Côte-d’Ivoire Sansan Kambiré: « On a tous un problème de santé », Ouraga: «Je peux me regarder dans un miroir»

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Par Connectionivoirienne

Face à face comité d’experts-journalistes – Ouraga Obou règle ses comptes:

« Quand je me regarde dans un miroir, je n’ai pas honte de ma figure»

• Sa définition d’ « Ivoirien d’origine »
• Sansan Kambiré (ministre de la Justice) : « On a tous un problème de santé »

Le Comité d’experts qui a rédigé l’avant-projet de constitution a rencontré hier à l’Hôtel Ivoire la presse pour une explication de texte. L’occasion pour Ouraga Obou de tenter de convaincre que le texte remis au chef de l’Etat rassemble l’ensemble des aspirations du peuple ivoirien. C’est à juste titre que terminant son discours liminaire Ouraga a glissé ces propos équivoques : « Le texte est une œuvre juridique et il faut que le peuple s’y reconnaisse. Celui que nous avons remis au chef de l’Etat, le peuple s’y reconnait-il ? C’est au peuple de décider.

Agacé par les propos de certains leaders politiques qui le traitent de mercenaire et remettent en cause sa probité, Ouraga Obou s’est lâché. « Moi juriste mercenaire, j’ai présidé le comité qui a rédigé la constitution de 2000 dont certains se prévalent aujourd’hui. Moi mercenaire je préside le comité qui rédige la constitution de 2016 », répond-il avant d’ajouter plus loin : « Je ne suis pas dans un suivisme moutonnier. J’ai fait trois ans au Conseil constitutionnel. Je suis avocat et je parle de ce que je sais. Au Conseil constitutionnel, j’ai été menacé par des candidats mais j’ai fait annuler leur élection. Le matin quand je me réveille que je regarde mon miroir, je n’ai pas honte de ma figure. (…) Je mets quiconque au défi de me prouver que j’ai reçu quoi que ce soit. »

Cette précision faite, Ouraga Obou et certains membres du comité d’experts ont répondu à plusieurs questions des journalistes.

La clause de la limitation d’âge qui saute
Selon Ouraga Obou, la constitution de 1960 n’incluait pas la limite d’âge. C’est en 2000, poursuit-il, que tirant les conséquences de la longévité au pouvoir d’Houphouët, les plus jeunes contrairement aux plus âgés au sein du comité de rédaction ont estimé qu’il fallait fixer l’âge minimum à 35 ans et le maximum à 70 ans. Finalement, il a été retenu l’âge minimum de 40 ans et 75 ans pour le maximum afin de contenter les deux groupes à cette époque. A présent, « je ne sais pas pourquoi on se focalise sur l’âge. Dans la constitution américaine, il n’y a pas de limite d’âge », estime Ouraga Obou.

Les notions d’ « Ivoirien d’origine » et « exclusivement de nationalité ivoirienne »

Ces notions qui captivent l’attention de certains politiciens et observateurs de la scène politique en ce qu’elles sont discriminatoires et floues ont été expliquées par les membres du comité. Pour Ouraga Obou, l’Ivoirien d’origine est un jeu de mots qui a la même valeur que « ivoirien de naissance ». « L’Ivoirien de naissance est celui qui est né d’un parent ivoirien quel que soit le lieu où il est né. L’ivoirien de naissance est la même chose que l’ivoirien d’origine. L’enfant qui naît d’un ivoirien qu’il soit naturalisé ou pas, est un ivoirien d’origine », ajoute le président Ouraga. Quant au ministre de la Justice Sansan Kambiré, il renvoie tout le monde au titre 2 du code de la nationalité qui parle de l’attribution de la nationalité ivoirienne à titre d’origine. Selon cette disposition, dit-il, la nationalité ivoirienne peut s’acquérir par naturalisation. Il a également expliqué que pour être ‘’exclusivement’’ ivoirien, il faut renoncer à l’autre nationalité en ce qui concerne les binationaux.

La clause de bon état de santé physique et mentale du candidat qui saute

Ici le professeur Ouraga Obou fait valoir que ce n’est pas parce qu’on est dans un fauteuil roulant qu’on est devenu déliquescent. Pour étayer son propos, il prend l’exemple du président Roosevelt qui, selon lui, bien que dans un fauteuil roulant ne fut pas un mauvais président des Etats-Unis. Pour le ministre Kambiré, il faut éviter que ceux qui veulent se maintenir au pouvoir utilisent la constitution pour exclure. « Qui n’est pas malade ? On a tous un problème de santé. On a fait trop de juridisme (par le passé) pour empêcher les autres », tente-t-il de justifier.

La nomination des sénateurs

Sur le sujet, Pr. Ouraga Obou évoque le cas canadien. Dans ce pays d’Amérique du Nord, dit-il, les sénateurs sont nommés. Membre du comité d’experts, le magistrat et professeur Kobo Pierre Claver estime pour sa part qu’on ne doit pas se focaliser sur l’élection car elle n’est pas le seul gage d’indépendance. « Le Sénat est la chambre de pondération des passions. C’est la chambre de réflexion. Si on veut être indépendant, on peut l’être. Beaucoup de gens nommés peuvent avoir meilleure indépendance que ceux qui sont élus. On sait comment se passent les élections dans le pays », se convainc-t-il.
Au total cette rencontre de clarification aura été un rendez-vous de vérité. Pr. Ouraga Obou a indiqué qu’elle était loin d’avoir éclairé toutes les zones d’ombre. Il a reconnu que ce qui est facilement admis dans les amphithéâtres de droit pouvait ne pas l’être dans la masse. D’autres rendez-vous d’explication de texte sont donc prévus.

SD à Abidjan

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