Connectionivoirienne.net | Réalisée par Gbansé Douadé Alexis | 14.07.2016
Dans cette première partie de l’interview qu’il a bien voulu nous accorder, le Docteur en Philosophie, enseignant-chercheur à l’Université d’Abidjan-Cocody, Simplice Dion explique pourquoi il est convaincu d’être l’un des prochains députés de Man-Commune à la suite des prochaines législatives annoncées pour la fin de l’année 2016 en Côte-d’Ivoire. Monsieur Dion, membre du Bureau Politique du PDCI-RDA, évoque aussi son admiration pour le PM Charles Konan Banny, dont il fut le Directeur National de Campagne à la présidentielle de 2015. Le fils du regretté Dion Robert, premier député-maire de l’histoire de Man, ne manque pas d’épingler le manque d’alternance générationnelle et les combines au sein des partis politiques ivoiriens. La seconde partie de l’interview qui sera mise en ligne demain vendredi portera principalement sur le développement de la ville de Man que notre interlocuteur n’hésite pas à qualifier de «ville sinistrée».
Bonjour monsieur Dion. Vous êtes connu des Ivoiriens comme l’ex DNC du candidat Charles Konan Banny à la dernière présidentielle. Vous êtes désormais candidat aux prochaines législatives dans la commune de Man. Pouvez-vous nous expliquer le sens de votre candidature ?
Simplice DION : Je confirme que je suis candidat aux législatives dans la circonscription électorale de Man commune. Je précise que je serai un candidat indépendant. Les raisons qui fondent cette démarche sont, d’abord, politiques. En effet, comme tout citoyen ivoirien digne de ce nom, je souhaite apporter mon obole, ma modeste contribution au progrès de mon pays et, partant, de ma région d’origine. Il est vrai qu’on peut servir son pays à tous les niveaux ; mais servir ses concitoyens au niveau politique revêt un caractère particulier. J’y vois un apprentissage, une formation, un sacerdoce. C’est le service aux hommes, à la communauté, à autrui. C’est donc un engagement qui, pour moi, a valeur de privilège en raison du pouvoir extraordinaire de transformation de la politique. Ensuite, je suis candidat pour que la Côte d’Ivoire avance sur le chemin du développement harmonieux et prospère ; pour que la Côte d’Ivoire redevienne un pays de paix et de réconciliation vraie. Je veux être député pour faire partager à mes concitoyens ma vision de la politique et de la gestion de la chose publique. Enfin, je veux être député de Man commune pour une raison personnelle et affective. Cette ville qui m’a vu naître m’a tant donné, m’a tout donné. Elle m’a tracé et forgé un parcours, donné un capital, nourri mes rêves d’enfant et d’adulte. Man vit en moi et moi en elle. Je suis reconnaissant à cette terre et je veux m’engager pour elle, en pensant à l’immense contribution des pionniers, nos pères bâtisseurs, aux sillons qu’ils ont tracés, à la sueur de leur front, parfois même dans le sang glorieux de leurs sacrifices. Je pense aux anciens, à tous les anciens, à tous ces valeureux compagnons de Félix Houphouët-Boigny ; je pense à mon père bien-aimé feu Robert DION, de regrettée mémoire, premier député-maire de Man, cette figure tutélaire de la politique à Man que je n’ai malheureusement pas connu mais dont j’ai pris l’engagement de poursuivre l’œuvre…
On vous sait militant du PDCI-RDA, le parti de votre défunt père, le député Dion Robert, 1er maire de la ville de Man dans les années 60. Partez-vous sous la bannière de votre parti aux législatives ?
SD : J’aurais tant voulu être le porte-étendard de mon Parti aux législatives de 2016 à Man, car je suis PDCI. Et je le revendique. Ce parti, dont je suis membre du Bureau politique, reste pour moi le plus grand parti de Côte d’Ivoire, malgré tout. Cela dit, la gestion de sa représentation à Man a, de tout temps, fait l’objet de divisions au point de ne plus inspirer confiance. La transparence dans les affaires locales et le besoin naturel de nivellement de valeurs dans toute formation politique, sont un luxe que la délégation PDCI de Man ne peut pas se payer. Je ne souhaite donc pas en rajouter à la division, ni être un bouc-émissaire de clivages inutiles et interminables. Au contraire, à l’image de mon père (et les témoignages de ses anciens compagnons encore vivants le confirment), je veux rassembler. Je veux être un trait d’union entre les tenants d’un conservatisme inexpliqué et les hérauts d’une modernité à conquérir. En tant que citoyen libre, je veux exercer mon droit légitime et constitutionnel à me porter candidat là où je pense, humblement, pour pouvoir apporter ma petite part à la construction de l’édifice collectif.
Pensez-vous avoir des chances de victoire sans le soutien de votre parti, le PDCI-RDA ?
SD : pourquoi pas ? Autrement, je ne m’y engagerai pas, n’est-ce pas ? Alors, plus sérieusement, mes chances de devenir député de Man sont de 100%, car j’ai le soutien de mes parents, des jeunes, des femmes, des aînés et de tous ceux qui croient que le vent du changement doit souffler sur le Tonkpi. Je les en remercie. Je serai député de la commune de Man.
