La Côte-d’Ivoire et Alassane Ouattara dans la paix introuvable

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La paix en ce moment précis demeure une grande interrogation pour la Côte-d’Ivoire actuelle tant apparaissent précaires les conditions de son maintien, de sa sauvegarde et de sa promotion. Cette précarité résulte de la lourde hypothèque que font peser la course au pouvoir, la dégradation des rapports interpersonnels entre ivoiriens, l’insécurité des ivoiriens dans un pays où le président à installé de fait, népotisme et un tribalisme d’Etat en lieu et place de la compétence. Le chômage des jeunes, la pauvreté des masses, la corruption et les caches d’armes disséminées un peu partout dans le pays.
La primauté du groupe ethnique et religieux du président de la république sur les institutions de l’état. Les animosités visibles entre le chef de l’état et ses partisans d’hier, La crise de confiance entre le chef de l’état et ceux qui ne sont pas de son groupe ethnique.
L’échec de la réconciliation nationale qui a mis à mal l’unité et la cohésion du pays ainsi que le désordre économique, social, financier et la crise des valeurs qui fondent la société ivoirienne. C’est ce constat qui rend la paix difficilement atteignable en Côte d’Ivoire. Quant au pouvoir d’Etat, il est capturé comme une proie par Dramane Ouattara, et son clan dans une situation fantasmagorique ou le PDCI-RDA, sert de marche pied dans une figuration ou il est le porteur de canne du chef.

II – Les conditions de la paix en Cote d’Ivoire

La recherche et le maintien de la paix au pays des éléphants relèvent de la responsabilité des ivoiriens eux-mêmes et du gouvernement de la Côte-d’Ivoire. Elle suppose la réalisation de certains préalables :
– L’élimination des préjugés d’ordre ethnique, religieux, social, économique, culturel
– La reconnaissance de l’égalité et de la dignité de tous les ivoiriens
– La valorisation de l’héritage culturel humaniste de toutes les régions de la Côte-d’ivoire.
– L’élimination de la peur, de la méfiance et de la haine entre ivoiriens
– Le renforcement de toutes les actions en faveur de l’égalité, de la tolérance, de la solidarité et de la paix entre ivoiriens
– Le recours au dialogue comme seule voie pacifique, juste et efficace pour la construction d’une paix véritable. juste et durable en Côte-d’Ivoire.
Il ne sert à rien du tout d’avoir une journée de la paix dans un pays divisé où les uns cultivent l’amertume et la revanche devant des dirigeants politiques hautains et méprisants célébrant leur réussite dans un quotidien de nouveaux riches devant les prisons bondées de gens qui ont eu le malheur d’être des ivoiriens du mauvais groupe ethnique.

III – Le Mal ivoirien

Le mal ivoirien vient du fait que l’alternance politique pacifique n’a jamais été possible au pays des éléphants. De nombreux ivoiriens sont convaincus que les souffrances actuelles ont été provoquées et entretenues dans le cadre d’un vaste complot contre leur pays. Que la guerre et la rébellion furent planifiées par ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui. Que La démocratie armée est le résultat de ce qu’ils vivent aujourd’hui.
Ils trouvent dans leur grande majorité que leurs difficultés quotidiennes n’intéressent pas le gouvernement issue du complot émanant du raccourcie de la rébellion.
– Famine, pauvreté, maladies, chute des prix des produits agricoles d’exportation, pillage systématique des ressources nationales.
– Endettement pharaonique au nom d’une croissance fictive qui ne profite pas aux populations ivoiriennes.
– Corruption généralisée, un appareil judiciaire immoral et criminogène
– Violation massive des droits de l’homme avec des prisons bondées jusqu’au toit de gens dont le malheur est d’avoir soutenu Laurent Gbagbo.
– Un système éducatif impotent qui absorbe de l’argent sans donner un horizon à notre jeunesse.
– L’insécurité est devenue un cauchemar pour les Ivoiriens sans que le gouvernement ne puisse apporter une réponse qui rassure les Ivoiriens. Coupeurs de routes, et microbes capables de vous trancher la gorge pour un simple téléphone portable.

