Au Mali, la France veut expérimenter le semi coup d’Etat

AFP PHOTO / HABIBOU KOUYATE

 

La France ne recule devant rien pour garder la mainmise sur ses ex-colonies en Afrique où l’instabilité chronique est savamment planifiée en réalité dans les bureaux de l’Elysée et du Quai d’Orsay. Ainsi après l’étape de la Côte d’Ivoire où il a réussi à chasser le président Gbagbo du pouvoir à coups de bombes et de canons, voilà Nicolas Sarkozy qui expérimente au Mali où le président Amadou Toumani Touré (ATT), a été évincé la semaine par l’armée, une théorie nouvelle : le semi-coup d’Etat. Si Paris condamne officiellement le coup de force, clamant par la voix de son ambassadeur au Mali que «le retour à l’ordre constitutionnel était un impératif absolu, et qu’il fallait s’en tenir au calendrier électoral constitutionnel, avec la date limite du 8 juin», la sortie du ministre français délégué à la Coopération, Henri de Raincourt, montre que Paris ne voit pas d’un bon oeil un éventuel retour d’ATT au pouvoir pour la suite de son mandat. Invité de l’émission Internationales (RFI, TV5Monde, Le Monde), le collaborateur de Nicolas Sarkozy a déclaré qu’ «il n’y a aucun problème pour organiser des élections» et que «la Constitution malienne prévoit qu’en cas d’empêchement du président le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim et permette un scrutin présidentiel».

Ce schéma sorti des tiroirs de Sarkozy, assez discret sur la question en raison des élections en France, l’Elysée prépare déjà son esprit à son application. Tout le long de son intervention, le ministre français a vainement tenté de faire croire que Paris n’avait rien à avoir avec le coup d’Etat et que les divergences avec ATT au sujet de la lutte contre Al Qeada au Maghreb n’étaient que des malentendus sans réelle incidence sur les relations entre les deux pays. Mais cette sortie vise à préparer les esprits à la mise à l’écart du président Amadou Toumani Touré, qui pourrait être maintenu en otage par la junte militaire et remplacé à la tête du pays par le président de l’Assemblée nationale. C’est le deal que prépare Paris qui veut coûte que coûte installer dans cet autre pays d’Afrique un homme à sa solde. Comme c’est le cas à Abidjan et ailleurs dans la sphère francophone sur le continent.

Le Nouveau Courrier

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