Côte d’Ivoire Université: Quinze étudiants arrêtés lors d’une manifestation, libérés après auditions

 

Par Anselme BLAGNON

Quinze étudiants arrêtés lundi lors d’une manifestation à l’esplanade de l’université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan, la plus grande du pays, pour exiger la reprise des cours perturbés par une grève des enseignants, ont été libérés mercredi après avoir été entendus par le parquet, a appris ALERTE INFO d’une source syndicale.

« Après avoir été emmenés à la Préfecture de police d’Abidjan, les camarades ont été conduits devant le parquet » a dit Fulgence Assi, le secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte (FESCI), principal syndicat estudiantin, ajoutant que « les 15 étudiants arrêtés » ont été « tous libérés » après leur audition.

Mardi, la police avait dispersé plus de 300 étudiants réunis sur le campus pour exiger la reprise des cours et en avait arrêté quinze.

Elle avait déjà dispersé lundi un rassemblement d’étudiants devant la télévision nationale à Cocody (à l’est d’Abidjan).

Les professeurs des universités et grandes écoles publiques de Côte d’Ivoire qui observent depuis trois semaines « une grève illimitée » pour des revendications salariales, tiennent vendredi une assemblée générale extraordinaire.

A l’occasion de la fête du travail le 1er mai, le président ivoirien, Alassane Ouattara a annoncé le déblocage des salaires des fonctionnaires ivoiriens.

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Arrestation des étudiants: Film des événements et interrogations

LIDER News | 06 mai 2015

Ouattara se soumet aux revendications des hommes en armes mais réprime celles du corps social. L’arrestation de douze étudiants mardi 5 mai 2015 en est une nouvelle fois la preuve.

Abidjan – Alors que les cours à l’université de Cocody n’avaient toujours pas repris hier, malgré la levée du mot d’ordre de grève des enseignants, le syndicaliste estudiantin Souleymane Cissé et ses amis ont manifesté pacifiquement pour revendiquer leur droit à l’éducation. Après avoir subi les assauts de gaz lacrymogènes des milices d’Alassane Dramane Ouattara connues sous le nom de Frci, ils ont été brutalement arrêtés et bastonnés jusqu’à la préfecture de police. De 12h17 à 20h40, ils n’ont eu droit ni à manger, ni à boire. Après avoir été auditionnés, ils ont tous été enfermés en cellule, sans motif valable. Le Pr. Mamadou Koulibaly, président de LIDER, et sa conseillère exécutive se sont rendus à la préfecture de police à 20h40 pour apporter des boissons et de la nourriture à nos jeunes et vaillants concitoyens.

Ce matin, au lieu de libérer promptement les étudiants en leur présentant des excuses, l’appareil judiciaire répressif et vengeur à la solde du régime Ouattara les a plutôt envoyés au Parquet, où ils ont passé plusieurs à attendre d’être fixés sur leur sort, accusés de troubles à l’ordre public. «Ils ont manifesté sur le campus. S’il y a bien quelqu’un qui a causé le trouble à l’ordre public, ce sont les policiers qui n’ont rien à faire sur le campus de l’université», s’indigne Lamine, cadre dans une entreprise de la place. «Quand les gens ont marché pour Charlie, on n’a pas vu les Frci arrêter les gens pour trouble à l’ordre public. Mais dès qu’il s’agit d’un corps social, des étudiants ou des opposants, la répression se met en route et le trouble à l’ordre public réapparait promptement. Etrange, n’est-ce pas ?» remarque Kouadio, militant de Liberté et Démocratie pour la République,

Dehors, le secrétaire général de la Fesci Flash, Arnaud Obité, et ses équipes, font montre d’une remarquable solidarité et efficacité, passant moult coups de fil et informant les parents, les syndicats, les organisations de droit de l’homme. En coulisses, LIDER s’active également, alertant l’Organisation des Nations Unies en Côte d’Ivoire et les diplomates, mobilisant sur les réseaux sociaux et organisant les services d’un avocat. Vers 11h30, deux envoyés de l’Onuci rencontrent le procureur, pendant que la conseillère exécutive du président de LIDER s’entretient avec les collaborateurs du cabinet d’avocat et les parents des étudiants. La sérénité est de mise, puisque le droit est du côté des détenus. «Il y a quelque chose que j’ai du mal à comprendre : le gouvernement veut que les cours reprennent, et les étudiants veulent aussi que les cours reprennent. Pourquoi le gouvernement fait-il arrêter des étudiants qui veulent la même chose que lui ? C’est totalement incongru» souligne un diplomate.

Alors que des mesures sont prises pour apporter à manger aux étudiants, la nouvelle tant attendue tombe : ils sont libérés.

Plusieurs éléments sont à relever : D’une part, il est à constater que seuls des mutins armés de kalachnikovs peuvent manifester et obtenir gain de cause sous Alassane Dramane Ouattara. Les revendications fondées des enseignants, du corps médical, des étudiants, des victimes des crises successives, des victimes des déchets toxiques, des parents d’élèves, des créanciers intérieurs de l’Etat sont royalement ignorées et réprimées, alors que celles de la soldatesque hétéroclite qui l’a aidé à arriver au pouvoir sont immédiatement exécutées et honorées.

D’autre part, l’attitude répressive du régime Ouattara, qui fait arrêter à tout va ses opposants sous les prétextes les plus farfelus et fallacieux, interroge. Le président de la République sortant, encore ébranlé par l’échec de la mobilisation lors de sa cérémonie d’investiture – malgré tous les moyens mis en œuvre (fermeture de la circulation au Plateau pendant 48h, rémunération des participants, propagande continue à la télévision publique, réquisition des bus de la Sotra, plus de 2,5 milliards de fonds publics de budget etc.) – est confronté au désamour galopant qui a décimé ses bases.

La répression et les arrestations arbitraires sont-elles une stratégie pour semer la peur et la chienlit et étouffer toute contestation avant les élections, surtout avec la mise en place de la Coalition nationale pour le changement (Cnc), qui réunit de nombreux candidats déclarés au scrutin présidentiel, des partis politiques et des organisations de la société civile, qui ont pour objectif commun d’imposer au président-candidat de mettre fin à la tricherie électorale qu’il organise depuis plusieurs mois et de réaliser les conditions d’une élection transparente, crédible et démocratique ? L’avenir le dira très prochainement, avec l’intention déclarée de Charles Konan Banny, Mamadou Koulibaly, Kouadio Konan Bertin, Samba David, Kablan Brou, Martial Ahipeaud etc. de prendre la rue jusqu’à ce qu’Alassane Dramane Ouattara s’assoit avec eux à une table de négociation.

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