Quels sont vos rapports actuels avec l’ex-PM Charles Konan Banny ?
SD : Assurément, des rapports de père à fils. Il a été et il reste un inspirateur de grande qualité. C’est un grand homme d’Etat. Je l’admire et je le respecte pour ce qu’il a donné à la Côte d’Ivoire.
Pouvons-nous nous attendre à plusieurs autres candidatures issues de la «mouvance Banny» aux prochaines élections locales ?
SD : Aux côtés du Premier ministre CKB, j’ai découvert des hommes et des femmes de grande valeur. Des hommes et des femmes passionnés, pleins d’idées, compétents, structurés, loyaux, dévoués aux valeurs et principes démocratiques. Comme moi, certains d’entre eux sont candidats dans leurs régions d’origine. Avec eux et mais aussi avec d’autres qui n’ont jamais côtoyé M. Banny, nous sommes entrain de nous organiser pour être là où nous devons être afin de défendre notre vision du futur souhaité et souhaitable pour la nouvelle Côte d’Ivoire. On ne peut donc pas parler de « mouvance Banny » même si, comme je vous l’ai dit plus haut, mes rapports personnels avec ce grand patriote et homme d’Etat sont excellents. Je n’ai jamais rencontré un homme d’Etat aussi dense et capable de vous parler des grandes problématiques actuelles avec une profondeur et une pédagogie inégalables. Le combat que mes amis et moi voulons mener aujourd’hui, c’est de porter la parole politique de la « nouvelle espérance ivoirienne ». Oui, je suis à la tête d’un groupe de Cadres d’attaches politiques diverses qui demandent à siéger à l’Assemblée nationale de leur pays pour défendre l’idéal d’une « espérance nouvelle pour une Côte d’Ivoire nouvelle ». Nous travaillons actuellement à la mise en place d’une plate-forme politique qui rassemblera tous les candidats indépendants qui leur servira de rempart et d’arme de combat politique. Pour dire les choses comme je le pense, de manière abrupte, beaucoup d’Ivoiriens, et nous avec, en ont assez de la corruption, des intrigues et de l’envahissement des partis politiques traditionnels. Aujourd’hui, dans notre pays, le système des partis est étouffant, inhibiteur, écrasant, donc révoltant. C’est un système qui combat la vertu et promeut la médiocrité. On donne des perles à ceux qui n’ont pas de cou, et on refuse des perles à ceux qui en ont. On désigne parfois des candidats sans coffre et sans ancrage réel et l’on sacrifie ceux qui ont la légitimité à la base. Tout cela produit des candidatures indépendantes qui sont stigmatisées et parfois violemment combattues par ces mêmes partis. Mes amis et moi avons décidé de créer la plate-forme des candidats indépendants pour montrer que la légitimité démocratique vient du peuple réel et non de l’appareil corrompu et sectaire des partis politiques. Notre vision est celle d’une Côte d’Ivoire politiquement désenclavée et dé-ghettoïsée. Nous voulons porter aux Ivoiriens une espérance nouvelle avec un discours nouveau et une parole droite, juste et efficace. Tous ceux qui se retrouvent dans cette vision peuvent et doivent nous rejoindre. Nous sommes ouverts à tous les courants parce que nous sommes convaincus que c’est à la conjonction des courants que prend naissance le fleuve du renouveau démocratique de la Côte d’Ivoire. Nos bras sont ouverts à tous ceux qui épousent notre cause ou qui veulent nous soutenir de diverses manières.
Pourquoi choisissez-vous le poste de député de Man-commune et non une candidature aux régionales ou aux municipales ?
SD : Je crois avoir déjà répondu à cette question (rire). Sérieusement, j’ai besoin de défendre une vision. Mes amis et moi avons besoin de porter la parole de l’espérance en une Côte d’Ivoire nouvelle, réconciliée, démocratique. Et le parlement n’est-il pas le temple par excellence de la parole politique ? C’est au parlement qu’on parle. J’ai besoin de parler. C’est au parlement qu’on vote des lois. Je veux voter des lois démocratiques et modernes pour mon pays au profit de mes concitoyens. Je dois être au parlement. Je serai député !
Pour quelles raisons, selon vous, les populations de Man devraient-elles voter pour vous et non pour un autre candidat ?
Un député doit, me semble-t-il, être un homme courageux, convaincu, engagé, imprégné des problématiques qui gouvernent l’Etat et la société démocratique. Un député doit, me semble-t-il, posséder une culture politique suffisamment solide et être un homme d’action et de terrain. Il doit incarner une vision de développement et porter des valeurs humaine, sociale et philosophique. Un député ne peut pas se permettre d’être un béni-oui-oui qui vote les lois sans les interroger ni en maîtriser la portée et les enjeux. Il doit être critique, il doit savoir prendre de la distance intellectuelle, et interagir avec ceux qui lui ont donné mandat. Il doit être un ardent défenseur des libertés et un protecteur des droits civils et politiques. Je crois sincèrement, et avec humilité, que mon parcours intellectuel, les différents combats politiques auxquels j’ai participés ou que j’ai menés jusque-là, plaident largement en ma faveur.
Fin première partie
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