Banny aux pro-Gbagbo de France: « Vous n’avez pas d’autres alternatives que la réconciliation » (Vidéo)

Charles Konan Banny a rencontré, samedi, les responsables et membres d’associations ivoiriennes à Paris. Au menu : un bilan des activités de la Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cvdr) et la participation de la diaspora au processus de réconciliation nationale.

Partisans de Laurent Gbagbo, étouffez vos récriminations et empruntez le train de la réconciliation nationale, car il n’y a pas d’autres alternatives. Tel est en substance, l’essentiel du message délivré, samedi dernier, à Paris, par Charles Konan Banny, lors d’une rencontre avec les représentants d’associations ivoiriennes.
Pendant plus de deux heures d’horloge, et devant cent cinquante personnes environ, l’ancien Premier ministre a exposé ses actions passées et à venir à la tête de la commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr), officiellement créée le 13 juillet dernier. En conviant les Ivoiriens de Paris et banlieue à ce rendez-vous d’échanges, le président de la Cdvr espérait sans nul doute rencontrer les partisans de Laurent Gbagbo très actifs dans l’hexagone afin de les convaincre à mettre balle à terre. Malheureusement, ceux-ci n’ont pas réellement répondu massivement à l’invitation. Il n’empêche, Charles Konan Banny a délivré sans langue de bois son message. « Le transfert de Gbagbo à La Haye (Hollande) est perçu par un certain nombre comme une difficulté de plus vers la réconciliation. Est-ce pour cela que nous n’allons pas continuer dans nos efforts de dialogue ? Il ne sert à rien d’avoir des a priori. Vous n’avez pas d’autres alternatives que la réconciliation », a-t-il claironné. Mais l’entreprise de convaincre tous les sceptiques et autres demeure coriace. Malgré cela, il n’en démord pas. Par la force des arguments, il entend convaincre surtout ceux qui brandissent (à tort ou à raison) des préalables au processus de réconciliation lancé dès l’avènement du président Alassane Ouattara.

Pas de préalable…

Particulièrement les membres de l’ex-majorité présidentielle (LMP) qui, inlassablement, dans les rues de Paris et sur les réseaux sociaux, contestent l’élection d’Alassane Ouattara et s’insurgent contre la détention de leur champion à La Haye. L’ancien Premier ministre s’est, dans la foulée, expliqué sur le « tandem » qu’il avait formé avec Laurent Gbagbo et qui s’est soldé par un échec et son éviction de la Primature. « Au-delà des considérations politiques, Gbagbo et moi avions de meilleurs rapports. S’il avait accepté le concept du tandem que je proposais dans la reconnaissance de la diversité, on aurait évité au pays le chaos qu’on a vécu. Je suis sûr que là où il est (Ndlr : dans le centre pénitencier de Scheveningen de La Haye), il est persuadé d’avoir raté une occasion historique », a-t-il estimé. Conscient des difficultés et autres écueils qui se dressent sur son chemin, l’ex-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest s’est dit déterminé à réussir sa mission. Accompagné de quelques uns de ses collaborateurs, il a procédé au lancement du site internet de sa structure ( www.cdvr.ci) et égrené les actions à court terme. La rencontre a même été retransmise en direct sur le site. Les internautes pourront à loisir faire des suggestions à l’équipe de Banny. Des éclairages apportés à l’assistance, on retiendra surtout le lancement dans quelques jours de la grande campagne de consultation des populations en Côte d’Ivoire. Elle sera suivie des auditions de victimes et de la comparution des accusés. C’est peu dire que les travaux de la commission amorcent désormais une phase cruciale. Au cours desdites consultations qui démarrent le mois prochain, les populations seront invitées à déterminer la période à prendre en compte par les travaux de la Cdvr. Faut-il remonter à l’année 1999 au cours de laquelle la Côte d’Ivoire a connu son premier coup d’Etat militaire ou aller au-delà? Seuls les consultés trancheront. Charles Konan Banny a également évoqué l’installation dans les plus brefs délais de commissions locales dans les différentes régions administratives de Côte d’Ivoire et à l’étranger, dans les pays où la diaspora ivoirienne est fortement établie.
A l’issue des échanges, le public est reparti assez satisfait des explications obtenues. Toutefois, la prochaine désignation des membres de la commission locale, en France, promet de chaudes empoignades.

Karim Wally, à Paris

Nord-Sud

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