Côte-d’Ivoire: « Plusieurs femmes ont sollicité les parrainages de leurs partis, sans être retenues aux législatives » (CNDH)

Edwige FIENDE

Alexandra Azaud, cheffe du département Droits des femmes, des enfants et personnes vulnérables du Conseil national des Droits de l’homme (CNDH) en Côte d’Ivoire a déploré le rejet des candidatures de « plusieurs femmes » qui avaient « sollicité le parrainage de leurs partis » politiques pour les législatives du 06 mars, dans une Interview à ALERTE INFO.

Dans une déclaration, le CNDH a fait observer que les listes des candidatures aux législatives des partis politiques ne satisfont pas au quota de représentation de 30% » de femmes tel que prévu par la loi, est-ce à dire qu’on devait rejeter les candidatures des partis ?

Ce que nous avons décrié ici, c’est la mise en œuvre de la loi et non du code électoral. Etant donné que ce n’est pas une obligation, c’est la raison pour laquelle elle n’a pas été respectée. Par contre le code électoral est respecté. Le code électoral recommande une alternance de sexe. Dans l’analyse que nous avons faite, l’alternance a été respectée dans les circonscriptions de plus de deux sièges. C’est seulement cette condition qui a été respectée par contre au niveau global des candidatures féminines, les 30% n’ont pas été respectés.

Vu que ce n’était pas une obligation pour les partis, pourquoi une telle déclaration ?

La première mise en œuvre de cette loi, ce sont les élections législatives. Nous qui veillons à la promotion des Droits de l’Homme, en l’occurrence la promotion des droits civiles et politiques de la femme, il nous revenait de faire ce constat. Avant d’avoir plus de femmes dans les assemblées élues, il faudrait avoir ce minimum de candidatures de sorte à garantir les 30% dans les assemblées élues, sur les listes, on n’a pas 30%, est-ce qu’on pourra avoir 30% à l’Assemblée nationale, c’est une manière d’attirer l’attention de l’opinion publique sur ce questionnement.

Votre action s’est-elle limitée à ce constat ?

Nous en tant que CNDH, on ne peut faire que du conseil, on a des moyens de plaidoyer. Nous faisons des notes techniques aux ministères rattachés à de cette thématique, au président de la République. Dans ce sens la des notes techniques ont été adressées au Premier ministre, au président de la République pour veiller à la bonne application de ce instrument.

Avez-vous relevé des difficultés à la mise en œuvre de cette loi ? Est-ce que ce n’est pas lié au fait que les femmes sont réticentes à s’engager dans les activités politiques ?

Il y a beaucoup de femmes qui sont engagées en politique, dans les partis politiques. Que représente la femme engagée dans un parti politique ? Est-ce qu’elle occupe les postes à responsabilité ? Est-ce qu’elle est impliquée dans les prises de décision des partis politiques, c’est là qu’il y a la question.
Comment les partis évaluent même la représentation des femmes au sein de leur parti de sorte à les mettre en avant. Il y a plusieurs femmes qui ont sollicité le parrainage de leur parti malheureusement, elles n’ont pas eu et elles l’ont pris très mal, des personnes qui sont venues se plaindre.
Nous avons les compétences, d’un côté, il y a des femmes qui sont réticentes parce qu’on se dit que la scène politique est dominée par les hommes, quant il s’agit des élection on voit qu’il y a des conflits, des crises, pas mal de choses assez négatives cela freinent un peu certaines femmes à s’engager par contre celles qui sont déjà engagées, qui manifestent leur volonté, à vouloir être candidates, pourquoi on les rejette, donc des deux cotés, il y a des améliorations à apporter.

Y a-t-il eu des sensibilisations pour faire respecter la loi ?

Il y a eu des sensibilisations, des plaidoyers, la majorité des participantes de notre programme sont les partis politiques qui nous ont envoyé des listes. Nous avons reçu des listes, parmi ces femmes que nous avons formées, certaines ont manifesté leur volonté d’être candidates aux législatives, elles n’ont pas été retenues par les partis.

Quels sont ces partis ?

Tous les principaux partis politiques, nous avons une plateforme de collaboration avec les partis politiques, le CNDH les rencontre chaque deux mois.

Combien de femmes ont été retenues sur ces listes?

Si on devrait évaluer, sur 250 participantes que nous avons, il y a 47 qui sont candidates titulaires et suppléantes. Nous avons fait des séances de coaching uniquement pour les législatives à la faveur des femmes candidates.

Côte-d’Ivoire: « Plusieurs femmes ont sollicité les parrainages de leurs partis, sans être retenues aux législatives » (CNDH)

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