Côte-d’Ivoire CPI: Coincé, dame Silué Alice, témoin P364 révèle de faux certificats médicaux

Marcel Dezogno

Le procès conjoint Blé Goudé-Laurent Gbagbo se poursuit à la Cour pénale internationale (Cpi). L’audience de ce mardi 12 septembre 2017 a vu comparaître à la barre dame Silué Alice, témoin P364 entendue par la Cour et tous les parties au procès.

Soumise aux questions de Jennifer Naori de la Défense de Gbagbo, le témoin dit avoir été victime de tirs d’obus à Abobo quartier SOS, le 17 mars 2011. Elle déclare avoir perdu son fils lors de bombardement à 10 obus dans une mosquée. Tout comme elle ajoute avoir été blessée au cours de ces tirs d’obus et que les blessés ont été évacués à l’aide de pousse-pousse.

«Quand la mosquée a été bombardée, nous nous sommes réfugiés dans une église méthodiste», déclare la dame qui ajoute avoir été accueillie pour des soins médicaux par des médecins volontaires.
Revenant sur une déposition devant le bureau du Procureur, le témoin déclare à la barre avoir remis des fragments d’obus dans un sachet.

«Est-ce que des enquêteurs du Bureau vous ont dit qu’ils ont analysé des fragments d’obus », interroge l’Avocate. Le témoin répond par la négative. Elle ajoute pour dire que les enquêteurs ne lui ont rien fait savoir. Sur cette réponse à l’instar des précédentes où elle déclare ne rien savoir de tout ce qui s’est passé, l’Avocate Naori interroge la dame témoin sur les 10 impacts de tirs d’obus qu’elle déclare avoir reçus aux pieds.
«Est-ce qu’on vous a remis un certificat médical ou une ordonnance ? », interroge l’Avocate. «Non, je n’ai pas reçu de certificat médical, ni d’ordonnance», répond la dame, qui soutient aussi n’avoir passé qu’une seule journée dans un centre hospitalier pour des soins.

Des révélations sur de faux certificats médicaux

Dame Silué Alice, témoin du jour est vite contredite par sa propre déposition référencée Civ Otp 0059-0068 qui notifie la déclaration d’un médecin soutenant avoir mis en observation la dame. Une fois cette contradiction relevée, l’Avocate lui brandit une pièce de sa déposition référencée Civ Otp 0046-1265, relative à un certificat médical datant du 13 juillet 2011, soit quatre mois après les faits.

«Qui vous a remis ce certificat ? », interroge l’Avocate. «C’est un médecin bénévole qui passait de cour en cour qui nous a remis un certificat», révèle la dame sur l’origine de ladite pièce. Plus loin, suite à une question subsidiaire de l’Avocate, la dame change de version «Les certificats nous ont été remis à Attoban», relate la dame sous pression.

Cette irrégularité mise à nu, Me Naori lui brandit des copies de photos de présumés impacts de projectiles remises au bureau procureur. «Quand les photos ont été prises ? », interroge Me Naori Jennifer. Là encore, la dame témoin a du mal à répondre. Après quelques instants de silence, elle soutient que c’est un certain nommé Washington qui lui a remises les photos.

Ce sont sur ces contradictions dans les déclarations que la Défense de Blé Goudé prend le relais. Par la voix de maître Alexander Knoops. Il brandit à son tour des photos de présumés impacts d’obus que le témoin a remis à la Chambre du Procureur. «Est ce que les enquêteurs sont allés chez vous pour examiner les lieux où les projectiles sont tombés», interroge l’avocat. En réponse, la dame déclare n’avoir jamais vu d’enquêteurs chez elle. Sur un autre registre de sa déposition, la dame est interrogée sur les actes du Commando invisible. Elle répond à la barre que les membres du commando invisible «môgôba» opéraient à partir de Pk 18 à Abobo. Sur cette réponse, la Défense de Blé Goudé fait savoir au président de la Cour la fin de son interrogatoire.

Le juge-président Cuno Tarfusser met fin au témoignage de dame Silué Alice qui n’aura eu qu’un bref passage. Pour la suite, le juge Cuno Jakob Tarfusser, président de la Chambre de première instance 1 a annoncé le passage du témoin P636, ce mercredi 13 septembre 2017.

Letempsinfos.com

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