Réplique à “l’Assemblée nationale n’a nul besoin d’une autorisation de M. Ouattara”

Réponse au Dr KOUAKOU Edmond

Cher Dr KOUAKOU Edmond,

Sur le site www.connectionivoirienne.net, dans un long développement, vous semblez mettre en cause le Président KOULIBALY pour le non fonctionnement de l’Assemblée Nationale.

Cette injonction que vous faite au très intègre Président KOULIBALY n’est réalisable que dans un état de droit, de surcroît dans un régime parlementaire. Au regard des critères caractérisant l’état de droit, pensez-vous que cela soit le cas actuellement en Côte d’Ivoire?

Comme il est aisé d’enjamber rapidement les frontières ivoiriennes, en laissant toute la famille Gbagbo dans sa résidence assiégée, puis une fois en sécurité dans des salons feutrés à Paris, Accra, Luanda, Cotonou, Lomé ou à Malabo, de faire la fine bouche en semblant ignorer l’environnement sécuritaire précaire de la Côte d’Ivoire !

Dr KOUADIO Edmond, en tant que maître du droit, vous savez mieux que quiconque que la Côte d’Ivoire vit au rythme d’un régime d’exception. En ce qui concerne l’état de la Démocratie dans notre pays, revenez demain.

Puisque vous semblez bien imprégné de l’actualité de l’Assemblée nationale, parlons-en alors.
Vous êtes docteur en droit, et vous feignez d’ignorer que l’invitation à venir au Parlement lancée à Alassane Ouattara par le président de l’Institution, a été dans un premier temps acceptée par le président de la République pour être ensuite fermement déclinée par le directoire du PDCI, qui a même invité les députés de son groupe parlementaire à considérer que le mandat de l’Assemblée nationale avait expiré.

Vous feignez d’ignorer qu’un autre groupe parlementaire dit Loyauté est allé dans le même sens pour proclamer la fin du mandat de l’Assemblée Nationale à la suite du Président de la République.

Vous feignez d’ignorer que le président Ouattara, sortant d’une audience avec l’ancien président Bedié à Daoukro, a déclaré que tous les deux étaient tombés d’accord sur le fait, anticonstitutionnel par ailleurs, que le mandat de l’Assemblée nationale avait expiré.

Vous feignez d’ignorer que la dernière session parlementaire qui est restée ouverte trois mois, du 27 avril 2011 au 27 juillet 2011, a clos sans que le gouvernement ne juge nécessaire de consulter le bureau de l’Assemblée Nationale, même pas pour voter le budget, et cela sans qu’aucun groupe parlementaire ne trouve à y redire !

Vous feignez d’ignorer que depuis la clôture de la session ordinaire et en attendant la session d’octobre, l’Assemblée nationale ne peut se réunir qu’en session extraordinaire. Et dans ce cas, seul le Président de la République ou une majorité des députés peut demander sa convocation. Et qu’à ce jour, ni le président de la République, ni aucun groupe parlementaire n’en a exprimé le désir auprès du président de l’Assemblée nationale, tel que cela est prévu par l’article 63 de la constitution.

Vous feignez d’ignorer que l’indemnité des parlementaires ne relève pas du bon vouloir du président de la République mais est également un droit constitutionnel, certes moins connu que les articles 35 ou 48, mais néanmoins stipulé à l’article 69 de la constitution.

A la vérité, Monsieur KOUAKOU, vous prétendez être docteur en droit, mais vous semblez plutôt être l’un de ses députés désabusés qui revendiquent aujourd’hui, en souterrain et discrètement, un droit auquel ils avaient renoncé dans l’euphorie des premiers moments de l’arrivée au pouvoir du candidat du RHDP. Mais, le droit dont vous dites être l’un des serviteurs, dit fort à propos que «nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude».

Il est certes compréhensible que vous ne soyez pas fier de votre hypocrisie, mais il serait bien plus noble – et plus en accord avec les principes du droit – que vous cessiez de vous cacher derrière un pseudo titre de docteur en droit pour vous joindre au combat pacifique mais déterminé du président de l’Assemblée nationale dont la constitution interdit la subordination au pouvoir exécutif.

Aux différents groupes parlementaires qui se rendent enfin compte s’être gravement trompés en s’alliant au pouvoir exécutif, il serait bon que vous recommandiez d’écrire en bonne et due forme au professeur Mamadou KOULIBALY pour lui demander la convocation de la conférence des Présidents, tel que les textes le prévoient.

