Armée de Côte-d’Ivoire: Retour en grâce des ex-chefs de guerre (PAPIER D’ANGLE)

blank

Par Serge Alain Koffi

Au lendemain des mutineries qui ont agité la Côte d’Ivoire, le président ivoirien Alassane Ouattara poursuit le nettoyage dans l’armée et a procédé à de nombreuses nominations à la tête des différentes unités de l’armée en promouvant la plupart des ex-chefs de guerre de l’ancienne rébellion ivoirienne des Forces Nouvelles (FN), jusque là confinés à des rôles secondaires.

A quelque chose malheur est bon : les ex-Com’zones des FN, qui ont contrôlé pendant près d’une décennie, sous la direction de Guillaume Soro, les zones Centre, Nord et Ouest (CNO) de la Côte d’Ivoire, doivent certainement et secrètement se répéter ce vieux dicton depuis quelques jours.

Ils avaient aidé le président Ouattara à accéder au pouvoir en avril 2011, après quatre mois de crise et deux semaines de guerre contre les forces de l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo avant d’être relégué à des rôles secondaires dans l’armée.

La série de mutinerie à laquelle fait face le gouvernement ivoirien aura contraint le chef de l’Etat à remettre en scelle certains d’entre eux qui étaient en disgrâce. Des soldats pour la plupart, issus des FN, ont bruyamment manifesté pendant des jours pour exiger le paiement de primes.

Dans un communiqué lu jeudi au palais présidentiel par le secrétaire général de la présidence Patrick Achi et retransmis en direct sur la télévision nationale, M. Ouattara a nommé de nouveaux responsables pour certaines unités.

Ainsi, le Lieutenant-colonel Martin Fofié Kouakou a par exemple été maintenu au poste de commandant en second de la 2e région militaire à Daloa, dans le centre-ouest du pays.

Jusque là, commandant en second du groupement de la sécurité présidentielle, Chérif Ousmane, a été promu patron du 1er bataillon de commando parachutistes (1er BCP).

Touré Hervé, demeure le commandant du 3ème Bataillon de Bouaké (centre ivoirien, ex-fief des FN). Tout comme le Lieutenant-colonel Fofana Losseni qui garde son poste de commandant du bataillon de sécurisation de l’ouest (BSO).

Morou Ouattara quitte la tête de l’équipe de sécurité du président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro pour le bataillon de sécurisation de l’est (BSE) tandis que Zakaria Koné aura désormais en charge de l’unité de commandement et de soutien.

Mais le retour le plus spectaculaire est celui d’Issiaka Ouattara dit Wattao. Les frasques à répétition de ce chef de guerre emblématique de l’ex-rébellion, avait fini par agacer le chef de l’État qui l’avait démis en juillet 2014 de deux de ses fonctions au sein de l’armée.

Il avait en effet été débarqué successivement de ses fonctions de commandant de la sécurité des quartiers sud d’Abidjan et de chef des opérations du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO). M. Ouattara avait toutefois consenti à le maintenir dans sa fonction de commandant en second de la Garde républicaine (GR) dont il est désormais le 1er responsable.

Ouattara estime que certains chefs issus des ex-Forces de défense et de sécurité (FDS, armée Sous Gbagbo) ne maîtrisent pas les soldats -issus principalement de l’ex rébellion -qui passent leur temps à se révolter. Donc il remet en scelle les ex-com’zone pour venir calmer leurs petits’’, analyse le journaliste ivoirien Anderson Diedri.

Un point de vue que partage l’analyste politique Geoffroy julien Kouao : le chef de l’Etat “a jugé utile de confier la gestion de l’armée à ceux qui connaissent bien les mutins d’une part et qui ont l’autorité nécessaire pour imposer la discipline au sein de l’armée’’.

Dans une autre lecture, il estime que M. Ouattara “veut rassurer la branche politique de l’ex-rébellion, qui a été totalement limogée du gouvernement’’.

Car, “si le chef de l’Etat politiquement peut se passer des cadres de l’ex-rébellion, militairement il a toujours besoin d’eux pour la construction d’une armée républicaine’’, conclut-il.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

Commentaires Facebook