« Bédié n’est pas candidat à la présidence de la République, mais à celle du PDCI »

Maurice Kakou Guikahue 586

Pr Maurice Kakou Guikahué (Président du Comité d’Organisation pratique du 12ème Congrès du PDCI-RDA):

« Bédié n’est pas prêt à être candidat à la présidence de la République. Mais prêt pour la présidence du PDCI »

Interview réalisée par Guy TRESSIA (lebanco.net), Benoit HILI et Diarrassouba Sory (Le Nouveau Réveil), et Gilles Richard OMAEL (connectionivoirienne.net)

L’organisation du 12ème Congrès ordinaire du PDCI-RDA avance. Après avoir reçu leurs feuilles de route, les sous-commissions de l’organisation pratique du congrès ont présenté, en deux jours (mardi 2 et mercredi 3 juillet) leurs plans d’action pour réussir le pré-congrès éclaté et le 12ème Congrès les 3 ; 4 et 5 octobre prochains. Après avoir recueilli les différents plans d’action des commissions, le Président du Comité d’Organisation pratique s’est prêté aux questions des journalistes. Entretien.

Certains militants croient qu’on va mettre sur la table la question du maintien ou non du Secrétariat général. D’aucuns proposent que le Secrétariat général soit remplacé par une autre structure, par exemple un Comité exécutif.

C’est le Congrès qui va décider. Ceux qui veulent qu’on change le Secrétariat général vont donner leurs arguments. Si ça convainc le Congrès, on change. Si ça ne convainc pas, on garde. C’est une idée qui fait son chemin. Je peux en parler parce que, simplement, nous en avons débattu au cours d’une discussion. On a remarqué qu’il y avait, dans le temps, une distance entre le président et le Secrétariat. Vous savez que dans l’histoire du parti, on est revenu à cela en 1980. Le président Houphouët avait instauré le Comité exécutif qui était le secrétariat du président du parti. Alors, les tenants de ce changement disent qu’aujourd’hui, le président du parti n’est plus président de la République, puisque quand vous devenez président de la République, vous ne pouvez plus être président du parti. Donc, quand vous êtes président du parti aujourd’hui, votre activité principale, c’est de vous occuper du parti. Le secrétaire peut donc être votre secrétariat. Voilà un peu l’esprit et l’argumentaire de ceux-là, pour dire que si on prévoit un président qui est assis au loin et un secrétariat qui est à un autre côté, que fait alors le président dans ses conditions ? Il se tourne les pouces. Or, c’est lui, le président qui influence la politique. Ils veulent donc un président présent. Ils ne veulent pas un président distant. A partir du moment où on veut un président présent et dont l’activité n’est que de s’occuper du parti, on lui donne un secrétariat. Le Secrétariat général devient en même temps le secrétariat du président. Voici un peu l’idée de ceux qui ne veulent pas qu’on ait un Secrétariat comme c’était. L’autre idée qui aussi avancée, c’est qu’avant, il y avait aussi une sorte d’ambigüité. En effet, le président du parti est un organe, le Secrétariat du parti est aussi un organe. Or, le président du parti est élu et le secrétaire général du parti est choisi par le président du parti. Mais pour une question de stabilité et pour rendre le secrétaire général serein, pour qu’il puisse travailler sur le long terme, on a voulu que le président montre le secrétaire général au Congrès. Comme ça, avant de l’enlever, il faut qu’il aille à un Congrès. Et comme on ne va pas organiser les Congrès tous les matins, ça stabilise le secrétaire général. A part cela, ça ne lui donne aucune attribution particulière.

L’inconvénient ici, c’est que le président nomme le secrétaire général qui est un organe comme lui. Donc il a du mal, éventuellement, à le remplacer.
Il ne peut pas le remplacer tant qu’il ne va pas à un Congrès.

Ça fait une ambigüité ?

Comme maintenant, le président n’a que le parti à gérer, on veut retourner comme en 1980 où Houphouët-Boigny avait fait le Comité exécutif qui est en même temps le Secrétariat du président. Le président travaille donc en temps réel avec le Secrétariat général. Le président n’attend pas que le Secrétariat se réunisse et puis, vienne lui faire un compte rendu. C’est devant lui que les débats se passent au Secrétariat. Et il donne des instructions directement, au lieu de donner des instructions à un secrétaire qui vient réunir un secrétariat. Là, il n’y a pas de distorsions des instructions du président.

