Côte d’Ivoire – Salut ô terre d’impunité ! (Marc Micael)

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La Chronique Politique de Marc Micael

Est-ce par simple désir de vengeance, par rancœur, par volonté d’inciter à la haine ; est-ce par refus de s’inscrire dans le processus de réconciliation, ou encore de ternir l’image d’Alassane Ouattara que nous nous échinons à dénoncer l’impunité, la justice sélective, disons, le piétinement des Droits de l’Homme en Côte d’Ivoire par dont il est
« l’homme fort » ?

Le monde entier est en train de découvrir, grâce aux voix des experts qui s’élèvent de plus en plus et les nombreux rapports des organisations des Droits de l’Homme, qui accablent le régime d’Abidjan, qu’il n’en n’est rien. Il s’est toujours agit pour nous, de dire ce qui est. De dénoncer les « fléaux » dont le peuple martyrisé de Côte d’Ivoire, est victime. En Côte d’Ivoire, le régime en place accorde une totale impunité à ses hommes de main. Il orchestre une justice à double vitesse. En somme, il bafoue les Droits de l’Homme. Cela est indéniable.

Le constat

A la suite de plusieurs autres ONG des droits de l’homme, la FIDH (fédération internationale des Droits de l’Homme), vient – à son tour – de donner de la voix, pour dénoncer, notamment, l’impunité dont le régime d’Abidjan se rend volontairement coupable. Pour Me Patrick Baudoin, président d’honneur et responsable du groupe d’action judiciaire de la FIDH : « les avancées réalisées par la justice ivoirienne sont aujourd’hui insuffisantes (…). C’est un travail insuffisant et orienté uniquement vers les pro-Gbagbo, mais il y a beaucoup à faire vers le camp Ouattara ». Dans son rapport intitulé : « La lutte contre l’impunité à la croisée des chemins », cette ONG relate : « (…) force est de constater que faute de réelle volonté politique de lutter contre l’impunité de tous les crimes perpétrés, le processus en cours ressemble à ce jour à une justice de vainqueurs ».

Pour Me Doudou Diène, expert indépendant de l’ONU sur les Droits de l’Homme, au terme d’une mission de dix jours en Côte d’Ivoire: « la question qui est peut-être la clé du blocage du climat politique et du rétablissement de la confiance et de la réconciliation, c’est la question de l’impunité et de l’iniquité de la justice. (…) Il est certain que le fait que ceux qui sont actuellement poursuivis relèvent d’un seul camp perturbe l’ensemble du climat politique et judiciaire ».
Dans le même temps, le groupe d’experts indépendants de l’ONU sur la Côte d’Ivoire, dans son dernier rapport s’inquiète: « Le Groupe d’experts demeure préoccupé par l’expansion du pouvoir des chefs des anciennes Forces nouvelles. Il constate que l’action menée par le pays pour combattre l’impunité demeure inachevée, puisque aucun de ces chefs n’a encore été inculpé pour les crimes commis entre 2002 et 2011 ».
« Le Monde », un journal français, apporte aussi son grain de sel: « Alassane Ouattara lui, appelle à la patience, avec un agacement croissant qu’il est nécessaire de laisser la justice suivre son cours. Cet argument résiste mal aux faits. Plus de 150 proches de l’ancien président Gbagbo sont inculpés. Un seul chef de milice pro-Ouattara a été écroué. Amadé Ouérémi. (…) mais il n’est qu’un second couteau ». Puis, le journal ajoute en guise conclusion : « Les observateurs étrangers voient arriver l’élection présidentielle de 2015 avec inquiétude. Ils craignent de nouvelles violences et doutent qu’Alassane Ouattara permettra de punir ceux qui lui ont permis d’accéder au pouvoir et qui restent ses meilleurs protecteurs ».

Tant d’exemples qui prouvent que nous ne sommes pas les seuls à dénoncer le manque de volonté d’Alassane Ouattara et de son camp, d’enrayer ce fléau. L’impunité, de laquelle découlent la justice sélective et autres violations massives des Droits de l’Homme menace de faire replonger la Côte d’Ivoire dans l’horreur. Tel est le constat.
Le message

Par ailleurs, que peut bien signifier l’attitude de tous ces médias et défenseurs des Droits de l’Homme, au-delà même de la dénonciation des travers du régime Ouattara ? A l’évidence, il y a bien un message que ces « tirs groupés » sur le régime d’Abidjan véhiculent. Ce message qui doit s’imposer à nous, à notre conscience d’êtres humains est le suivant: il y a lieu s’inquiéter quant à l’avenir de ce pays, la Côte d’Ivoire, sous la présidence Alassane Ouattara. En fait, ces nombreuses dénonciations formulées par les défenseurs des Droits de l’Homme, trahissent bien un constat d’échec et révèlent un aveu de l’incompétence de ce dernier. Alassane Ouattara, en effet, échoué à conduire les ivoiriens sur le chemin de la réconciliation, de la cohésion sociale et de la stabilité. C’est l’échec d’un homme, l’échec d’un complot hourdi dans l’ombre par un système mafieux contre les libertés, la démocratie et l’Etat de Droit en Côte d’Ivoire.
Il faut dès lors, remettre en cause la « vraisemblable » candidature de cet homme, Alassane Ouattara, pour la présidentielle de 2015, voire s’y opposer avec la dernière énergie. Les ivoiriens ne doivent pas accorder leur soutien à un homme dont on sait qu’entre le discours et les actes, il existe toujours un écart ; ils ne doivent pas accorder leur confiance à un défenseur patenté de l’impunité. Alassane Ouattara a beau promettre lutter contre l’impunité, la réalité est tout autre. Ces hommes de mains ne sont jamais poursuivis.

En fait, ils ne le seront, peut-être, jamais sous Ouattara. Coulibaly Gnenema, ministre de la justice, sur la question de l’impunité des proches du pouvoir, répond, non sans faire référence à un exemple des plus caducs : « La Côte d’Ivoire n’est quand même pas le premier pays au monde qui connait une telle situation. Quand la guerre est finie en Europe, les Nazis n’ont-ils pas été les seuls à être poursuivis et jugés ? ». En d’autres termes: les vainqueurs ne doivent jamais être poursuivis, selon lui. Telle est la diabolique thèse que s’applique à mettre en œuvre un régime qui prétend conduire le pays à l’émergence, d’ici 2020. On peut désormais l’affirmer sans risques de s’attirer des foudres. Sous Alassane Ouattara, un nouvel hymne nous est né. En voici le premier vers: « salut ô terre d’impunité ».
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