3 jours après, le carrefour de la Riviéra 2 revient à la vie

EVENEMENT 107 – Par Géraldine Diomandé

Pour pointer à son service à 7h30 mns, comme l’exige dorénavant la direction de son service, Ruth- Francheska s’est levée de bonne heure et même un peu plus tôt que d’habitude car il lui fallait désormais prendre en compte les multiples déviations qu’imposait depuis vendredi dernier, aux automobilistes, la fermeture du grand carrefour de la Riviéra 2. Habitant le quartier de Yopougon, et étant en service à Bingerville, Ruth n’avait nullement envie de se faire remonter les bretelles par le nouveau patron qui lui, était très pointilleux sur les horaires de travail. C’est pourquoi, dans le mini-car où elle avait pris place, la jeune dame n’arrêtait pas de pester contre l’apprenti-chauffeur à chaque fois que celui-ci signalait un arrêt au conducteur. Déjà tendue, elle le fut davantage lorsqu’après avoir dépassé l’école de police, le véhicule, au lieu de bifurquer sur la bretelle donnant sur les jardins de la Riviéra, s’engagea tout droit dans le sens du grand carrefour de la Riviéra 2. Prise de rage, le souffle faillit lui manquer lorsqu’elle lança à l’endroit du conducteur : « Tu ne sais pas que c’est fermé par là-bàs ? Tu vas nous perdre le temps pour rien ! » La plupart des passagers autour de Francheska abondèrent dans le même sens qu’elle. Mais très vite la tension retomba lorsque tous s’entendirent dire par l’apprenti que la voie était à nouveau ouverte à la circulation depuis seulement la veille. Subitement, le visage de Ruth s’éclaira pour laisser apparaître son beau sourire et une dentition argentée. Soulagée à l’idée de pointer dans le temps à son boulot, elle eut néanmoins honte d’elle-même pour s’être emporté tout à l’heure dans le « gbaka ». Elle s’en excusa auprès du conducteur qui en fit de même pour les multiples arrêts observés tout au long du trajet, le tout, dans une ambiance de paix des braves. Se tenant à carreau vis-à-vis de la politique, elle se garda de faire le moindre commentaire sur la réouverture du grand carrefour de la Riviéra 2. Comme cette jeune dame, ils sont nombreux les abidjanais qui ont eut droit hier matin, à la surprise du chef. Qui aurait pu imaginer qu’après la cérémonie de lancement des travaux de l’échangeur de ce quartier, tenue vendredi dernier en grandes pompes, en présence du premier ministre, l’on assisterait trois jours après à une reculade du gouvernement vu que la mesure de fermeture de cette voie était prévue pour durer une année? En 72 heures, qu’est-ce qui a bien pu infléchir la position gouvernementale ? Bien malin qui pourrait le savoir, surtout en l’absence de toute déclaration officielle des autorités compétentes sur le sujet. Un vide que la rumeur abidjanaise a vite fait de combler en expliquant la mesure de réouverture par une volonté du gouvernement d’éviter de créer des désagréments aux populations en cette veille de fêtes de fin d’année. Une thèse vite contrariée par d’autres sources qui mettent plutôt en avant le manque de ressources financières pour le démarrage effectif des travaux. Généreuses dans la diffusion de l’information, celles-ci indiquent que la cérémonie de lancement des travaux de l’échangeur de la Riviéra 2 a été faite en prévision de la récente tournée du chef de l’Etat en Belgique et des fonds qu’il ramènerait de son séjour bruxellois. La récolte n’ayant pas été à la hauteur des espérances, le démarrage des travaux a été ainsi reporté à plus tard. Aussi pour railler le régime sur cet autre mauvais coup, certains sont-ils allés puiser dans le christianisme pour comparer le retour à la vie du carrefour de la 2, trois jours après, à celui de la résurrection du Christ. Une coïncidence renforcée par le fait que la voie en question a été fermée un vendredi pour être rouverte le dimanche suivant. Et pour mieux marquer le coup, ces petits malins proposent même que l’on désigne désormais cette place sous l’appellation du « carrefour de la résurrection ». Assurément c’est un autre mauvais coup qui vient rallonger la liste déjà bien garnie des promesses gouvernementales sans lendemain. Comme par exemples, les chantiers de la construction du 3ème pont et celui de la rénovation des campus universitaires d’Abidjan qui sont aujourd’hui pratiquement au point mort après un démarrage en fanfare.

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