Côte d’Ivoire congrès extraordinaire du FPI – Passées les heures d’intimidation, tout s’est accéléré

Koudouado

Retour sur une journée mouvementée et les premières résolutions du congrès

Les lampions se sont éteints sur le troisième congrès extraordinaire du Fpi (désormais tendance Gbagbo) qui s’est tenu ce jeudi 30 avril 2015, à Mama village de Laurent Gbagbo, incarcéré à La Haye. Comme l’annonçait le mardi 28 avril dernier Sébastien Dano Djédjé au cours d’une conférence de presse, il s’agissait juste d’aller remplir une formalité à Mama : l’investiture de Laurent Gbagbo après son plébiscite par les assemblées fédérales électives. Et les choses sont allées très vite après un travail de laboratoire qui a précédé l’événement. Le congrès n’a pas tergiversé pour proclamer la victoire de Gbagbo et procéder à son investiture. Mais que d’épreuves pour en arriver là !

Émeutes et détermination payante des militants

La matinée à Mama a commencé de façon inhabituelle. Ce village qui baigne dans un calme imposé depuis que son illustre fils a été évincé du pouvoir et transféré à La Haye, s’est réveillé sous des bruits assourdissants de grenades lacrymogènes aussi nocives que répugnantes. Des tirs de dissuasion ont même retenti au grand désarroi des invités et des villageois qui vivaient ainsi leur deuxième calvaire après les événements d’avril 2011. Apeurés, certains ont trouvé refuge en brousse avant que la jeunesse du Fpi ne reprenne la situation en main en acculant les gendarmes qui seront très vite débordés et contraints à la renonciation de la répression des premières heures. A leur niveau, l’on apprendra plus tard que personne dans la hiérarchie ne voulait assumer les conséquences d’un débordement. Ni le sous-préfet de Ouragahio, ni même le préfet de Gagnoa n’ont voulu assumer une telle responsabilité, ajoute notre source.

Toutefois les émeutes du matin ont occasionné des blessés dans les rangs des jeunes qui ont fait le déplacement de Mama (voir liste des blessés). Les uns suffoqués par les odeurs du gaz au sein de la résidence Gbagbo et les autres par chute dans la débandade généralisée. Il n’y a pas eu de morts, selon les différents recoupements que nous avons pu faire par la suite. Les blessés qui ont inhalé de grandes doses de gaz dès les premiers instants et qui gisaient par terre ont été assimilés à des morts par les premiers témoins joints au téléphone.

Vers 11h GMT, les participants au congrès et à la fête de la liberté qui s’étaient dispersés après l’intimidation des gendarmes, ont pu regagner Mama sous des chants de victoire et à l’honneur de Laurent Gbagbo leur champion. Les cadres du parti amenés par Sangaré Abou Drahamane font également une sorte de rentrée triomphale à Mama où attendaient des foules dans l’hilarité générale. Michel, le fils de Laurent Gbagbo n’est pas passé inaperçu, presque porté en triomphe par des fans.

Les premières résolutions du congrès : Affi radié, les consignes de Gbagbo attendues pour les élections d’octobre

Le bureau du congrès qui siège par la suite dans la résidence Gbagbo, déroule son chronogramme sans attendre. On apprend comme décision majeure la radiation de Pascal Affi N’guessan, à l’unanimité des congressistes. Suite logique après sa suspension du 5 mars dernier. La résolution qui a trait aux élections générales à venir fait également partie des décisions majeures. En substance, le Fpi conditionne sa participation auxdites échéances à la prise en compte du cas Gbagbo. Sa libération et celle des autres détenus, le retour des exilés, la refonte de la commission électorale indépendante (CEI) et du listing électoral ainsi que bien d’autres points. Selon un membre de la direction du parti, tout est maintenant dans la main du nouveau président et il lui appartient de donner l’orientation nécessaire et voulue sur les différentes résolutions. Une délégation se rendra à cet effet à La Haye dans les prochains jours pour lui rendre compte des travaux et envisager avec lui la marche du ‘’Fpi nouveau’’. Selon certains observateurs, il ne devrait pas avoir de grands bouleversements dans le secrétariat général qui sera formé par la suite pour mettre fin à l’intérim actuel. Les mêmes devraient être reconduits en guise de récompense de leur fidélité, indique un interlocuteur.

Le congrès terminé, place maintenant à la fête de la liberté

Le congrès a pris fin ce jeudi pour faire toute la place à la fête de la liberté, le deuxième événement prévu et pour lequel les délégations de l’intérieur du pays continuent de déferler. « Mama est ce soir dans une liesse. C’est comme si Gbagbo était avec nous ! », confie un militant joint au téléphone. Tout commence cette nuit avec un bal populaire avant le défilé des fédérations prévues au stade du village le vendredi matin. Les bâches continuent d’être dressées pour accueillir les militants qui se rendent à Mama à leurs propres frais.
La fête de la liberté qui se déroule cette année à Mama a été instituée par le Fpi en mémoire du 30 avril 1990, date du retour au multipartisme en Côte d’Ivoire. Pour les militants du Fpi, cette fête ne signifie pas que la liberté est totale en Côte d’Ivoire. Bien au contraire, elle reste, selon eux, une quête permanente et vise à interpeller le pouvoir sur la nécessité de préserver les acquis démocratiques obtenus après le combat historique de Gbagbo et de ses compagnons dont Zadi Zaourou, Francis Wodié, Bamba Moriféré…

Cette année elle se déroule dans un contexte mouvementé où l’école ivoirienne est secouée par des revendications syndicales et où les travailleurs de Côte d’Ivoire attendent des décisions courageuses du gouvernement pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail.

SD à Abidjan

Liste des blessés
– Kaé Eric, élève en Tle D au lycée moderne 1 de Gagnoa
– Dakoury Blaise, élève en 2nde A, Lycée moderne 1 de Gagnoa
– Tizié François, étudiant en sciences éco, université FHB Cocody
– Mlle Koné Carine, élève couturière à Gagnoa
– Vah Bi Toh Eric, élève en 2nde

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