– Que devient l’Etat quand il est incapable d’utiliser sa force pour protéger le citoyen ? Quel avenir y a-t-il pour le citoyen dans un pays ou l’amertume gagne du terrain au quotidien poussant l’état à la méfiance au point d’utiliser la prison et le meurtre comme réponse aux questions de société.

– C’est donc le souci de se construire un avenir ailleurs qui a provoqué la fuite des cerveaux. De nombreux professeurs, ingénieurs, médecins et même des jeunes gens sans métier ont fuit la Côte-d’Ivoire pour tenter de se reconstruire ailleurs. Ne parlons même pas de la saleté dans une ville comme Abidjan. Des ordures partout, on a l’impression que la propreté ne fait pas partie des préoccupations des mairies.

IV – La remorque derrière la France comme paravent

L’une des graves conséquences de la coopération avec la France, est la soumission à plat ventre de nos dirigeants politiques à la France. Nous ne sommes pas des anti-français, nos pays africains ont le droit de diversifier leur économie ainsi que leurs partenaires financiers et industriels. C’est l’une des bases de la mondialisation et de la réalité marchande qui régie le commerce international.
Pourquoi être chaque jour accroché à la France comme des ventouses ? On cherche des autobus, on va en France, pour une aiguille ou une allumette on va en France. Ce qui est choquant pour les ivoiriens c’est la nature même de cette dépendance qui a complètement vidé le pays de toute dignité nationale au sommet de l’Etat. Le citoyen a le sentiment que l’intérêt national est bradé au profit de la France dont l’armée sur place protège le régime ivoirien pour mieux piller les ressources du pays.
L’alignement constant des pays africains de l’espace francophone sur les positions françaises à l’ONU est la preuve que nos pays africains sont fagotés par la France. C’est l’une des raisons de notre retard et de l’humiliation dans laquelle vivent nos pays africains de l’espace francophone depuis les indépendances. Le fait même que ces pays, la Côte d’ivoire en tête, défendent le franc CFA, tel qu’il est sans même exiger une modification de sa gestion à leur profit est pénible à accepter pour les nouvelles générations.
Devant les opinions africaines dégouttées par la gestion du franc CFA, pourquoi aucun chef d’Etat africain n’à exigé jusqu’à ce jour un audit comptable d’un cabinet indépendant du compte d’opération du franc CFA auprès de la banque de France ? Si cet audit est mené, les opinions africaines verront la véracité de ce qu’affirment les défenseurs du CFA, qui selon eux est une bonne monnaie qui profite à l’Afrique.

V – La justice partiale et parcellaire

Des exemples d’injustices d’état existent dans le monde, la France et ses lois antijuives sous le régime collaborationniste de Vichy, la justice partiale qui ne condamne que les autres nous l’avons vu contre les partisans de Lumumba dans le Zaïre de Mobutu, obligeant des citoyens à vivre la tête basse pour avoir cru aux idées du leader du mouvement national congolais. Habyarimana avait divisé le Rwanda en Hutu et Tutsi, allant jusqu’à refuser le retour des réfugiés Tutsis des pays voisins. Observez vous-même le sort que l’histoire à réservé à ces deux énergumènes. Voilà le chemin qu’emprunte Dramane Ouattara aujourd’hui,

Le régime ivoirien a utilisé la justice pour régler des comptes personnels avec les pros Gbagbo. Nous avons beaucoup à leur reprocher, mais aucun homme ne mérite d’être incarcéré pendant des années en prison pour ses opinions. Certains ont fait plusieurs années de prison sans être présentés à un juge. Tout cela est indigne de l’état de droit promis par Alassane Ouattara aux ivoiriens pendant sa conquête du pouvoir.

Les conflits fonciers se sont multipliés dans le pays tournant souvent à des affrontements mortels sans que la justice ne tranche véritablement en faveur des ayants droit. La destruction d’une école en pleine année scolaire au motif qu’un libanais avait acheté le terrain du dit établissement est une situation impensable nul part ailleurs en Afrique.