Quid des autres organes statutaires tels que la Jeunesse, les Femmes…

Là, il n’y a pas de problème. Partout et en Afrique surtout, ce sont les phalanges militantes des partis politiques. Personne ne peut faire un parti politique sans prévoir une organisation de jeunesse. C’est obligatoire.

Les délégués ont demandé à être reçus par le président du parti. Cela se fera avant ou après le Conclave de Daoukro ?

Ils ont demandé à être reçus avant le conclave.

Est-ce que dans le comité d’organisation, il est prévu une rencontre du président du parti avec d’autres démembrements tels que les jeunes ou les femmes ?

Oui. Le président du parti est, en réalité, le patron de l’organisation. En fait, la présidence du parti, c’est comme la présidence de la République. Le président délègue aux ministres des pouvoirs du président. Dans notre système, le président est la clé de voûte. C’est lui qui a tous les pouvoirs. Quand il nomme un ministre, il lui transmet une partie de ses pouvoirs. Vous voyez que dans l’organisation du Congrès, nous avons mis le président comme superviseur. Il est donc impliqué. Tout ce qu’il peut faire pour que le Congrès soit une réussite, il le fera donc. Recevoir tous les groupes : il est là pour ça. A des moments, il participera même aux réunions du Comité d’organisation pour s’imprégner de l’organisation. Il ne peut pas s’asseoir et nous, nous organiser à son insu. Nous devons lui rendre compte. Il est impliqué dans l’organisation du Congrès.

Actuellement, on sait que le président est en France. Est-ce que, par rapport à tout ce qui est énoncé, on peut savoir la date de son retour, puisqu’il doit s’impliquer dans l’organisation du Congrès ?

Ce que je peux vous dire, c’est qu’il sera au Conclave du 1er août. Et pour qu’il soit au Congrès du 1er août, il doit rentrer avant le 1er août.

S’agissant des différentes interviews que le président du parti eues à l’extérieur (en France). Est-ce que vous pouvez expliquer un peu comment le militant doit comprendre ces différentes interventions du président du parti ?

Le président du parti a une grande activité médiatique depuis qu’il séjourne à Paris. Il est passé sur Rfi, il a parlé à France24, à Tv5, il a parlé dans Jeune Afrique. Tout ça, avec une cohérence constante. L’interview à Jeune Afrique a été la conclusion de tout ce qu’il a dit. Ce que moi, je retiens qui est important et que je voulais que les militants partagent, c’est que le président a été clair. À savoir que lui, Bédié, à 79 ans, il n’est pas prêt à être candidat à la présidence de la République. Il pense qu’à 79 ans, il ne va pas aller briguer un mandat à la présidence de la République. Il a été clair ! Cependant, le parti politique est une association privée. Il dit que tant qu’il a un souffle de vie et que ses capacités (physiques et intellectuelles) le lui permettent, si les militants demandent qu’il continue de les servir, il est prêt à les servir. Il a été donc clair pour dire qu’il reste au service du Pdci pour rendre service à la République, mais il n’est plus question que Bédié soit candidat à la présidence de la République. Et les délégués, justement, lui ont demandé d’être le candidat du parti. Donc, déjà, les militants l’ont sollicité. Peut-être qu’il y a d’autres militants qui vont encore le solliciter. Il est prêt à rester président du parti, mais il n’est pas intéressé par la présidence de la République de Côte d’Ivoire.

Et s’il était sollicité aussi pour la présidence de la République ?

Là, il l’a dit aussi clairement. Bédié, vous savez, ne parle pas au hasard. Il a fait deux phrases. Il dit : « les Constitutions des pays ne sont pas écrites pour l’éternité. Les textes peuvent évoluer. Mais moi, à 79 ans, je ne suis pas intéressé pour mon âge, par la candidature à la présidence de la République ». Il faut lire plus loin. Ça veut dire : même si vous changez vos textes pour que je sois candidat, je ne suis pas partant. Et dans la même interview, il dit : « tant que j’ai le souffle de vie et mes forces me le permettent, si les militants me demandent d’être président du Pdci, j’accepte ». C’est clair. Ça veut dire que même si on change les textes de la Côte d’Ivoire, la présidence de la République ne l’intéresse plus. Mais si on change les textes du Pdci, il est partant, si les militants le demandent. Or, ce sont les militants qui sont congressistes, qui changent les textes. Et si on change les textes, cela veut dire qu’on le veut.

