En insultant l’État de droit (la justice), Fillon se disqualifie pour la présidentielle

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Le candidat du Parti « Les Républicains » s’est mis dans le sillage des populistes à la Trump, Le Pen, Wilders, Kaczynski et autres Orban.

PAR BÉATRICE DELVAUX Soir.be

Ce mercredi, François Fillon en a appelé au peuple pour rendre la justice. Cela fait de lui désormais, un homme dangereux pour la démocratie. D’autant que c’est pour régler son sort personnel, que cet homme politique a insulté l’État de droit, en se plaçant au-dessus des lois et en mettant en cause l’indépendance de la justice française. Le candidat Fillon s’est disqualifié dans la course à la présidentielle : un homme qui incite le peuple à rendre la justice lui-même, ne peut être président d’une République démocratique et représenter les droits du peuple.

Le candidat du Parti « Les Républicains » s’est mis dans le sillage des populistes à la Trump, Le Pen, Wilders, Kaczynski et autres Orban. Il avait déjà fait fort en évoquant il y a quelques semaines « un coup d’état institutionnel », puis « une quasi guerre civile » pour oser ce mercredi « l’assassinat politique ». Pour sauver sa tête et ériger son innocence en axiome, celui qui avait assuré en janvier dernier que « la seule chose qui peut m’arrêter serait une mise en examen », semble se moquer de brûler les éléments fondateurs de la démocratie, pour servir sa propre cause.

Pauvre candidature, obsessionnellement et irresponsablement égoïste !

Sur ce chapitre « démocratie », essentiel pour un homme politique, la seule attitude qui le différencie désormais de la candidate d’extrême droite Marine Le Pen, est son engagement à répondre à la convocation de la justice.

Mais il relève de l’habillage, car sur le fond, François Fillon et Marine Le Pen, mis en cause pour des pratiques jugées non conformes aux lois, adoptent la même riposte : la théorie du complot, la mise en cause des magistrats et des journalistes, l’expression d’accusations graves sur le bon fonctionnement des institutions. Fillon évoque ainsi « de graves et nombreuses irrégularités » – et assimilant le travail des institutions aux forces du « hasard » ou du « calcul », mais jamais à l’application du droit que le peuple et ses représentants ont adopté.

Pire encore, l’homme qui une fois président, sera le garant suprême du respect des institutions, érige, appelle le peuple à la sédition contre ces institutions qui dysfonctionneraient. Son « Résistez » est pathétique car il manipule l’une des armes les plus nobles des peuples à son seul profit, mais il est surtout extrêmement dangereux. Comment et qui, dans un environnement dominé par les sympathies pour l’extrême droite, va réussir désormais à faire rentrer le diable populiste dans la bouteille démocratique, si Fillon à son tour s’autorise les dérives jusque-là « réservées » aux extrémistes ?

Rien ne pourra donc freiner M. Fillon, pas même les lois et la constitution, dès lors que le peuple se sera prononcé en sa faveur par une élection ? Comme l’écrivait hier le philosophe Vincent De Coorebyter dans Le Soir, cette conception politique ne relève pas de la démocratie, mais de la dictature populiste.

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