Gbagbo aux 26 militants PPA-CI libérés: En Côte d’Ivoire, “ce n’est pas la loi qu’on suit’’

Recevant les 26 militants de son parti récemment incarcérés puis libérés, l’ancien chef de l’Etat ivoirien, président du Parti des peuples africains (PPA-CI, opposition), Laurent Gbagbo, a pointé mardi le dysfonctionnement de la justice en Côte d’Ivoire, où la loi n’est pas suivi, selon lui.

“Vous n’avez rien fait, vous n’avez posé aucun acte répréhensible devant la loi (…) Mais comme ici, ce n’est pas la loi qu’on suit…Tu as beau faire tout ce qui est légal pour que quelqu’un soit dehors, tu n’es pas sûr qu’il soit dehors à cause de ce tu sais. Puisque ton arrestation n’est pas basée sur la loi à plus forte raison la sortie’’, a déclaré face aux 26 militants, M. Gbagbo, qui avait à ses côtés quelques membres de la direction de son parti.

Condamnés le 9 mars en première instance par la justice ivoirienne à deux ans de prison ferme pour trouble à l’ordre public, ces 26 militants du PPA-CI ont vu leurs peines commuées en sursis au terme d’un procès en appel. Ils ont été libérés jeudi.

Ils avaient été arrêtés le 24 février puis incarcérés à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Ils étaient accusés de troubles à l’ordre public après s’être rassemblés, en soutien à Damana Pickass, le secrétaire général du parti, convoqué pour s’expliquer devant un juge d’instruction sur son rôle présumé dans l’attaque d’un camp militaire à Abobo qui avait fait trois morts et un blessé en 2021.

Ce dernier était ressorti libre de son audition, mais avait plus tard été inculpé pour “atteinte à la sûreté de l’État, participation à des activités de terrorisme, blanchiment d’argent et détention d’armes’’.

“On convoque le Secrétaire général d’un parti. Des gens vont l’accompagner et on les arrête. Mais on voit ça partout’’, a poursuivi l’ancien chef de l’Etat, prenant l’exemple des régulières comparutions de l’ex-président français Nicolas Sarkozy devant la justice : “il est tout le temps devant les tribunaux et pour des faits graves, des faits de corruption. Mais chaque fois qu’il va au tribunal, il n’a jamais été seul. Il est suivi, accompagné. Alors où est le problème ?’’

Pour Laurent Gbagbo, “il n’y a pas de problème’’ tant que “celui qui accompagne quelqu’un au tribunal (…) n’empêche pas la procédure de se dérouler et le droit d’être dit’’.

“Mais nous sommes en Côte d’Ivoire. Nous sommes dans le Tiers-monde. Hélas ! Nous sommes dans le Tiers-monde où la loi est spéciale, où le droit est spécial’’, a-t-il ajouté, avant d’exhorter ces 26 militants à ne pas céder au découragement et à la peur.

“L’objectif de ceux qui vous ont arrêtés, c’est de vous décourager de militer (…) Ne vous découragez pas, ne vous démobilisez pas parce qu’ils vont continuer à nous arrêter’’, a-t-il toutefois averti.

Serge Alain KOFFI

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