A supposer même que les conditions soient réunies pour que le président de l’Assemblée nationale, qui a eu le courage et l’audace de venir assener ses quatre vérités aux tenants du pouvoir dans une Côte d’Ivoire encore sous la braise, convoque ses collègues députés, ces derniers auront-ils les moyens financiers de payer les frais de carburant et de séjour à Abidjan? Même si les députés PDCI, UDPCI et FPI de cette législature rendent difficile toute compassion à leur endroit à cause de leur silence complice face aux violations graves de la constitution, nous ne pouvons pas ignorer qu’ils ont des problèmes financiers et existentiels.

Dr Kouakou, au cas où vous ne seriez pas un député, mais réellement juriste de bonne foi (mais de mauvaise qualité), je vous prie d’accepter mes excuses pour vous avoir élevé, au détour d’une lettre ouverte, au rang de député de la Nation.

Vous êtes donc juriste. Plus que tout le monde, c’est précisément vous qui devez, toute affaire cessante, rentrer de votre exil doré et sucré, pour apporter la lumière à tous ceux qui tirent votre pays à grands pas vers l’obscurantisme et la promotion de l’analphabétisme à tous les niveaux. Un porteur d’arme inculte sorti directement de son atelier de cordonnerie ou de plomberie n’a aucune notion de la séparation des pouvoirs. Dans la conception d’un tel guerrier analphabète, le Docteur Alassane Ouattara est président, et sa parole a valeur de règle constitutionnelle. Vous n’allez donc pas demander au Président KOULIBALY d’envoyer les représentants de la Nation à l’abattoir. Un peu d’humanisme, à défaut du respect du droit, s’il vous plaît.

A votre décharge, vous semblez ignorer que, sous la poussée des fanatiques engraissés, nourris et blanchis des deux bords politiques traditionnellement opposés, la triste réalité dans laquelle nous baignons quotidiennement depuis que les Ivoiriens ont finalement choisi de solder leur contentieux électoral dans le sang est la peur, qui est devenue la chose la mieux partagée en Côte d’Ivoire.

Quand vous avez été contraint de conduire votre épouse du quartier des II Plateaux au CHU de Cocody, en passant devant des cadavres en putréfaction au bord de route entièrement couverte de douilles de balles de roquettes risquant d’exploser à tout moment, de carcasses de voitures calcinées ou abandonnés par leurs propriétaires tués dans les combats, vous savez mieux décrire la couleur de la guerre en Côte d’Ivoire.

Quand la venue au monde de votre fils vous oblige à traverser des contingents d’innombrables combattants, armés jusqu’aux dents et manquent de justesse de vous prendre pour cible, vous comprenez que la guerre ne consiste pas à rassembler de milliers de jeunes dans les rues d’Abidjan au moyen de la télévision publique, à se faire applaudir pour ensuite rançonner le président de la République en récompense de son «patriotisme».

Quand, vous arrivez enfin au CHU de Cocody et que le seul gynécologue bloqué dans cet hôpital depuis 10 jours sans nouvelles de sa famille vous prévient d’avance qu’il ne pourra rien faire pour sauver votre épouse si l’accouchement devait nécessiter une césarienne – embargo sur les médicaments et défaut de matériel stérilisé obligent –, que vous vous retrouvez avec une ordonnance mais sans pharmacie ouverte dans tout le quartier des II Plateaux pendant que l’armée française évacue ses ressortissants, vous comprenez que l’on est pas passé loin de la catastrophe rwandaise et vous vous rendez compte que le professeur KOULIBALY avait totalement raison d’appeler à la fin à la belligérance, en aménageant intelligemment une porte de sortie de l’impasse à Alassane OUATTARA.

Quand de l’hôpital vous observez pendant les heures de couvre-feu les hélicoptères de l’armée française et de l’ONUCI larguant une quantité incroyable de bombes sur la résidence du chef de l’Etat, et que dans le même temps le corps de Parfait GOHOUROU, l’aimable porte-parole de l’armée ivoirienne abattu par un sniper, est stocké dans l’ambulance sans possibilité d’être casé dans la morgue par manque de place ; quand le spleen, la peur et les suspicions réciproques sont davantage amplifiés dans la population civile après la capture humiliante du couple présidentiel, aggravés par l’impasse du bouclier constitutionnel sur lequel butaient Ouattara et ses parrains même après la capture de Laurent GBAGBO, vous souhaitez qu’un homme courageux comme Mamadou KOULIBALY vienne mettre fin à ce calvaire provoqué par la classe politique, et non par les populations victimes.

