’Onu à garder son avantage dans les airs, après la destruction complète de la flotte militaire ivoirienne par l’armée française en 2004, suivie de l’empêchement de vol fait aux avions militaires ivoiriens stationnés en Guinée voisine.
Risques d’escalade militaire
Avec l’achat illégale des quatre hélicoptères militaires PUMA S.A. 330 et le réarmement d’Abidjan à coup de plusieurs dizaines de milliards de Fcfa en temps officiels de « réconciliation, deux dangers se pointent à l’horizon. Le premier concerne la radicalisation de la Résistance Ivoirienne dans un contexte politique encore très tendu en Côte-d’ivoire. La lecture d’un message confidentiel reçu de la Résistance Ivoirienne achève de convaincre: « (…)En définitive, fort des informations partagées ci-dessus, la Résistance politique et militaire avec ses alliés s’engagent à dénoncer cette violation du règlement (CEE)N°428/2009 du 5 avril 2009 et de la résolution 2045 du 26 avril 2012 du conseil de sécurité de l’ONU relatif à l’embargo sur les armes en Côte d’Ivoire, afin d’informer largement l’opinion nationale et internationale sur les raisons pour lesquelles la Côte d’ivoire et le Togo pourraient être traités par la Résistance révolutionnaire ivoirienne comme des cibles militaires de premier objectif.(…) »
Le second danger concerne les relations entre la Côte-d’Ivoire, le Togo et le Ghana. Les deux premiers pays cités accusent régulièrement le Ghana d’héberger leurs opposants politiques et militaires. Pour rappel, le Togo et le Ghana ont une longue tradition d’accusation mutuelle depuis les temps de père Eyadema jusqu’à l’arrivée au pouvoir de son rejeton Faure. Le National Democratic Congress (NDC) des Jerry Rawlings, feu Atta-Mills et John Dramani actuellement au pouvoir au Ghana, n’a jamais été en odeur de sainteté avec le clan Eyadema au pouvoir depuis 1967. Et les récents troubles politico-militaires au Togo et en Côte-d’Ivoire n’augurent pas aussi de lendemains sans dangers pour le Ghana, un pays en période électorale. Enfin, ce réarmement du pouvoir à Abidjan au nez et à la barbe de l’Onu ne serait pas du goût de la classe politique ghanéenne et de l’opinion publique ghanéenne, toutes tendances confondues. La Côte-d’Ivoire et le Ghana gèrent un autre contentieux sur leurs frontières maritimes et la délimitation des zones d’exploitation des immenses réserves d’or noir découvertes aux larges de leurs côtes respectives.
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