Les forces du CNT libyen piétinent devant Syrte – Kadhafi appelle les Libyens à protester “par millions”

LEMONDE.FR avec AF

Le dirigeant en fuite Mouammar Kadhafi a appelé les Libyens à manifester “par millions” contre le nouveau pouvoir libyen, le Conseil national de transition (CNT), dans un message sonore diffusé jeudi 6 octobre au soir par la chaîne Arraï basée en Syrie.

“Je leur dis : ‘N’ayez peur de personne, vous êtes le peuple, vous appartenez à cette terre. Faites entendre votre voix contre les collaborateurs de l’OTAN'”, a-t-il poursuivi, s’adressant au peuple et l’appelant à se révolter contre une situation devenue “intolérable”.

“Certains parlent du CNT comme du représentant légitime du peuple libyen, mais d’où vient cette légitimité, de l’élection par le peuple libyen ? Est-ce qu’ils s’intéressent au peuple libyen ?”, a-t-il par ailleurs fait mine de s’interroger.

L’ancien “Guide” a aussi mis en garde les dirigeants des pays en voie de développement qui reconnaissent le CNT, estimant qu’ils seront à leur tour renversés : “Que tous ceux qui reconnaissent ce CNT se préparent à voir apparaître chez eux des conseils de transition qui, imposés par le pouvoir des flottes [aériennes étrangères], les remplaceront à leur tour les uns après les autres.”

POURSUITE DES COMBATS À SYRTE

Mouammar Kadhafi, en fuite depuis la chute le 23 août de Bab al-Aziziya, son quartier général à Tripoli, n’a toujours pas été localisé. Son dernier message sonore remontait au 20 septembre : il avait alors qualifié de “mascarade” les événements en cours en Libye et appelé les Libyens à “ne pas croire” qu’un changement de régime y était survenu.

Alors que la traque du “Guide” piétine, la progression des forces du CNT vers le centre de Syrte, l’un des derniers bastions des forces pro-Kadhafi, était toujours au point mort, jeudi : les forces loyalistes opposent en effet une résistance acharnée dans cette ville assiégée, forçant les pro-CNT à s’engager dans des combats de rue rapprochés, sous la menace de tireurs embusqués.

Jeudi, un millier d’hommes et une centaine de véhicules militaires des forces du CNT ont par ailleurs quitté Gargarech, à 10 km de Tripoli, pour Bani Walid, où les combattants pro-Kadhafi résistent aussi depuis des semaines.

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Les forces du CNT libyen piétinent devant Syrte
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La progression des forces du Conseil national de transition (CNT) vers le centre de Syrte a été stoppée jeudi par le tir nourri des combattants restés fidèles à Mouammar Kadhafi retranchés dans sa ville natale.

L’intensité des tirs rend optimistes les prévisions des nouvelles autorités libyennes, qui pensaient pouvoir venir à bout de la résistance des Kadhafistes d’ici ce week-end.

A l’intérieur de la ville, la persistance des combats accentue les souffrances de la population, exposée aux tirs mais aussi aux pénuries.

La prise de Syrte, sur la côte méditerranéenne, est d’une importance capitale pour les nouveaux dirigeants libyens, qui en ont fait le point de départ du calendrier de la transition vers la démocratie.

Les commandants des forces du CNT estimaient cette semaine être en mesure de s’en rendre maîtres d’ici le week-end. Mais les partisans de Kadhafi, qui se battent le dos à la mer et sans autre lieu où se réfugier, opposent une résistance farouche.

“Un grand nombre d’entre eux sont des combattants aguerris, des fanatiques radicaux. Il y a aussi des mercenaires et des gens d’une loyauté à toute épreuve envers Kadhafi. Ils ne se rendront pas”, explique Matthew Van Dyke, un Américain qui se bat au côté des forces anti-Kadhafi.

“Cela va prendre beaucoup de temps. Du fait de la présence de snipers, nous allons essuyer des pertes importantes”, poursuit-il.

Les unités déployées par le CNT sur la ligne de front se sont établies dans un hôtel de luxe situé à l’extrémité nord-est de la ville. De là, elles tentent, rue par rue, de déloger de leurs positions les tireurs embusqués.

Mais, jeudi à la mi-journée, les combattants du CNT ne semblaient pas avoir progressé d’un mètre au cours des vingt-quatre heures écoulées. Les sentinelles qui gardent leur base provisoire, sur le toit de l’hôtel, ont même été la cible de tirs de mitrailleuse. Un des snipers pro-Kadhafi serait embusqué dans le minaret d’une mosquée située à 600 mètres.

Plus au sud, dans l’aéroport repris par les forces du CNT, un des combattants de l’ex-rébellion juge stupides ceux parmi ses commandants qui parlaient ces jours-ci d’un assaut final. “Ils n’ont pas conscience de l’équilibre des forces”, dit-il.

L’OTAN FRAPPE DES INNOCENTS

Les blocs de béton qui jonchent les rues de Syrte et les façades noircies des immeubles d’habitation témoignent de la violence des combats pour le contrôle de cette ville de 75.000 habitants.

Confrontée aux pénuries de vivres et d’eau, sans hôpitaux fonctionnant correctement, exposée aux combats, une partie de la population a pris la fuite.

Hadj Abdallah, un quinquagénaire rencontré à un poste avancé établi par la Croix-Rouge, est de ceux-là. Il dit avoir perdu son fils de onze ans dans un bombardement aérien de l’Otan.

“J’ai dû l’enterrer sur place parce que c’était trop dangereux d’aller au cimetière”, dit-il avant d’évoquer la situation dans la ville. “Il y a des frappes à l’aveugle, des gens meurent dans leur maison.”

Un porte-parole de l’Otan assurait mercredi que l’aviation alliée n’avait mené aucun raid sur Syrte depuis le week-end et que tout était mis en oeuvre pour protéger les civils.

Mais des habitants ne le croient pas. “L’Otan frappe des innocents. Nous ne pardonnerons jamais”, dit Mohamed, 23 ans.

Des rescapés affirment que des civils ont pris les armes et se battent au côté des forces restées loyales à Kadhafi.

“Il n’y a pas de brigades (kadhafistes) dans la ville. Ceux qui se battent dans Syrte sont des gens qui ont perdu leurs frères, leur mère, leurs soeurs”, poursuit Mohamed.

Syrte compte dans sa population un grand nombre de membres de la propre tribu de l’ex-Guide. La bataille en cours pourrait donc prendre des allures de test de la capacité des nouvelles autorités libyennes à fédérer le pays et réconcilier ses fractions tribales.

Avec Tim Gaynor et Christian Lowe, Henri-Pierre André pour le service français, édité par Gilles Trequesser
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