Le Président KOULIBALY aurait pu choisir de rester paisiblement au Ghana et laisser cette patate chaude aux mains de Ouattara, au risque de voir le conflit postélectoral dégénérer en un Rwanda bis. Certains barons du FPI font aujourd’hui comme si, après la capture de Laurent GBAGBO, ils ne s’étaient pas terrés chez eux ou n’avait pas pris la poudre d’escampette, craignant la flambée de vengeance des pro Ouattara, mal contenue dix ans durant. Il faut savoir gré au professeur KOULIBALY d’avoir choisi de revenir en Côte d’Ivoire pour lutter pour le retour à l’état de droit. Certes, la trop grande modestie et l’humilité légendaire du Président KOULIBALY ne lui permettent souvent pas de raconter ses actes. Il appartient alors au peuple bénéficiaire de ces actes altruistes de le reconnaître.

Fort heureusement, l’arrivée in extrémis du Président KOULIBALY, en sa qualité de Président de l’Assemblée Nationale , sa rencontre avec le président Ouattara suivie de l’historique conférence de presse depuis l’hôtel du Golf, a permis d’éviter le pire. De cette conférence de presse, les annales de l’histoire ivoirienne retiendront deux faits majeurs ayant contribué à faire baisser une tension explosive:

– KOULIBALY a attiré l’attention de Ouattara et l’a mis en garde contre les exactions sauvages et inqualifiables qui s’abattaient sur les militants FPI, les supposés proches de Gbagbo et surtout sur les Bété, ethnie du Président GBAGBO. En réponse, Ouattara qui dit aujourd’hui ignorer cet état de fait avait promis y mettre fin si ces informations s’avéraient confirmées. Premier ouf de soulagement dans le camp LMP en particulier, et dans la population civile en général. Suite à cette déclaration fracassante et médiatique du Président KOULIBALY, les ONG ont commencé pour la première fois à dénoncer les exactions qui avaient pourtant lieu sous leurs yeux.

– Mamadou KOULIBALY, en sauveur, a entrepris de faire sortir les militants FPI, LMP et CNRD, rassurés par sa présence et sa personnalité, de leur torpeur. Grâce à l’intense lobbying du désormais président de LIDER auprès des tenants du pouvoir notamment HAMED BAKAYOKO et l’ONUCI, l’étau s’est desserré petit à petit autour des prisonniers de la PERGOLA permettant à certains pensionnaires comme Marie-Odette LOHOURIGNON, DANON DJEDJE et autres de recouvrer la liberté comme si de rien n’était. Mais à peine libérée, ne voilà-t-il pas que la députée LOHOURIGNON donne de la voix et crie haro sur son sauveur KOULIBALY ? Ingratitude, quand tu nous tiens. Mais cela n’est pas nouveau au FPI.

Le Président KOULIBALY sait prendre ses responsabilités chaque fois que l’histoire du pays menace de chavirer dangereusement. Souvenons-nous de la porte claquée avec fracas à Marcoussis, du coup d’Etat préparé en 2004 par le général Poncet et qui a avorté in extrémis grâce à la témérité et au franc-parler de KOULIBALY. Reconnaissons qu’il a évité le pourrissement de la situation après l’arrestation de Laurent GBAGBO.

A l’opposée, les bénéficiaires des largesses du président Gbagbo, comme s’ils s’étaient passés un code secret à notre insu, presque tous sans exception ont vite franchi la frontière du Ghana laissant sans regret derrière eux la majorité des Ivoiriens sans moyens financiers, oubliant très rapidement même leur promesse de servir de marchepied aux chars de l’armée française avant d’atteindre Laurent GBAGBO. Cela nous rappelle une affirmation prémonitoire du chef de guerre WATTAO aux portes d’Abidjan. “Blé GOUDE et les jeunes patriotes bavardent seulement. Ils fuiront tous lorsque l’assaut sera donné sur Abidjan et le palais présidentiel. Je vous promets qu’ils abandonneront Laurent GBAGBO”. WATTAO, ami de Charles Blé GOUDE, était certainement dans le secret des dieux et savait la traitrise qui s’organisait autour du Président GBAGBO. Est-il dès lors surprenant d’apprendre que ce serait le chef de guerre Wattao lui-même qui aurait aménagé une porte de sortie à son ami Blé GOUDE ?

De grâce, Monsieur Kouakou, que les fuyards de votre espèce collent la paix à Mamadou KOULIBALY, dont la lutte méthodique et rationnelle sauvera demain Laurent GBAGBO et ma maman Simone GBAGBO de la prison et de la déchéance à vie.

Que ceux qui ont des oreilles entendent et que ceux qui ont des yeux les ouvrent enfin pour se joindre au combat pacifique et méthodique du Président de LIDER. C’est ce qui réconciliera et sauvera la Côte d’Ivoire.

Dr. Norton D KOUAME
Politologue
Abidjan

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