Côte-d’Ivoire: “Affoussy, c’est le visage de la rébellion qui passe difficilement au sud, surtout à Cocody” (ASK)

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Lu pour vous

Affoussy, c’est le visage de la rébellion et ce visage passe toujours difficilement au sud, et surtout à Cocody. Elle aurait dû rester à Abobo, la circonscription où elle a été élue députée, pour la première fois, en 2011. Bref. Les électeurs ivoiriens ne sont certes plus facilement malléables. Cette transhumance n’a pas plu, pas plus que la vidéo de la candidate défaite, revendiquant sa victoire.
André Silver Konan

Côte d’Ivoire, leçons de législatives

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Yasmina Ouégnin a su séduire les électeurs de Cocody

Leçons de législatives. Le scrutin du dimanche 18 décembre marque un tournant pour la Côte d’Ivoire, qui a organisé ses premières élections ouvertes (on enregistre toutefois le boycott d’une partie de l’opposition), depuis la fin de la crise postélectorale. Des surprises, des leçons à tirer et des conséquences qui devraient suivre. Décryptage.

La première leçon à tirer de ces législatives est le camouflet public reçu par le couple PDCI-RDR. Les deux grands partis de la mouvance présidentielle ont cru qu’en usant de moyens pas toujours démocratiques (choix souvent arbitraires, suspensions de cadres, sans conseil de discipline, ni procédure interne; pressions politiques et professionnelles, etc), ils contraindraient les candidats indépendants, issus de leurs rangs, à s’aligner.

Peine perdue. Sûrs de leur fait, certains ont résisté et ils ont été élus. Preuve suffisante, s’il en est, que les choix portés par le RHDP, sur certains candidats, n’étaient pas conformes à la volonté de la base. Tout simplement.

Leçons de législatives

A Cocody, la victoire sans surprise de la députée sortante Yasmina Ouégnin, sur sa rivale, la ministre Affoussy Bamba-Lamine, est l’un des plus beaux épisodes de cette campagne. Les rebondissements n’ont pas manqué. Je ferai ultérieurement une analyse prospective sur le destin de Yas, qui a su user d’impertinence et de charme, pour séduire un électorat souvent réticent.

Certes, la fille de Ouégnin n’aura pas le prix du courage politique de l’année, remporté par un jeune venu de Daoukro, le désormais honorable Olivier Akoto (à lire demain sur ce blog), mais sa victoire est en fait un rejet de la rébellion, au sud du pays.

Affoussy, c’est le visage de la rébellion et ce visage passe toujours difficilement au sud, et surtout à Cocody. Elle aurait dû rester à Abobo, la circonscription où elle a été élue députée, pour la première fois, en 2011. Bref. Les électeurs ivoiriens ne sont certes plus facilement malléables. Cette transhumance n’a pas plu, pas plus que la vidéo de la candidate défaite, revendiquant sa victoire.

La percée de l’UDPCI

L’une des grandes leçons de cette élection, est la petite mais non moins importante percée de l’UDPCI d’Albert Toikeusse Mabri, traditionnellement confinée dans l’Ouest montagneux, à Attécoubé, à Divo et à Dimbokro. La surprise créée à Dimbokro par Séraphin Yao Kouamé, ex-président des jeunes de l’UDPCI, relève du symbole.

Dimbokro est autant la ville natale d’Alassane Ouattara que la ville de cœur d’Henri Konan Bédié. Ironie de l’histoire. Le premier avait remercié les ministres de l’UDPCI et de l’UPCI (Gnamien Konan, qui a conservé son poste à Botro), du gouvernement, au motif non rendu public, qu’ils refusaient la discipline du groupe. Le second n’avait pas su user de son influence, pour harmoniser les positions, avant la colère présidentielle.

La victoire à Attécoubé, de Laurent Tchagba, numéro deux de l’UPDCI, doit être comprise comme un rejet par des Abidjanais, de la mesure qui a frappé l’UDPCI et l’UPCI. Les peuples aiment rendre justice à ceux qu’ils considèrent comme des victimes de puissants…

En fait, sans s’en rendre compte, le PDCI et le RDR, par leur stratégie du mépris (on va dire) des partis politiques de la mouvance présidentielle; ont battu campagne pour l’UDPCI et l’UPCI.

La défaite du ministre-président de parti

Quant au MFA d’Anaky Kobenan, pardon d’Anzoumana Moutayé, il avait trois députés dans le précédent Parlement. Il risque de n’en avoir aucun. A commencer par le ministre Moutayé, battu sur ses terres, par un jeune indépendant suppléé par un journaliste, sans grands moyens.

Ce qu’il faut en retenir ? Que nos peuples ne sont plus dupes et ne suivent plus forcément les puissances d’argent et les titres. Mais aussi qu’au MFA, dans les zones où ce parti comptait des députés, le chef reste Anaky Kobenan, pas Moutayé. Vérité implacable !

Au demeurant, avec cette élection à laquelle de nombreux groupes politiques de l’opposition ont participé, l’on se rend compte, que beaucoup de légendes circulaient sur le compte de la CEI. Des rumeurs fabriquées par de mauvais joueurs qui n’étaient pourtant pas présents, dans les bureaux de vote…

Affi l’homme seul

Affi aura-t-il assez de députés, pour former un groupe parlementaire ? Fort possible. Une chose est certaine, la victoire mitigée du FPI à ces législatives, est une suite logique du destin personnel de Pascal Affi N’Guessan. Victorieux à Bongouanou, sa circonscription natale et vaincu ailleurs dans le pays. Exactement comme à la présidentielle.

Le président du FPI reste un homme mal aimé dans son parti. Il a certes avec lui la légalité, mais Aboudrahamane Sangaré, son grand rival, a avec lui la légitimité. Il ne fait l’ombre d’aucun doute.

Les autres présidents de partis politiques qui se sont présentés à cette consultation et qui ont perdu, Ouattara Gnonzié et autres devraient, pour leur part, en tirer toutes les conséquences.

Personnellement, si j’étais ministre et que les électeurs me désavouaient à une élection locale, j’irais remettre ma démission au Premier ministre

Que dire des ministres et présidents d’institution, qui ont été battus, souvent par des inconnus ? Eux aussi devraient en tirer toutes les conséquences. Certes, je pense que la défaite d’un président d’institution (Niamien N’Goran) est plus importante que celle d’un ministre.

Mais personnellement, si j’étais ministre de plein droit et que les électeurs me désavouaient à une élection locale, j’irais remettre ma démission au Président de la République. Mais ça c’est moi. Quid des autres ? Qui vivra verra !

André Silver Konan

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