Curieuse justice ivoirienne qui ne condamne que les pros Gbagbo en assurant la tranquillité, la promotion et la liberté aux com-zones, dont les mains sont tachées du sang des ivoiriens. En ce qui concerne le rattrapage ethnique, il a complètement vicié les rapports sociaux entre ivoiriens au point ou certains se disent qu’il est inutile de se présenter à un concours administratif. Car ils savent à l’avance que n’étant pas originaire du nord, ils n’auront aucune chance de réussite. La situation des réfugiés ne préoccupe même pas l’état très heureux de ne plus avoir affaire à eux.

La situation est tellement délétère qu’un instituteur, une infirmière, une sage femme, un policier ou un professeur d’un autre groupe ethnique affecté à Odienné, Korhogo, Tengréla, Ferké ou Bundiali, refuse d’y aller car il n’a aucune confiance aux gens de cette région où il risque l’égorgement à la moindre altercation avec l’un des leurs. Voilà le pays étrange dans lequel vivent les ivoiriens dans une atmosphère d’insécurité, de peur, de honte, d’angoisse et avec en bonus l’incertitude comme compagnon de leur quotidien.

VI –  Le parti unifié des Houphouetistes

Que ceux qui se réclament du père de l’indépendance se fondent dans un groupement politique commun dans le but de construire une Côte d’ivoire forte économiquement et juste envers tous ses enfants dans un climat de paix, de dignité et de sécurité pour tous est une bonne chose à saluer des deux mains.

La difficulté est cependant devant nous car le RDR dit déjà qu’il est le plus grand parti en Côte d’Ivoire et que dans un tel projet c’est à lui d’absorber le PDCI-RDA qui a conduit le pays à l’indépendance. Les expériences d’union de cette nature n’ont pas fonctionné dans le passé et cela nous amène à douter de la sincérité d’un tel projet sans oublier les petits calculs politiciens qui l’accompagne.

Un parti unifié sur les bases d’une unité nationale qui n’existe pas est un danger pour la vie politique ivoirienne. Le PDCI-RDA fut aussi à la veille de la loi cadre en 1956, le fruit d’une fusion librement consentie de six partis politiques. Le but était d’aller à l’indépendance la main dans la main, dans l’unité pour affronter la construction nationale dans l’union et la fraternité pour éviter à La Côte d’ivoire des affrontements sanglants qui seront des handicapes qui retarderont le progrès du pays.

Toute ces bonnes intentions furent balayés par les ambitions personnelles, le culte de la personnalité et le parti unique ne fut finalement que l’instrument du règne personnel d’un homme et de ses courtisans.  Les leaders des mouvements politiques qui avaient rejoint le PDCI-RDA dans la confiance, avaient tous connu la prison à Yamoussoukro.

Adrien Dignan Bally, du mouvement socialiste Africain, Ettienne Djaument du Bloc démocratique éburnéen, Kouamé Binzème, du parti progressiste de Côte d’Ivoire, Kacou Aoulou de l’union des indépendants de Côte d’Ivoire et son ami Sékou Sanogo de l’entente des indépendants de Côte d’Ivoire. Faut-il le rappeler si cela ne suffit pas que de nombreux cadres du FPI et du RDR avaient aussi goutté à la prison sous le régime du PDCI-RDA.

Alors la question est de quelle union parle t-on aujourd’hui ? Est ce un parti pour rassembler et refonder l’unité de ce pays qui a volé en éclat après la crise postélectorale ou bien on reprend les mêmes et on recommence ce qui fut néfaste hier ? Allons-nous vers une caisse de résonnance, un club d’applaudisseurs totalement au service et à la dévotion d’un homme omnipotent ayant droit de vie et de mort sur les autres ivoiriens ? Telles sont les craintes que nous exprimons ici à haute voix vers ce pays qui à coup de bombes, de sang, de larmes et d’amertumes s’est largement éloigné de la paix.

VII  –  Postulat de conclusion générale

La paix est inatteignable en Côte d’ivoire, certains disent mais tout va bien l’état fonctionne.  Les investisseurs sont revenus, Bouygues et Bolloré sont là. Oui le Mali, la Catalogne, le Pakistan, le Nigeria le Soudan et le Liban sont des pays ou des régions qui fonctionnent, l’absence de guerre ne signifie pas que ces pays sont en paix. Les enlèvements, les attentas, les braquages et le manque total de sécurité ne signifient pas qu’on est en paix.

