Côte d’ivoire 11 AVRIL ! (poème)

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Mon paradis par une nuit obscure a été dénaturé
Par un matin blafard il a été mis en morceaux.
Ma belle Eburnie prise d’assauts a été dépouillée
Blessée mais vivante, elle a été mise au tombeau.

Ma patrie a perdu alors sa mythique liberté,
Son identité enviée de tous désormais avilie
Son indépendance à jamais a été piétinée.
Elle subit dans sa chair tous les mépris.

L’unité de ma nation sans vergogne ni gage
Est segmentée par des vautours aujourd’hui.
C’est le temps de la charte et du rattrapage
Ainsi que des viols et autres méfaits impunis.

Cela est arrivé depuis un onze avril inoubliable
Un onze avril de triste mémoire qui a marqué,
Un onze avril singulier aux souvenirs irrévocables
Un onze avril du chaos où l’ordre a été renversé.

Depuis ce onze avril, mon pays est désorganisé
La nuit ne finit pas de l’étouffer de son manteau.
Ses campagnes et ses cités atrocement écartelées
Soumettent les vies entre l’enclume et le marteau.

Mon peuple n’a plus d’horizon, plus d’autorité
Soumis au quotidien aux viles lois des apatrides.
Réduit à une existence dure et incolore de damnés
Il semble condamné comme Sisyphe à la servitude.

La terreur dans la rue est une aventure banalisée
Le sang versé à flot partout, un fait ordinaire.
La gouvernance des élus des Blancs est éclopée
Au grand plaisir des perfides et racistes experts.

Mon paradis est livré aux puissances maléfiques.
Vive le sale temps de l’exploitation des colonies !
Plus d’héritages pour nos enfants faméliques.
Tout est produit pour le bien-être unique de Paris.

Ah, Paris ! Capitale qui fait le beau temps et la pluie.
Elle fait et défait à sa guise les serviles gouvernants.
Elle détruit au fond de nos logis nos estimes enfouis.
Et standardise urbi et orbi nos goûts et nos allants.

A chaque onze avril, des désolations, je me souviendrai.
Qu’entre Paris et mon peuple, un fossé de sang subsiste.
Mon âme sera en lutte aussi longtemps que je vivrai
Tant que Paris à mon peuple ne réparera l’injustice.

Pendant de longues années du temps de nos pères
Nous avons cru à notre liberté et notre indépendance
Mais le onze avril est venu nous rappeler nos déserts
Nous n’avons jamais été libérés de nos souffrances.

Toujours enchaînés dans les liens de la servitude
Nos lendemains ne connaîtront ni soleil ni euphorie
Si nous restons attachés à des relations immondes
Avec Paris qui n’entend que nous exploiter à vie.

Onze avril ! O onze avril ! Tu seras en nos cœurs
Comme le jour sombre et maudit de notre perdition
Mais un jour aussi qui nous a affermis dans la douleur
Comme un seul peuple uni dans une même nation.

Ce onze avril sera pour ma patrie un point de scission.
Rompre avec le passé pour autrement scruter l’avenir
Est une obligation morale à réaliser avec passion
Pour que vivent en paix nos enfants suivant nos désirs.

O Citoyen d’Eburnie, tu dois exalter ce onze avril éternel
Non pas seulement pour te remémorer la chute de ta patrie
Mais, te replonger dans le sang de nos martyrs immortels
Afin d’engager la nation rebâtie sur les chemins de la vie.

Lazare KOFFI KOFFI
In Expressions de combat, recueil de poème à paraitre chez L’Harmattan.
Auteur de trois autres ouvrages chez le même éditeur :

– La France contre la Côte d’Ivoire. Aux origines, la guerre contre le Sanwi (1843-1940), L’Harmattan, Paris, 2011
– La France contre la Côte d’Ivoire. L’Affaire du Sanwi. Du malentendu politico-juridique à la tentative de sécession, L’Harmattan, Paris, 2013
– Côte d’Ivoire, ma passion. Une expérience de foi en politique. L’Harmattan, Paris, 2014

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