Lettre aux candidats Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara

Reporters sans frontières
Jean-François Julliard Secrétaire général

Le 17 novembre 2010, à trois jours du lancement de la campagne officielle pour le second tour de l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, Reporters sans frontières a adressé un courrier aux deux candidats finalistes, le président sortant et candidat de la majorité présidentielle (LMP), Laurent Gbagbo, et le candidat du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), Alassane Ouattara.

L’organisation leur demande de veiller à ce que la presse qui les soutient respecte les règles d’éthique et de déontologie et ne se rende pas coupable d’insultes, de dénonciations calomnieuses, voire d’appels à la haine. Elle leur demande également de prendre des engagements pour, s’ils sont élus à la présidence, garantir la liberté de la presse et le pluralisme de l’information, notamment en libéralisant l’audiovisuel.

Voici le texte intégral de la lettre :

Reporters sans frontières, organisation internationale de défense de la liberté de la presse, souhaite attirer votre attention sur le rôle de la presse privée pendant les jours à venir et sur les réformes qui devraient occuper le futur chef de l’Etat dans le secteur des médias.

La campagne pour le second tour de l’élection présidentielle risque de donner lieu à de vifs échanges, dans la presse écrite privée notamment. Comme je l’ai rappelé lors de mon séjour dans la capitale ivoirienne la semaine passée, il est normal que certains titres soutiennent un candidat, mais ceci doit se faire dans le respect des règles d’éthique et de déontologie et sans dénigrement systématique de son adversaire.

Si nous en appelons en premier lieu à la responsabilité des directeurs de publication pour prévenir tout dérapage, nous attirons également l’attention du responsable politique que vous êtes sur le rôle positif que vous pouvez jouer en apaisant les esprits. Aussi, nous vous demandons de vous poser en garant d’une presse libre mais aussi respectueuse de la diversité des opinions.

En effectuant plusieurs missions en Côte d’Ivoire, en consacrant différents rapports à la presse ivoirienne, et en procédant actuellement au monitoring des médias pendant la période électorale, Reporters sans frontières a prouvé, depuis des années, sa volonté de suivre et d’accompagner la presse de votre pays. Notre organisation formule ici le souhait de poursuivre ce travail après l’élection, notamment avec celui qui sera sorti vainqueur du scrutin.

Le futur chef de l’Etat devra être le garant d’un respect scrupuleux de la liberté de la presse. Il devra également promouvoir le pluralisme de l’information en favorisant la libéralisation de l’audiovisuel, notamment de la télévision. Une fois cette libéralisation adoptée, l’attribution des chaînes et des fréquences devra alors se faire à des tarifs qui permettent aux radios et aux télévisions les plus modestes, de type communautaire par exemple, de voir le jour.

Pour l’ensemble des réformes qui pourront être mises en œuvre dans le secteur de la presse, notre organisation restera à l’entière disposition des futures autorités pour une ample coopération technique.

Je vous prie d’agréer l’expression de ma très haute considération.

Jean-François Julliard Secrétaire général

Photo : copyright T. GOUEGNON / REUTERS
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