L’une des graves erreurs des gouvernements ivoiriens hier comme aujourd’hui,  a toujours été d’identifier leurs concitoyens critiques de la gouvernance nationale comme leurs ennemis au lieu d’y voir la remise en cause capable de corriger les dérapages nuisibles à l’harmonie de la société ivoirienne et à la dignité nécessaire à la vie commune.

Voilà comment la nature des hommes peut conduire à de graves erreurs d’appréciation poussant un gouvernement à tuer un citoyen sans aucun motif valable. Pierre Mulélé fut tué et dépecé alors qu’il ne représentait aucun danger dans le Zaïre de Mobutu. Diallo Telli fut tué en Guinée pour rien. Assoa Adou et Hubert Oulaye, sont en prison à Abidjan pour rien. Il faut arrêter  l’escalade des morts inutiles pendant qu’il est encore temps.

En conséquence nous affirmons ici que la paix inatteignable par Mr Dramane Ouattara et son gouvernement en Côte d’Ivoire est la résultante des injustices dans les relations entre ivoiriens,

  • De la volonté de puissance du président de la république et des membres de son groupe ethnique et régional, de l’égoïsme, de la corruption, de l’insécurité entretenue par le pouvoir lui-même ainsi que du piétinement des valeurs fondamentales de liberté, d’égalité de tous devant la loi et de la justice pour tous.
  • La paix est la condition préalable à tout développement et aussi la finalité de l’action humaine. Alors seul le respect de la vie et de la dignité d’autrui dans toutes les actions de l’Etat peuvent garantir une paix juste réelle et durable en Côte d’Ivoire
  • Voilà pourquoi nous appelons ici le gouvernement ivoirien de Dramane Ouattara à créer les conditions favorables à une éducation de masse qui renforcent l’intensification morale et civique qui prépare les ivoiriens à penser et à vivre en paix les uns avec les autres.
  • À développer des rencontres entre région permettant aux uns et aux autres de se connaitre de nouer et de construire des ponts de convivialité et de fraternité sincères avant des rencontres internationales folkloriques, pompeuses et couteuses à la gloire d’un gouvernement propriétaire de prisons bondées jusqu’au toit de prisonniers politiques, comme à Rome au temps de Césare.
  • Nous nous rappelons ici les sommets de la francophonie à Kinshasa sous Mobutu, à Kigali sous Habyarimana, à Lomé sous Eyadema père, sans parler du sommet Afrique-Europe récemment à Abidjan ou du combat Ali-Forman chez Mobutu le 30 octobre 1974.
  • Tout cela n’est que babioles et pacotilles quand il manque de routes, du travail pour les jeunes, des médicaments et des hôpitaux pour se soigner, des mutineries en permanence, ainsi que des salaires impayés pendant des mois ou des années. Nous sommes ici profondément dégoutés de cet aveuglement continu et de la médiocrité de nos gouvernants qui font toujours des choix superficiels au détriment de l’essentiel et La surface au détriment du fond.

 

  • Utilisé en fin un dialogue national utile pour que les ivoiriens se parlent pour trouver des solutions aux questions interpersonnelles qui empoisonnent la vie de la nation comme projet de tous les ivoiriens.

Telles sont les observations qui découlent d’une réflexion sincère d’un homme libre qui ne fut jamais un suiveur ivoiritaire de Bédié, un refondateur à la petite semaine encore très moins un partisans du rattrapage puant de l’ethno-religieux dont ses dérives malfaisantes et néfastes sont sous nos yeux.

Comment un gouvernement qui méprise une partie de sa propre population peut-il promouvoir la paix et le vivre ensemble sur sont propre sol ? Grande interrogation. C’est vers Dramane Ouattara que résonnent les dernières paroles du président Nelson Mandela, qui nous disait hier encore : «un homme qui prive un autre homme de sa liberté, est prisonnier de la haine, de ses propres préjugés et de son étroitesse d’esprit. »

Tel est chers lecteurs, le message de début d’année venant de nous, pour vous et vers vous. Merci de votre aimable attention.

Dr Serge-Nicolas NZI

Chercheur en Communication

Lugano   (Suisse)

Mail : nicolasnzi@bluewin.ch  

Tel. 004141792465353 suisse

 

 

 

 

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