Sur la question du candidat du Pdci en 2015, comment vous avez compris la position du président Bédié ?

Le président Bédié a dit qu’aujourd’hui, on ne peut pas répondre, il faut attendre le Congrès. Je pense qu’il faut respecter sa décision. Et nous tous, c’est ce que nous disons. Il faut attendre le Congrès.

Monsieur le secrétaire général adjoint, il y a quelques jours de cela, vous disiez que vous êtes avancé à 80% dans l’organisation du Congrès. Vous venez de faire deux jours de discussions avec les différentes Commissions. Que peut-on retenir comme état des lieux ?

Effectivement, depuis le 02 juillet, nous avons commencé à auditionner les différentes Commissions sur leur plan d’action et les activités arrêtées et comment elles comptaient les mener. Sur les 14 Commissions, il y a 12 qui sont prêtes et il y a deux où des précisions sont importantes à faire. Surtout la commission décoration où nous avons posé un certain nombre de points, parce que nous avons donné une fiche de mission à chaque Commission et également la Commission restauration où nous sommes en train de définir le type de restauration à fournir pour tous les congressistes qui sont à peu près entre 10 000 et 15 000. Parce que c’est le Bureau politique qui définira bientôt la taille du Congrès. Mais nous, nous travaillons dans un esprit absolu comme si tous les congressistes arrivent. Nous avons préparé également le Conclave de Daoukro que nous considérons vraiment comme le premier test du congrès. Dans toutes les Commissions, la planification des activités existe, les activités ont été définies et la semaine prochaine, nous allons faire maintenant des orientations budgétaires. Nous allons demander à chaque Commission de mettre maintenant le coût en face de chaque activité pour globalement savoir quel est le budget que nous devons rechercher pour la réussite de l’organisation pratique du Congrès. Etant entendu qu’également, il y a les commissions scientifiques qui travaillent, qui vont produire des documents, des documents qui ont aussi un coût et puis le secrétariat technique du Congrès. Donc, nous sommes en train de regarder tout cela au niveau de la budgétisation. Sinon en matière d’actions concrètes pour que le Congrès soit une réussite, nous avons terminé. Nous allons budgétiser maintenant ces actions.

Combien de délégués sont attendus au Congrès de Daoukro ?

Ce sont les secrétaires généraux de sections et les délégués départementaux qui sont attendus. Les secrétaires généraux de sections sont 2885 et les délégués 156. On va y ajouter d’autres personnes. Par exemple si le président invite les vice-présidents, et qu’on ajoute quelques membres du Comité d’organisation, nous avons à peu près une assemblée de 3050 personnes qui sont attendues à Daoukro. Donc, Daoukro a des capacités limitées. Nous y serons le vendredi 12 juillet pour une mission d’exploration. On a déjà fait une première mission, nous faisons une deuxième mission pour voir comment impliquer les militants de Daoukro à l’organisation de cette rencontre importante. 3050 personnes, c’est assez important. Nous sommes en train de regarder et comme Daoukro ne peut pas accueillir 3000 personnes en termes d’hébergement dans les hôtels, nous sommes en train d’identifier des points de rupture. Nous allons affiner cela très bientôt avec les délégués. Nous voulons faire de Dimbokro un point de rupture pour tous ceux qui viennent du centre ouest et de l’ouest, faire de Bouaké, un point de rupture pour ceux qui viennent du nord, faire d’Abengourou, également un point de rupture pour qu’on puisse contenir le flot des populations et le maximum arriverait le matin de la manifestation. Donc, nous sommes en train d’étudier ce dossier, il n’est pas encore finalisé, mais nous sommes là-dessus. Ensuite, nous sommes en train de confectionner la liste des congressistes selon les textes, parce que dans les textes, il y a les membres du Bureau politique, du Conseil politique, du Grand conseil et les secrétaires généraux de sections qui sont congressistes. Nous avions fait une première réunion avec les délégués pour qu’ils nous donnent la liste des secrétaires de sections. Il y a eu des réactions. Parce que nous, nous ne voulons pas avoir des listes à polémiques. Donc, le mercredi 10 juillet, nous avons une rencontre avec les délégués, nous leur avons expédié les listes de tous ceux qui sont membres du Bureau politique, du Conseil politique et du Grand conseil, délégation par délégation. Ils vont aller sur le terrain, faire la confrontation. Nous, nous avons nos données. Et à une réunion, on va se mettre d’accord et on tire la liste de tous les congressistes pour qu’elle soit disponible d’ici la fin du mois de juillet 2013. Parce qu’on doit faire la liste 60 jours avant l’ouverture du Congrès. Le Congrès s’ouvrant le 03 octobre, le 31 juillet, la liste du congrès devrait être prête.

