A 14 petits mois de la fin du mandat du Président Ouattara (l’homme qui avait plaidé pour un seul mandat de cinq ans), tout semble indiquer que la Côte d’Ivoire ne sera politiquement, ni militairement, ni sociologiquement prête pour la tenue d’élections aux résultats incontestables en octobre 2015.
Le tableau des défis à relever pour éviter le remake douloureux de 2010 s’assombrit au fur et à mesure que l’on s’achemine vers l’échéance fatidique.
– Imbroglio à propos des textes, de la composition et du fonctionnement de l’organe central en charge de l’organisation matérielle et de l’arbitrage impartial des opérations électorales.
– Blocage à propos de la présidence de cet organe (CEI);
– Palabres à l’horizon lorsqu’il s’agira de la création des organes déconcentrées de la CEI au niveau des régions, districts et nombreux départements du pays.
– Programme Désarmement, Démobilisation et Réinsertion boycotté par une frange importante des milices;
– Émergence d’une nouvelle vermine baptisée « les microbes » à la place du Commando Invisible, tels des essaims d’abeilles en extension sur l’ensemble des communes d’Abidjan, face auxquels le gouvernement fait montre d’une inquiétante impuissance;
– Indiscipline au sein de l’appareil militaire et sécuritaire d’Etat dont les sauts d’humeurs lors des cérémonies de passation de charges de ces derniers jours en constituent les signes visibles;
– Situations sécuritaire explosives dans les forêts frontalières de l’ouest du pays, avec des incursions fréquentes de tueurs dont le gouvernement impute la responsabilité à des miliciens libériens quand la haute hiérarchie parlementaire indexe les communautés autochtones, propriétaires terriens;
– Meetings d’opposants empêchés au nord, à Odienné, et dans certaines communes d’Abidjan dont Abobo. Particulièrement sur le mobile des meetings empêchés, les premiers magistrats des communes concernées sembleraient avoir décrété des persona non grata dans le périmètre communal afin de préserver l’intégrité physique des animateurs des meeting contre la vendetta des parents des victimes de la dernière crise post électorale. Cet argument à lui seul suffit à craindre pour la prochaine campagne présidentielle. Si en temps normal, l’opposition ne peut pas animer un simple meeting à Abobo, qu’en serait-il lors de la campagne électorale ?
Au delà de tous les sujets de friction entre le gouvernement et l’opposition, la question, c’est de savoir si le contexte militaro-socio-politique sera propice à une élection sans explosion de violence meurtrière en 2015.
Faut-il adopter la politique de l’autruche en allant aux élections avec le risque réel de réveiller les vieux démons de la guerre, ou se donner le temps de s’organiser politiquement, matériellement et psychologiquement, même si le prix à payer par l’opposition, serait que leur adversaire commun et rival Alassane Ouattara reste au pouvoir durant une période de 18 mois supplémentaires?
Il reste une et une seule voie à explorer: Négocier une courte période de transition politique sous réserve de l’acception de cette solution par le pouvoir RHDP.
Et au moment où le Président Ouattara a le sentiment de sortir vainqueur si l’élection a lieu en 2015, il n’est pas évident que le Pouvoir accède à cette requête.
Sûrement, la coalition RHDP au pouvoir serait favorable à cette éventualité, si elle avait été proposée par l’opposition un an plutôt.
« Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on la perdu ».
Nous étions l’unique voix qui avions suggéré cette solution en 2013, au moment où l’opposition, tous partis confondus, prise dans l’euphorie à cette époque, pensait être à mesure de battre dans les urnes Alassane Ouattara en 2015.
Bien sûr que cette suggestion ne manquera pas de susciter une levée de bouclier pour les esprits émotifs de part et d’autre. Mais, elle est la seule qui préservera ce pays contre les déchirements expérimentés en 2000, 2002, 2010,2011 et dont les séquelles perdurent encore.
Avons-nous le droit d’en rajouter une fois encore aux risque d’installer irrémédiablement ce pays dans la même situation que la Lybie post- Kadhafi ?
Les 18 mois de transition politique dont le premier ministre serait issu de l’opposition seraient mis à profit pour bâtir une CEI crédible et consensuel puis pour parvenir à la réconciliation vraie avant de s’aventurer à nouveau dans un schéma identique au scénario électoral de 2010.
Si le pouvoir RHDP estime que sa victoire est imminente et ne juge pas nécessaire de désarmer les rancœurs avant la présidentielle, libre à lui.
Si l’opposition estime qu’ Alassane Ouattara ne mérite pas une prolongation de 18 mois, libre à elle.
Mais ce serait oublier que 18 mois de bonus concédés à l’amiable est préférable à 5 ans arrachés sans consentement avec les risques connus.
Chacun joue son rôle avec la certitude que l’avenir commun nous engage tous, et que, nous serons tous comptables de la bonne ou mauvaise organisation de la prochaine élection présidentielle.
Autant être lucide, et le plus tôt serait le mieux.
La proposition est-elle constitutionnellement faisable ?
Oui, au moyen de l’article 48 .
K. DAPA Donacien
Chroniqueur Indépendant
[Facebook_Comments_Widget title= » » appId= »331162078124″ href= » » numPosts= »5″ width= »470″ color= »light » code= »html5″]
Les commentaires sont fermés.