Analyse et humeur: Le cas Aké N’Gbo

Le sectarisme primaire ne figure pas sur la liste de nos défauts. Nous sommes généralement pour les idéaux qui, dans bien des cas, se confondent avec ceux qui les portent. Le marigot politique ivoirien nous enseigne Laurent Gbagbo comme un exemple typique. Mais une fois n’est pas coutume, parmi la quinzaine de ses proches inculpés par la justice ivoirienne, allons-y à la rencontre du Pr. Aké N’Gbo. L’homme Aké N’Gbo, bien sûr. Nos chemins se sont rencontrés l’année dernière dans le cadre du pré-colloque sur le cinquantenaire de la Côte d’Ivoire, à San-Pedro, où était au menu, les questions économiques. Lui, président du comité scientifique, moi reporter pour le compte de mon journal. A l’ouverture comme à la clôture, il a prononcé un discours. Concis. Précis. Dense. Digne d’un professeur d’Université. Quelques semaines plus tard, comme tous les Ivoiriens, nous avons appris
qu’il a été porté à la tête de la prestigieuse Université de Cocody par ses pairs. On dit de lui qu’il possède une bassine de diplômes et est rigoureux dans ce qu’il fait. Et ce n’est pas faux. Ses quatre mois à la tête du gouvernement ivoirien- n’en déplaise aux esprits chagrins- ont montré un Premier ministre certes effacé, mais efficace dans la conduite des affaires gouvernementales. Etouffé par des mesures impopulaires telles que la fermeture des banques, la non desserte des ports d’Abidjan et San Pedro par la les navires de l’Union européenne, la rupture de fait des relations bilatérales et multilatérales avec des bailleurs fonds, etc, le gouvernement qu’il dirigeait a prouvé à la face du monde que la Côte d’Ivoire dispose de ressources humaines capables de relever les grands défis. Lepays tournait au ralenti. C’est une évidence. Mais il tournait sûrement vers la liberté tout court.

Gilbert Aké N’Gbo mérite l’hommage de la Nation. Si sa place n’est pas aux côtés des bénéficiaires de la guerre de recolonisation, elle ne saurait être dans une geôle. Les filles et fils de ce pays ont encore besoin de s’abreuver à la source de son riche potentiel intellectuel. On me dira qu’il est coupable de faits délictueux. Pour avoir accepté d’être Premier ministre ? Cet Universitaire accompli n’a jamais été demandeur d’un quelconque poste. «Chers Ivoiriens, le pays vous appelle…», Enseigne l’hymne national. Si nous devons être coupables pour avoir répondu à l’appel de notre patrie, autant désespérer de nos gouvernants. Lorsque des auteurs de crimes économiques et même de sang hument l’air frais de la liberté, on fait injure à l’intelligence humaine en conduisant cette éminence grise en prison. La justice doit être équitable. Elle doit obéir à la stricte observance de l’habeas corpus. Ce qui se passe risque d’inscrire durablement la Côte d’Ivoire dans le registre des Républiques bananières. Il est encore temps d’arrêter le compte à rebours vers l’abîme.

zanbi05641405@yahoo.fr
Le Temps

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