Ne pensez-vous pas que s’il y a des problèmes au niveau de la liste, c’est parce que toutes ces structures que vous venez de citer sont un peu pléthoriques ?

Il n’y a pas de problèmes, ce n’est pas une affaire de nombre. Voici un peu comment les choses se sont passées. Quand nous sommes sortis du 11 ème Congrès, on a fait la liste du Bureau politique, la liste du Grand conseil et la liste du Conseil politique. On sait les régions d’origine des personnes, mais on n’a pas surtout fait à 100% en tenant compte des régions. Il y a des gens qui sont à Abidjan qui sont devenus grands conseillers et à mi-parcours, on a décidé à partir de 2007, que tout militant du Pdci doit avoir une base. On ne veut plus avoir quelqu’un qui se promène sur le territoire. Vous êtes militant du parti, vous devez être rattaché à une base. Donc, c’est ce travail qu’on a fait. Les délégués nous ont donné les premières réactions en 2007. Mais entre 2007 et 2013, ça fait 6 ans et beaucoup de choses se sont passées. Il y en a qui ont quitté le parti, il y a eu des décès, il y a tout ça. Donc, aujourd’hui, nous réactualisons ces listes-là, c’est tout. Parce qu’il ne faut pas que demain, on publie pour le Congrès la liste comprenant des personnes décédées. C‘est comme si on ne maitrisait pas le parti. c’est pour faire une révision, sinon, ce n’est pas le nombre qui nous pose problème, c’est l’actualité. Parce qu’aujourd’hui, il y a de grands conseillers qui ont dit qu’ils ne sont plus Pdci, qui sont partis. Or, ils sont sur nos fichiers. Maintenant si le délégué nous dit que le grand conseiller est parti, on va discuter et il va nous expliquer les raisons pour lesquelles il est parti ou s’il est parti ou non. Il ne faut pas que demain, on arrête une liste et M. Kouadio qui n’est plus avec nous se présente au Congrès et réclame son titre de grand conseiller. Vous allez me dire que vous avez commencé à faire l’identification. Oui, mais l’identification va aboutir à un certain temps. Mais si les gens ne sont pas identifiés pour l’instant, qu’est-ce qu’on fait ? Tous ceux qui sont identifiés, nous avons déjà leur liste. Par exemple, les secrétaires de sections. Ils sont 2885, avant que je ne vous parle parce qu’en ce moment, la caravane d’identification est sur le terrain. Mais avant que la caravane ne parte, il y avait 1800 secrétaires de sections qui avaient payé leur cotisation. Donc, qui étaient identifiés. Presque la moitié n’était pas encore identifiée. Je pense que quand la caravane va rentrer, le nombre des secrétaires de section va augmenter. Mais quid des grands conseillers ? C’est pour cela que nous allons travailler avec les délégués pour qu’ils nous donnent la réalité. Ceux qui ne sont pas à jour de leur cotisation, on nous dira s’ils sont encore Pdci. Si oui, on les récence et on va les convoquer pour qu’ils se mettent à jour avant le Congrès. Donc, nous voulons faire ce travail de façon neutre et rigoureuse pour ne pas que demain, telle personne devait venir au Congrès et puis on l’a exclue du Congrès. C’est pourquoi, nous nous y prenons dès maintenant. On a jusqu’au 31 juillet pour arrêter la liste.

Interview réalisée par Guy TRESSIA (lebanco.net), Benoit HILI et Diarrassouba Sory (Le Nouveau Réveil), et Gilles Richard OMAEL (connectionivoirienne.net)

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