Séminaire des directeurs de publication de Côte-d’Ivoire: « Clash évité entre Lakpé et César Etou »

Lakpé aux journalistes: ‘’Evitez le sensationnel… Evitez de vous substituer aux hommes politiques’’

« Les directeurs de publication face au défi de l’information apaisée ». tel est le thème du séminaire de formation qui a réuni samedi 30 mars à Grand Bassam directeurs de publication membres du Forum des directeurs de publication de Côte d’Ivoire (Fordpci) et journalistes venus de différentes rédactions du pays.

Le formateur du jour, Raphaël Lakpé, par ailleurs, président de l’Autorité nationale de la presse (Anp, régulateur) a fait le diagnostic des maux qui minent la presse ivoirienne avant d’inviter les journalistes au professionnalisme tel que prescrit par la dernière loi de 2017 sur la presse. Bien avant, il a insisté sur le contenu de la fonction de directeur de publication. Une fonction qui a évolué, selon lui, depuis l’avènement de la presse plurielle en 1990 jusqu’à nos jours. Le Dp, éclaire-t-il, est passé d’un rôle passif à un rôle actif. Si dans les débuts le Dp pouvait être un enseignant, un médecin ou de tout autre milieu professionnel, s’il était le représentant légal du titre, la dernière loi de 2017 impose des restrictions. Désormais, le Dp doit être un journaliste professionnel avec au moins dix ans d’expérience, il est responsable du contenu du journal et répond des manquements devant la justice au même titre que le journaliste incriminé. Il doit connaître l’identité exacte de ceux qui apportent des contributions au journal et des journalistes utilisant un pseudonyme.

Cela dit, M. Lakpé a défini l’information apaisée comme une nouvelle débarrassée de tout terme injurieux, digeste et qui respecte les règles de déontologie et d’éthique. Il a fait remarquer qu’en Côte d’Ivoire, certaines rédactions se laissent instrumentaliser et tiennent des propos injurieux si elles ne s’érigent pas carrément en répondeurs automatiques. Des journalistes sont méprisants à l’endroit de leur confrère faisant fi des règles de la confraternité. Ils défendent des partis politiques, sont dans le sensationnel, dans l’émotion. Or fait-il savoir, le devoir d’informer doit se faire dans le respect des règles du métier et le journaliste, dans sa liberté d’écrire doit s’imposer des limites. « Ne réagissez pas comme les politiques mais comme des journalistes. Vous ne devez pas vous substituer aux hommes politiques. (…) Le journaliste ne doit pas rédiger un article quand il est encore sous l’effet de l’émotion. Il doit attendre d’être apaisé avant d’écrire. Il doit donner envie de lire et ne pas donner dans le sensationnel car ce n’est pas le sensationnel qui fait vendre mais la crédibilité de l’information, la régularité à proposer des articles complets (qui respecte le principe : collecter, vérifier, recouper) », a enseigné l’ancienne icône de la presse bleue en Côte d’Ivoire.

Chaude empoignade César Etou – Lakpé

Présent à ce séminaire, l’actuel patron du journal ‘’La Voie Originale’’ proche de l’ancien président Laurent Gbagbo, n’a pas raté l’occasion pour apporter la contradiction au formateur dans la phase des échanges. Son journal qui a maintes fois été suspendu par M. Lakpé, ses comptes saisis pour payer des amendes au régulateur a failli disparaître du marché. M. Etou a voulu en savoir plus sur les sanctions qui ont frappé son journal surtout pour avoir soutenu le congrès du Fpi tenu à Mama contre la décision de la justice ivoirienne. «On écrit dans des termes précis (comme vous le recommandez), on écrit ce qui est vrai mais le régulateur suspend nos journaux. On a l’impression qu’il nous fait des palabres. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?», a interrogé le Dp de ‘’La Voie Originale’’.

« Tout a bien marché. Tout a très bien marché ! », réplique le régulateur avant de prévenir que, seuls ceux qui rapportent les propos des hommes politiques dans leurs journaux sont responsables au regard de la loi (allusion faite aux propos tenus par Bédié à Daoukro le jour du congrès du Rhdp et qui ont valu un blâme au journal). « Nous surveillons les journalistes et non les hommes politiques », ajoute M. Lakpé. Lequel va hausser le ton : « Sur le congrès de Mama, je dis toujours la même chose. C’est une décision de justice et la justice ne nous a pas encore dit que c’est Gbagbo (qui est le président du Fpi) ». Raphaël Lakpé a profité de cette occasion pour réfuter une fois de plus les critiques corsées d’Amnesty international à l’encontre de l’institution qu’il dirige. Pour lui, en accusant l’Anp sans avoir entendu son principal responsable, Amnesty n’a pas fait son travail d’équilibre qui sied dans de telles circonstances.

SD de retour de Bassam
sdebailly@yahoo.fr

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