CEDEAO: Vers un attelage Burkina-Côte d’Ivoire ?

Abuja abrite, ce jeudi 16 février 2012, le sommet des chefs d’Etat de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Probablement qu’au cours de cette rencontre, nos gouvernants s’accorderont enfin sur le nom du président de la Commission de la CEDEAO et sur celui de leur pair qui assurera la présidence de la conférence des chefs d’Etat.

En effet, depuis le départ du Ghanéen Mohamed Ibn Chambas, c’est son compatriote James Victor Gbeho qui occupe provisoirement le poste de la présidence de la commission. Une transition qui dure depuis 2010, au motif que les chefs d’Etat n’arrivent pas à se mettre d’accord sur le choix du président.

L’unanimité est certes acquise sur le fait que le président doit être un francophone, mais voilà, les candidatures foisonnent au point qu’aucun n’accord n’a pu être obtenu rapidement : en effet, le Bénin, le Burkina Faso et le Sénégal ont chacun présenté un candidat, et chacun s’est arc-bouté sur sa position tant et si bien que les différents sommets n’ont pu les concilier ; même si finalement le Sénégal a retiré son candidat après avoir eu en retour la présidence de l’UEMOA (Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest). Place donc au duel entre le Burkina et Bénin.

Alors que Cotonou plaide pour l’application du principe de rotation alphabétique et met en avant le fait qu’il n’a jamais occupé la présidence de la commission, Ouagadougou, lui, mise sur la grande implication de Blaise Compaoré dans la résolution des crises pour exiger le poste.

Malgré tout, cette fois, on devrait en principe connaître le nom du président de la commission à l’issue de ce sommet d’Abuja. En effet, il se susurre que, lors du sommet de l’UA (Union africaine), Burkinabè et Béninois sont parvenus à un accord. Ouagadougou a soutenu la candidature de Boni Yayi à la présidence de la conférence des chefs d’Etat de l’instance africaine ; en retour, Cotonou devrait retirer son candidat à la CEDEAO et patienter jusqu’à la fin du mandat du candidat burkinabè. Si les choses se confirmaient, il faut avouer que, comme concernant l’UEMOA, des tractations à l’UA seraient venue atténuer, voire gommer, les rivalités ou les prétentions qui empêchaient la désignation du président de la commission de l’institution sous-régionale.

Si cela se confirmait ce soir dans la capitale nigériane, il faudrait louer ce genre d’arrangement à l’amiable et souhaiter qu’il en soit ainsi dans les différentes instances africaines au lieu de donner souvent un spectacle de foire d’empoigne comme on l’a vu en fin janvier à Addis-Abeba au sujet de la présidence de la commission de l’UA avec le blocage que l’on connaît.

Selon toute vraisemblance donc, Kadré Désiré Ouédraogo, ex-Premier ministre, sera le président de la commission. Ce serait alors une sorte de retour au bercail pour cet ancien secrétaire exécutif adjoint chargé des Affaires économiques de la CEDEAO en 1985. Actuellement ambassadeur du Burkina Faso auprès de l’Union européenne (UE), Kadré Désiré Ouédraogo maîtrise à merveille la problématique du partenariat Afrique-Europe. Ce n’est pas moindre surtout quand on sait que l’UE est un grand bailleur de la CEDEAO.

Quant à la présidence de la conférence des chefs d’Etat, sauf surprise, Alassane Dramane Ouattara (ADO) de la Côte d’Ivoire devrait succéder à Goodluck Jonathan du Nigeria. En clair, on devrait assister à la mise en place d’un attelage Blaise-ADO ou plus pudiquement Burkina-Côte d’Ivoire pour tirer vers l’eau la CEDEAO.

A Abuja, ce serait aussi l’occasion pour l’institution sous-régionale de se faire entendre sur la guerre qui sévit dans le Nord-Mali depuis mi-janvier 2012 avec la rébellion touarègue qui réclame l’indépendance de la région de l’Azawad (les 2/3 du territoire malien). La CEDEAO devrait prendre une position claire sur ce problème ainsi que des mesures fortes pour tenter de trouver une solution à ce casse-tête chinois. Va-t-on privilégier la diplomatie ou la force ? Dans le dernier cas, l’ECOMOG, la force d’interposition de la CEDEAO, devrait reprendre du service après des années de léthargie.

Par San Evariste Barro
afriscoop.net

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