Côte d’Ivoire – Honte à Monseigneur Spiteri et à ses porteurs !

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Par Jean-Claude DJEREKE

Ce matin, j’ai vu une photo sur laquelle S.E. Monseigneur Joseph Spiteri, l’Ambassadeur du Vatican en Côte d’Ivoire, est porté dans un hamac par des fidèles catholiques de Fresco. Certains internautes estiment que c’est ainsi que les hôtes de marque sont accueillis dans certaines régions de la Côte d’Ivoire; par conséquent, ils disent ne pas être choqués par ce type d’accueil. Pour ma part, je ne suis pas seulement choqué. Je suis aussi dégoûté par ce que les soi-disant chrétiens catholiques de Fresco ont fait; je trouve l’acte qu’ils ont posé indigne. Pourquoi est-il indigne? Parce que Jésus naquit et vécut pauvrement, parce qu’il était contre le culte de la personnalité, parce qu’il abhorrait le carriérisme, les premières places, titres et privilèges, parce qu’il ne voulait pas que ses disciples se fassent appeler “Rabbi” ou “Père”.

De plus, les porteurs font honte à l’ Afrique qui se bat pour rester digne et debout. En d’autres termes, ils rament à contre-courant de cette Afrique qui veut en finir avec le faux complexe d’infériorité à l’égard du Blanc qui n’est ni plus intelligent ni plus vertueux que le Noir. Il suffit d’étudier avec des Occidentaux et de passer quelques années dans leur pays pour s’apercevoir que, là-bas aussi, on trouve des cancres, des corrompus, des fainéants, des lâches et des vauriens. Et puis, peut-on prendre pour modèles des pays où les personnes de même sexe sont désormais autorisées à se marier? Que nos frères de Fresco arrêtent donc de penser que le Blanc est plus saint, plus fort et plus réfléchi que le Noir.

Quant au nonce italien, il montre simplement qu’il n’a rien compris à l’Évangile qui fait l’éloge de la simplicité et de l’humilité; l’ambassadeur du Vatican se comporte plus en touriste qu’en serviteur de l’Évangile car, s’il était vraiment un homme de Dieu, non seulement il serait attiré par les choses simples mais il dénoncerait la violation des droits de l’homme par Dramane Ouattara, alerterait le pape François sur la situation des exilés et prisonniers politiques au lieu de courir apres ce que saint Paul appelle « la vaine gloire ». Devant son silence sur les crimes de la France et de Ouattara en Côte d’Ivoire, on est tenté de penser que, pour lui, comme pour beaucoup d’évêques et de prêtres ivoiriens, Jésus Christ n’est qu’un moyen pour avoir argent, pouvoir et honneurs. Prendre des risques, mourir conmme Jésus pour le triomphe de la vérité et de la justice, est le dernier de leurs soucis. Ce qui les intéresse d’abord et avant tout, c’est être vus avec les riches et puissants, manger à leur table, marier la progéniture de ces derniers, bénir leurs maisons et voitures. Toutes choses qui amènent certaines personnes à dire que la prêtrise ou le pastorat n’est plus une vocation mais un business, que nombre de prêtres et de pasteurs ne servent pas Jésus mais se servent de lui ou de son nom pour s’enrichir et qu’ils seraient les premiers à

Le crucifier s’il revenait parmi les hommes parce qu’ils le verraient comme un empêcheur de tourner en rond. Dommage que Spiteri et d’autres se comportent de la sorte car l’Église a donné de bien meilleurs témoins de l’Évangile. Qu’on pense, par exemple, à Mère Teresa qui s’occupa des gens mourant dans les rues de Calcutta (Inde), à l’abbé Pierre qui ouvrit les yeux de la France entière sur les personnes confrontées au rude hiver de 1954, à Jean-Paul II qui apporta un soutien franc et public à Lech Walesa et au mouvement Solidarnosc dans une Pologne dirigée d’une main de fer par le général Jaruzelski. Qu’on songe aussi au rôle joué en 1990-1991 par Mgr Isidore de Souza dans le passage du marxisme-léninisme à un régime démocratique au Bénin, à l’absence de Mgr Paul Dacoury-Tabley à la consécration de la basilique de Yamoussoukro pour ne pas cautionner la dernière lubie d’Houphouët, à la présence du cardinal Bernard Yago au palais de justice d’Abidjan en 1992 quand les Laurent Gbagbo, Degni Segui et d’autres étaient jugés. Nul doute que ces prophètes du 20e siècle ont donné à beaucoup l’envie de suivre le chemin tracé par le Nazaréen. Je crains, en revanche, que la course aux honneurs, au pouvoir et à l’argent, qui semble préoccuper le plus les Spiteri et consorts, ne détourne nombre d’Ivoiriens et d’Africains du message chrétien.

En résumé, ce qui s’est passé à Fresco prouve que certains prêtres et pasteurs vivent un christianisme qui se contente de rappeler ce que le Christ a dit et fait tout en se gardant d’imiter son exemple. Il va sans dire que ce fossé entre le dire et le faire les rend incontestablement peu crédibles. Que faire face à ce type de personnes? Quelle doit être notre réaction devant ces gens qui, par leur silence, donnent l’impression d’être les complices d’un Occident qui domine, piétine et exploite l’Afrique francophone depuis plusieurs décennies? Déserter leurs églises, boycotter ce qu’ils font, ne sera pas suffisant. Nous devons également les combattre. Comment? Non pas en prenant l’épée contre eux mais en leur disant qu’ils sont des imposteurs, qu’ils n’ont rien à voir avec Jésus qui prit fait et cause pour les petits et les pauvres et qui, au début de son ministère, dans la synagogue de Nazareth, déclarait ceci: “L’Esprit du Seigneur est sur moi; Il m’a consacré; Il m’a envoyé proclamer la bonne nouvelle aux pauvres, briser les chaînes des captifs, rendre la vue aux aveugles, libérer les opprimés… » (Luc 4, 6-11).

Jean-Claude DJEREKE

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